" LE MAILLON FAIBLE "

Publié le par shlomo

[Le ressentiment britannique irrédentiste envers Israël],
 C.B. Glick
Un texte d’une lucidité impitoyable. Malheureusement, une fois de plus, la prophétesse de malheur, qu’est C.B. Glick, a entièrement raison, et son avertissement, même s'il s'exprime, comme toujours, en des termes souvent excessifs, doit être entendu. Rien, en effet, ne peut justifier l’acharnement irrédentiste de l’hostilité britannique envers Israël et, à un degré moindre mais néanmoins non négligeable, envers les Juifs. Plus j’observe ce phénomène, plus je me demande s’il n’a pas son origine dans l’humiliation ressentie par la puissance mandataire, suite à l’échec de sa tentative d’imposer au futur Etat d’Israël la politique pro-arabe des Britanniques. Nul doute que l’ancienne grande puissance coloniale tient, jusqu’à aujourd’hui, "les Juifs" pour responsables de leur échec d’alors, et de celui d’aujourd’hui. (Menahem Macina)
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17 avril 2007

Jewish World Review

Texte repris du site desinfos.com

Original anglais: "The weakest link".


Adaptation française * : Sentinelle 5767

 

On peut pardonner au peuple britannique de se sentir déconcerté par le mauvais traitement que des musulmans lui ont infligé dernièrement. L’Iran classe la Grande-Bretagne dans la catégorie des Satan, avec les Etats-Unis et Israël, et a avidement pris en otages ses militaires et humilié le gouvernement et l’Amirauté de sa Majesté. Mais malgré toutes les rodomontades anti-britanniques de l’Iran, le fond de l’affaire est que la Grande-Bretagne est le plus efficace défenseur des Mollahs ».

En travaillant avec la France et l’Allemagne à négocier, de façon maladroite, avec les ayatollahs, à propos de leur programme d’armes nucléaires, les Britanniques ont été plus responsables que quiconque d’avoir offert aux mollahs trois ans pour travailler librement au développement de leurs armes nucléaires. Si les Français et les Allemands avaient eu affaire aux Iraniens sans les Britanniques à leurs côtés, l’administration Bush aurait condamné les pourparlers pour ce qu’ils étaient, à savoir : une tactique destinée à gagner du temps, et ils auraient oeuvré à concevoir une stratégie politique cohérente et efficace pour empêcher l’Iran d’acquérir des bombes nucléaires.

Quand l’été dernier, il devint impossible d’ignorer que les papotages européens avaient échoué, ce fut à nouveau la Grande-Bretagne qui freina Washington, en convainquant le Président George W. Bush de déléguer au Conseil de Sécurité de l’ONU la tâche de traiter avec l’Iran de son programme nucléaire. Sans la pression de la Grande-Bretagne en faveur de la médiation de l’ONU, il est difficile d’imaginer Bush donnant son accord pour faire dépendre la sécurité nationale des Etats-Unis à un organisme plus ou moins dédié à diaboliser, isoler et dépecer l’Amérique.

L’ignominie que la Grande-Bretagne a endurée de la part de l’Iran est survenue une semaine après que le journaliste de la BBC à Gaza, Alan Johnston, ait été enlevé par des terroristes palestiniens. Après un mois de silence, dimanche, ses ravisseurs ont annoncé qu’ils avaient exécuté Johnston.

Lundi matin, les ravisseurs n’avaient pas encore fourni la vidéo filmée promise de l’exécution, et donc le statut de Johnston était encore inconnu. Mais, avec ou sans sac mortuaire, les Britanniques étaient excusables de se sentir encore plus désemparés par le sort malheureux de leur journaliste, que par la prise en otages de leurs militaires dans les eaux de la côte irakienne.

Après tout, depuis les années 1920, les Arabes palestiniens n’ont pas d’amis plus fidèles que les Britanniques. Jusqu’à la Déclaration d’indépendance d’Israël il y 59 ans, les Britanniques ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher l’établissement d’un Etat juif. Ils ont même facilité l’Holocauste en empêchant les Juifs pris au piège en Europe de se réfugier en terre d’Israël.

Depuis qu’Israël a proclamé son indépendance, les Britanniques ont été les détracteurs acharnés de l’Etat juif et les champions des Arabes. Dans les années récentes, le soutien britannique aux Palestiniens contre Israël a été l’un des cris de ralliement non seulement du Foreign Office [Ministère des Affaires Etrangères, Ndt], mais également de la société britannique dans son ensemble.

