LES DERNIERS JUIFS DE BAGDAD

Publié le par shlomo

Par Arthur Max AP - Mercredi 8 août, 15h21

AMSTERDAM -

Ils ne sont plus que huit, les derniers juifs de Bagdad, survivants d'une communauté vieille de 2.700 ans, autrefois florissante.

Selon le révérend Andrew White, mobilisé pour la cause de ce petit groupe de juifs, ils seraient de plus en plus désespérés et veulent désormais quitter l'Irak pour les Pays-Bas. Mais les responsables israéliens, néerlandais et représentants de la communauté juive sont en désaccord avec la version du révérend qui prétend que ces Bagdadis veulent partir.

Le révérend White est directeur de la Fondation pour la reconstruction et la réconciliation au Proche-Orient. Vicaire de l'église anglicane Saint-George à Bagdad, il est une figure respectée dans la région, actif en Irak mais aussi dans le conflit israélo-palestinien.

Le sort récent des juifs d'Irak a été évoqué le 25 juillet dernier, le révérend White étant venu tirer la sonnette d'alarme devant la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde, agence fédérale bipartite. Dans son témoignage, il a souligné la menace croissante pesant sur les minorités de Bagdad.

"Ces trois, quatre derniers mois, les choses se sont détériorées considérablement", a-t-il déclaré, selon le compte rendu du Sénat américain. Le révérend explique donner chaque mois aux juifs de Bagdad assez d'argent pour vivre, que ces derniers partagent ensuite avec d'autres Irakiens sans ressources.

"Même s'ils ne sont qu'un tout petit groupe et qu'ils ont énormémement souffert, ils veulent encore aider ceux qui souffrent autant qu'eux", a ajouté Andrew White. "Personnellement, je pense qu'ils doivent tous partir, parce qu'ils n'ont aucun avenir, aucune sécurité, aucune moyen de survivre actuellement".

Selon le réverend, ce groupe veut partir pour les Pays-Bas mais n'y a pas été accepté. Ce que dément le porte-parole du ministre des Affaires étrangères néerlandais Rob Dekker: "Nous n'avons eu aucune requête officielle ou demande de visa".

Même étonnement du côté des représentants de la communauté juive. Michael Jankelowitz, porte-parole de l'Agence juive à Jérusalem responsable de l'immigration, confirme la version néerlandaise et précise qu'aucun juif de Bagdad n'a à sa connaissance exprimé le désir de partir.

Selon lui, "ils ont survécu à Saddam Hussein, et il n'y a aucune raison pour eux, étant donné leur âge avancé, de faire leur valise et de déménager". La moitié des juifs de Bagdad sont effectivement âgés de plus de 80 ans, les autres étant encore en âge de travailler.

Vivant dans une extrême discrétion dans la capitale, ils n'ont pu être contactés. Mais le porte-parole de l'ambassade israélienne à la Haye, Hamutal Rogel, rapporte les propos d'un membre de la communauté juive irakienne installée aux Pays-Bas, qui est lui en contact avec le groupe chaque semaine, et selon lequel ils ne comptent pas partir: "Ils ne sont pas dans la meilleure situation, mais ils n'ont pas peur. Ils ne sont pas directement en danger".

Les huit juifs de Bagdad, appartenant à quatre familles, sont les survivants de la plus ancienne communauté juive au monde, remontant au temps de Babylone, qui conquit la Palestine et en fit venir des juifs comme esclaves.

Au fil des siècles, la communauté devint florissante, faisant de Bagdad l'un des hauts-lieux de la culture et du savoir juifs au Proche-Orient. A la veille de la Première guerre mondiale, un tiers de la population de Bagdad était juive. Après la naissance d'Israël et le début des campagnes anti-juives, plus de 100.000 juifs quittèrent l'Irak pour le nouvel Etat hébreu, première vague d'immigration suivie par une autre dans les années 70, jusqu'à réduire quasiment à néant cette communauté. AP

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Publié dans DIASPORA

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