EST-CE L'AGONIE DU LIBAN ?
Alors que les milieux socio-économiques exhortaient les responsables libanais à décréter un armistice de 100 jours, les Palestiniens sont venus se mêler à la fête.
Du 1er juin au 10 septembre, politiques, militaires et milices Hezbollah et affiliés étaient priés de penser d’abord au Liban afin de ne pas faire fuir le touriste estival et de préparer au mieux la prochaine campagne présidentielle.
Le drapeau libanais : de la lumière vers l'ombre
Pour l’instant, cinquante personnes, dont 23 soldats libanais, ont été tuées dans le nord du pays lors de combats entre l’armée libanaise et militants du groupe palestinien Fatah al-Islam. Ce sont les combats les plus violents depuis des années dans cette région. A l’origine des affrontements, une tentative de braquage d’une banque appartenant à la famille Hariri. Les braqueurs, membres de ce groupe, n’ont pas apprécié d’être pris en chasse par l’armée libanaise après leur forfait.
Les combats ont éclaté entre l’armée et les militants puissamment armés du « groupuscule » (comme disent les agences de presse). Fatah al-Islam, appelé aussi Fatah Intifada, serait proche d'Al-Qaïda et de la Syrie.
Pour l’instant, le calme n'est pas revenu. On craint une extension des domaines de la lutte. Et l'armée libanaise bombarde le camp de réfugiés, hors de la présence des caméras.
Bien avant la guerre que le Hezbollah a provoquée cet été, le Liban connaissait des tensions et des affrontements que parvenait souvent à juguler l’occupant syrien. Mais, au delà des affrontements claniques et religieux, ce sont les multiples agissements des Palestiniens depuis les années 80 qui ont contribué à susciter la méfiance, voire la haine des Libanais.
Nahr al-Bared, le camp d’où sont partis les combats, est le bastion du Fatah al-Islam, composé d'extrémistes palestiniens. Mais il abrite aussi d’autres ressortissants arabes qui visent à déstabiliser le pays pour y implanter un Islam triomphant.
Proche de Damas, ce groupe est issu du mouvement palestinien pro-syrien Fatah Intifada. Bien que portant le nom de Fatah, il est violemment opposé au mouvement de Mahmoud Abbas dont il renie la « tiédeur islamique ».
Le Liban compte 12 camps palestiniens. Ce mouvement extrémiste est issu du plus influent de ces camps. Ainsi, parler de lui comme d’un groupuscule témoigne d’une méconnaissance totale de la région et de ses enjeux.
Déjà, le 7 mai, de violents affrontements avaient eu lieu dans l’un de ces camps. Deux membres du Fatah avaient été tués dans des accrochages contre le mouvement islamiste palestinien Jound Al Cham dans le camp d'Aïn Héloué, le plus important des 12 camps de réfugiés au Liban, où le Fatah est prédominant.
Mais les groupes islamistes, notamment salafistes, ont renforcé leur présence ces dernières années, notamment à Aïn Héloué, et dans le camp de Nahr al-Bared, au Liban nord.
Le chef du Fatah au Liban, Sultan Aboul Aynaïn, qui connaît son histoire récente, a apporté dimanche son "soutien à l'armée libanaise", appelant à ne pas faire porter aux Palestiniens la responsabilité des actions du Fatah al-Islam :"Ces gens (le Fatah al-Islam) utilisent le camp de Nahr al-Bared pour mener des opérations à des fins de politique régionale qui ne concernent pas les Palestiniens".
Dernièrement, des tensions se sont manifestées lorsque le ministre libanais de l'Intérieur, Hassan Sabeh, a accusé le Fatah al-Islam d'un double attentat contre des autobus le 13 février au nord-est de Beyrouth. Ils avaient fait trois morts, tous chrétiens.
En 1980, Arafat avait acquis un mini-Etat au Liban sud. Avec l'appui de l'Egypte, une vaste sphère d'autonomie lui avait été attribuée par l'accord du Caire. Elle lui laissait toute liberté de combattre les Israéliens, mais interdisait la moindre interférence avec la population libanaise locale. Arafat croyait détenir une réelle puissance militaire, car l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) possédait des tanks et de l'artillerie, même si elle n'était pas véritablement entraînée.
Aux termes d'accords libano-palestiniens, les forces de l'ordre libanaises ne peuvent pas entrer à l'intérieur des camps et ne peuvent donc y faire régner aucun ordre. C’est un de ces « territoires perdus » comme il en existe beaucoup au Liban. A l'époque de ces accords, l’exemple du massacre de Damour en 1976 a été passé par pertes et profits pour tenter de faire vivre cet accord. Les Libanais ont de la mémoire.
Le Liban aurait bien voulu croire en son pluralisme. Mais celui-ci est un leurre face à des islamistes fanatisés. Il aurait certes pu parvenir à une co-existence pacifique mais l’invasion des troupes de Yasser Arafat qui ont massacré sans pitié des Libanais est venue mettre un terme à ce vieux rêve. Yasser Arafat n’a-t-il pas proclamé un jour de liesse le Liban « Terre palestinienne » ?
Nul doute que ces mêmes Libanais ont fait connaître aux différents responsables de ces Etats palestiniens dans l’Etat libanais que les mêmes causent ne produisent pas toujours les mêmes effets et que les Palestiniens pourraient ne pas semer la discorde comme ils l'ont fait il y a plus de 20 ans !
Sauf que la poudrière libanaise pourrait bien à nouveau sauter pour cause de présence islamique intempestive. Celle-ci vient de menacer d'étendre la guerilla à d'autres cibles au pays du Cèdre.
Hezbollah, Fatah, Al Islam, Jound Al Cham, la profusion de ces entités témoigne d’un éparpillement du Liban en plusieurs petites souverainetés. Les nouveaux seigneurs de la guerre sont maintenant des chefs religieux.
Comme en Afghanistan, en Algérie, en Irak et à Gaza…
La liste commence à être longue des pays ou supposés tels en train de se morceler. Les Libanais n’ont pas fini de souffrir. En ce qui concerne la FINUL 2, elle détourne les yeux. Question d'habitude !
© Primo, 20 Mai 2007.