En rupture aiguë tant avec la politique britannique officielle qu’avec celle de l’Union européenne, le consul général de Grande-Bretagne à Jérusalem, Richard 'Makepeace' [ironiquement, 'faiseur de paix', Ndt] a eu, le 5 avril, des pourparlers ouverts avec le commandant terroriste du Hamas et Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne, Ismail Haniyeh, pour tenter d’obtenir la libération de Johnston.

La semaine dernière, après avoir proclamé une « Journée d’action » en faveur de Johnston, le président de la BBC, Mark Thompson, a félicité Abbas et annoncé que celui-ci déclarait avoir une « preuve crédible que Johnston était en sécurité et en bonne condition ».

Le pauvre Johnston faisait preuve d’un tel parti pris en faveur des Palestiniens qu’on peut lui pardonner de s’être cru à l’abri de la terreur palestinienne. Comme l’a dit le chef du bureau Moyen-Orient de la BBC, Simon Wilson : « A Gaza, Johnston est avant tout considéré comme un journaliste, et ensuite comme un journaliste étranger ». Pour le syndicat des journalistes palestiniens, Johnston est « bien connu pour ses opinions favorables aux Palestiniens ».

Bien entendu, il n’y a rien d’extraordinaire dans les positions anti-israéliennes de Johnston. Le jour précédant son exécution, ses collègues de Grande-Bretagne se sont surpassés pour prouver leur hostilité envers Israël. Par un vote de 65 contre 55, vendredi dernier [13 avril], le Syndicat National des Journalistes Britanniques a voté le boycott des marchandises israéliennes.

Il sera intéressant de voir comment ils mettent en œuvre leur boycott tout en travaillant comme journalistes. Du fait que des ingénieurs israéliens ont développé leurs téléphones cellulaires, les puces Pentium de leurs ordinateurs, leurs messagerie vocale, et leur logiciel de messagerie instantanée, boycotter Israël impliquera qu’ils se privent de leur capacité d’amasser rapidement leur propagande anti-israélienne, de la vomir sur leurs ordinateurs, et de l’envoyer à leur Rédaction persifleuse d’Israël.

Mais alors, même s’ils parviennent à trouver le moyen de travailler sans technologie, on peut encore s’interroger sur leur décision. Après tout, leurs collègues palestiniens ne semblent pas tellement préoccupés par les Israéliens, ces temps-ci. Ils doivent faire face à de vrais tyrans.

En réponse à la disparition de Johnston, et pour protester contre le manque total de liberté de la presse au sein de l’Autorité Palestinienne, ce n’est pas Israël que le syndicat des journalistes palestiniens a appelé à boycotter, mais l’Autorité Palestinienne.

La triste vérité est que les journalistes britanniques sont loin d’être les pires 'dénigreurs' d’Israël en Grande-Bretagne. L’antisémitisme est progressivement devenu la caractéristique marquante de la société britannique.

Il y a d’abord les Organisations Non Gouvernementales [ONG]. La semaine dernière, Oxfam, l’une des plus grandes organisations britanniques de bienfaisance, a sévèrement réprimandé Blair, affirmant que tant  sa décision de participer à la campagne menée par les Etats-Unis en Irak, que son refus de soutenir le Hezbollah contre Israël au cours de la guerre de l’été dernier, ont porté atteinte à l’influence internationale de la Grande-Bretagne. Oxfam appelle la Grande-Bretagne et l’Union européenne à reprendre le transfert de fonds à l’Autorité Palestinienne contrôlée par le Hamas.

Pourtant, Oxfam, qui affirme « soutenir le droit à l’existence d’Israël à côté d’un Etat palestinien viable et indépendant », peut être prise, par erreur, pour un groupe de défense d’Israël, comparé à ceux qui se sont donné pour tâche d’éduquer les étudiants britanniques. L’an passé, l’Association Nationale des Enseignants de l’Education Secondaire et Supérieure [en anglais, NATFHE, Ndt], le plus grand syndicat des universités et établissements d’enseignement secondaire de Grande-Bretagne, et l’Association des Enseignants d’Université [en anglais, AUT, Ndt], se sont mises d’accord pour instaurer un « boycott silencieux » des universités, des étudiants et des professeurs israéliens.

La NAFTHE a pressé ses membres d’envisager « le bien-fondé d’un boycott des Israéliens qui ne se dissocient pas d’Israël ». L’organisation a également fustigé les médias et le gouvernement britanniques pour leur réaction à la victoire du Hamas aux élections palestiniennes de janvier 2006. La NAFTHE a décrié le « reportage hystérique du résultat de l’élection par la plupart des médias d’information britanniques, et le parti pris outrancier dont ont fait preuve les déclarations du gouvernement britannique contre le résultat d’un processus démocratique ».

