TOUS LES POUVOIRS DE CHAVEZ

Publié le par shlomo


En octobre 2001, sur le perron de l’Elysée, Hugo Chavez déclarait son admiration pour Jacques Chirac, qu’il venait de rencontrer: "Nous suivons la même voie politique, à savoir le développement de l’homme, la démocratie, les droits de l’homme, la souveraineté des peuples, le respect de l’autodétermination des peuples”.

Plus récemment, le président vénézuelien avouait préférer Ségolène Royal : "Nous ne la connaissons pas mais femme et socialiste... notre coeur est avec elle".

Mais si Chirac n’était ni femme ni socialiste, il était quand même le chouchou de Chavez : "Le président français a été un excellent ami, je l'ai invité à venir par ici pour se reposer. Espérons qu'il nous rendra visite un jour".

C’était une époque où il avait vigoureusement condamné une certaine « agression israélienne » contre le peuple palestinien.

Le 24 décembre 2005, dans son discours de Noël, Chavez s’en était pris aux Juifs : les «maîtres du monde, descendants de ceux qui ont crucifié le Christ.» Et il avait précisé sa pensée : je «célèbre Jésus, le commandant des commandants des peuples, Jésus le justicier (...), le Christ révolutionnaire, le Christ socialiste».

«Plus que jamais, le Christ nous manque (...), mais il se trouve qu'une minorité, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ (...) s'est emparée des richesses du monde [...] et a concentré ces richesses entre quelques mains.».

C’était quelques jours avant de recevoir le Forum Social Mondial, cette manifestation de bobos qui invite souvent les islamistes les plus convaincus.

Lors d'une visite en France effectuée les 19 et 20 octobre 2005, le président vénézuélien avait donné dans l'œcuménisme : entretien avec Jacques Chirac dont il "partage la même vision internationale du monde"... Rencontre avec Jean-Pierre Chevènement, Marie-George Buffet, Alain Krivine et les membres d'ATTAC...

Mais aussi le MEDEF à qui il a livré sa lecture toute personnelle des Misérables de Victor Hugo : "Jean Valjean était un entrepreneur, mais savait que l'argent créait de l'emploi pour les plus pauvres". Cela lui valut les félicitations d’un grand patron doté d’une immense culture géopolitique et d’un sens aigu de l’anticipation qui déclara à Chavez: "Vous savez créer un climat de dialogue...". Sans doute les avoirs et les activités de ce patron dans les produits pétroliers raffinés ne sont-il pas tout à fait étrangers à cette flagorneuse admiration...

Les Vénézuéliens viennent d’avoir un autre témoignage aveuglant de la conception "chavezienne" du dialogue.

La télévision la plus ancienne du Venezuela, RCTV (Radio Caracas Television), dernière grande chaîne d'opposition du pays, a cessé d'émettre dimanche une seconde avant minuit, après 54 années d'existence.

Elle a été aussitôt remplacée par une autre, plus politiquement conforme, TVES. Avec un S pour Socialiste. Une fête populaire a rassemblé une foule pour célébrer la naissance de cette nouvelle chaîne de "télévision socialiste", financée par le gouvernement.

Dans un éditorial intitulé "Pouvoir sans limite", El Nacional, l'un des principaux quotidiens vénézuéliens, affirme que cette mesure marque "la fin du pluralisme" dans le pays.

Des manifestants anti-Chavez ont tenu éveillée, pendant la nuit de samedi à dimanche, une partie de la capitale en organisant un concert de casseroles, de klaxons et de sifflets et en sillonnant les rues en voiture ou à moto.

Dimanche soir, ils étaient à nouveau plusieurs milliers devant le siège de la Commission nationale des télécommunications.

Ce qui n’est pas une preuve d’ouverture, c’est la reconduction de la licence de Venevision, le groupe concurrent de RCTV, une chaîne beaucoup plus compréhensive à l’égard du pouvoir. La Cour suprême a ordonné à RCTV de mettre provisoirement à la disposition de TVES son infrastructure logistique.

Et la question se pose : lors de son prochain voyage en France, le président Chavez, ennemi déclaré du pluralisme dans les médias, sera-t-il à nouveau reçu en triomphateur par les membres d’ATTAC ?

Question intéressante car elle permet de situer le curseur de la démocratie: dis-moi qui tu interdis, je te dirai qui tu es!

L’extrême gauche française a toujours manifesté une certaine tendresse pour les régimes sanguinaires qui se réclamaient du socialisme. Nul doute que si Chavez reformule un petit couplet antisémite, Krivine et consorts l’acclameront les yeux fermés...

© Primo, 28 Mai 2007

Publié dans INTERNATIONAL

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