IRAN : LE GRAND ECART DE DICK CHENEY
19.08.2007
Gwynne Dyer un vieux journaliste canadien a écrit que « Poussé par Cheney, Bush pourrait attaquer l’Iran ».
| Décodages
Cette affirmation est fausse parce que Dick Cheney a été en tant que responsable d’Halliburton, l’un des principaux donnateurs d’une association qui a encore aujourd’hui pour objectif de renouer le dialogue entre Téhéran et Washington.
C’est avec des budgets accordés par Dick Cheney qu’un agent des renseignements du régime des mollahs du nom de Trita Parsi s’est transformé aux Etats-Unis en un chercheur universitaire qui recommande sans cesse le dialogue avec les « modérés » de Téhéran. C’est un journaliste iranien qui a découvert cette liaison entre les pétroliers américains et les mollahs au cours de ses enquêtes sur le réseau du lobbying iranien aux Etats-Unis.
Non seulement, les américains ne cherchnent pas à attaquer les mollahs pour les renverser mais aussi ils cherchent à retarder l’application des sanctions qui pourraient les renverser. Les Américains ont besoin d’un allié perturbateur au Moyen-Orient. Même l’annonce du classement des Pasdaran dans la liste des entités terroristes est un avertissement et non un état définitif. Dans le cadre de leur stratégie d’avertissement, les américains ont besoin d’appliquer la méthode de Good cop-Bad cop (le méchant flic contre le gentil flic).
Dans le rôle de Bad cop, Cheney est parfait et c’est avec un plaisir de cabotin que ce vieux Dick fait le grand écart et passe du financement du lobby des mollahs à des grognements anti-mollahs. Cette rumeur d’une attaque militaire contre l’Iran revient sans cesse car aussi bien les Américains que les mollahs ont besoin de communiquer sur la réalité de l’option militaire : les américains pour avertir et intimider et les mollahs pour dénoncer les mauvaises intentions des Américains. De ce fait, on ne peut savoir si ce vieux lascar de Gwynne Dyer a écrit cet article pour les mollahs ou pour les Américains.
Ce sont les sujets développés dans l’article qui dissipent les doutes : Gwynne Dyer penche du côté des mollahs. Son article est pro-mollahs mais il participe également à reparler de l’option militaire ce qui ne déplait pas à Washington (c’est sans doute un effet indésirable). Dans cet article, Dyer a fait un melting pot de tous les vieux arguments développés à Téhéran pour expliquer la capacité de riposte des mollahs à toute attaque américaine.
Melting Pot | Dyer évoque les capacités balistiques des mollahs. Selon lui, les mollahs pourraient interrompre l’approvisionnement mondial en coulant les pétroliers. Gwynne Dyer écrit pour les anglo-saxons et agit sur leurs phobies. Il faut lui rappeler que cette interruption de l’approvisionnement causée par les missiles des Pasdaran sanctionnera également la croissance de la Chine, l’un des rares partenaires économiques et diplomatiques de l’Iran. Si le monde se résumait à l’Europe ou aux Etats-Unis, cette peur de l’interruption de l’approvisionnement serait fondée mais le monde est plus vaste que le champ de vision de Gwynne Dyer : les mollahs ne peuvent pas risquer de se mettre à dos les Chinois.
Autre thème développé par Dyer : les iraniens défendront le régime des mollahs par patriotisme. Il n’y a rien de moins vrai car ce régime islamiste est profondément anti-l’identité iranienne et aucun iranien n’assimile la défense d’un régime (voué au monde arabe) à la défense de la patrie iranienne, bien au contraire, le régime des mollahs est considéré comme une entité étrangère qu’il faut chasser avec l’aide des occidentaux.
Dryer écrit : Le parti de la guerre, dont le leader est Dick Cheney, pense également que le régime religieux en Iran s’effondrerait à la première pression intense - puisque le peuple iranien éprouve le désir d’une démocratie sur le modèle américain...
Si le constat est vrai, ce n’est pas Cheney, le financier du lobby pro-mollahs, qui pourrait être aux commandes de cette libération. Mais en associant cette libération attendue par les iraniens à un homme comme Cheney, Gwynne Dyer avait l’intention de ridiculiser cette libération et d’en faire un sujet de moquerie. Les mollahs doivent nécessairement ridiculiser un tel projet afin que l’opinion occidentale ne soit jamais solidaire avec l’idée d’une libération de l’Iran ou d’un soutien aux opposants au régime.
Etrangement, sans doute l’administration Bush n’est pas mécontente de l’utilisation faite du nom de Cheney par Dyer pour ridiculiser le projet d’un renversement de régime qui ne satisfait pas ses intérêts régionaux.
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