La Grande-Bretagne se situe aujourd’hui au confluent d’un mélange délétère d’antisémitisme et d’indifférence. Un exemple de la volonté des enseignants de renoncer à leurs devoirs professionnels est la tentative de se concilier leurs étudiants musulmans. Plutôt que de faire face à l’antisémitisme rabique des musulmans et à la négation de l’Holocauste, leurs enseignants ont choisi de cesser d’enseigner le génocide des Juifs d’Europe.

Selon une étude qui vient d’être publiée par l’Institut Roth de l’Université de Tel Aviv pour l’Etude de l’Antisémitisme Contemporain et du Racisme, un autre résultat de ce mélange a été une augmentation élevée de la violence antijuive en Grande-Bretagne.

En août dernier, au cours de l’une des 136 « attaques violentes majeures » de l’année écoulée contre des Juifs, en Grande-Bretagne, Jasmine Kranat a été brutalement frappée par une bande de musulmans, alors qu’elle prenait un bus londonien. Les agresseurs ont refusé de la croire quand elle a nié être juive. Ils l’ont battue jusqu’au coma, puis ont continué de sauter sur sa poitrine et sa tête, lui brisant l’orbite de l’œil.

Pas un des passagers de l’autobus, ni le conducteur ne sont venus à sa rescousse.

Il est vrai que le gouvernement Blair est critiqué par le peuple britannique en raison du fait qu’il ne leur emboîte pas le pas en considérant Israël comme la plus grande menace pour la sécurité mondiale, et les Etats-Unis comme la seconde plus grande menace pour cette sécurité. Mais le fait est que le gouvernement Blair porte la responsabilité d’avoir transformé l’administration Bush en partisan affirmé d’un Etat palestinien. Et c’est Blair qui a conduit la Maison Blanche à adopter aussi bien le plan de paix de la soi-disant "feuille de route", que le plan de paix saoudien. Si l’un de ces plans devait être mis en œuvre, Israël perdrait sa capacité de se défendre lui-même, ou de survivre en tant qu’Etat juif souverain.

En vérité, il est tout à fait compréhensible que les Britanniques se demandent pourquoi ils sont la cible de gens tels que les Iraniens et les Palestiniens, pour les intérêts desquels ils ont tant oeuvré.

Mais pour répondre à la question, ils doivent se regarder dans la glace. Dans leur campagne incessante pour la promotion des intérêts des Palestiniens et des Iraniens, qui appellent chaque jour à leur destruction, les Britanniques ont fait d’eux-mêmes les cibles les plus attractives d’une attaque.

Ils sont le maillon faible de l’alliance des soi-disant Satan. En tant que membres de l’alliance, les Britanniques sont les mieux placés pour faire pression sur les Etats-Unis et Israël. L’Iran, les Palestiniens et leurs alliés comprennent et exploitent ce fait.

Les Britanniques continueront d’être pris pour cibles aussi longtemps qu’ils se font les champions de la cause de leurs ennemis, et qu’ils réagissent aux attaques dont ils sont l’objet en redoublant leur pression sur les Etats-Unis et Israël pour qu’ils se joindre à eux pour se concilier ceux qui ont juré notre destruction collective.

Si elle le voulait, l’administration Bush pourrait tenter d’utiliser la position idéale qui est la sienne pour au moins enrayer la démence sociétale britannique. En ce qui le concerne, en dehors de prévenir la communauté juive britannique de partir avant qu’il ne soit trop tard, l’Etat juif ne peut rien faire pour influencer l’Angleterre.

 

Le changement le plus urgent qui doit intervenir dans la politique d’Israël envers la Grande-Bretagne est de cesser de la considérer comme un allié. Comme c’est le cas avec la France, il est possible pour Israël de coopérer avec la Grande-Bretagne à certains niveaux, mais il est impossible de se fier au soutien britannique à tous les niveaux. Bien qu’ils aient les mêmes ennemis et les mêmes intérêts qu’Israël, les Britanniques, aveuglés par leur intolérance, sont incapables de comprendre cette réalité fondamentale. Tant qu’ils qu’ils n’y parviendront pas, Israël doit garder ses distances, et surveiller ses arrières quand les Britanniques viennent sans qu’on les ait appelés.

 

Caroline B. Glick

 

© Jewish World Review

 

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Note du réviseur

* Une fois de plus, je rends hommage au travail de "Sentinelle", d’autant que je sais à quel point il est difficile d’être le premier traducteur. Mes corrections, effectuées sur la base de l’original anglais, ne diminuent en rien le mérite du travail effectué.

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Mis en ligne le 1er mai 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org

Publié dans INTERNATIONAL

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