SACRE CHAVEZ !

Publié le par shlomo

Hugo Chavez est un habitué des grandes déclarations intempestives. Cet ami du président iranien, par exemple, n’a pas de mots assez durs contre Israël et la « juiverie mondiale ». (Lire sur Primo en Janvier 2006)

On le savait bouillant. Son régime commence à prendre toutes les apparences d’une dictature protectionniste à l’excès Nationalisations tous azimuts, fermeture des médias d’opposition, mise en coupe réglée des universités contestataires, des organisations de quartier (5000 sont organisées en Comités de Tierra Urbana), surveillance du réseau national de radios libres (ANMCLA), du mouvement paysan indépendant (Frente Nacional Campesino Ezequiel Zamora), des organisations écologistes et indigènes. Ces dernières structures commencent d'ailleurs à déchanter et avouent un soutien désormais "critique" au président.

En 2006, le Venezuela était classé 115ème pays sur 168 par Reporters Sans Frontières pour sa liberté de la presse. Ce régime socialiste commence à devenir infréquentable.

Un nouveau pallier vient d’être franchi par Chavez puisqu'il veut, dans son projet de réforme constitutionnelle, supprimer la règle qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels pour la même personne. Par la même occasion, il désire faire passer la durée d'un mandat de six à sept ans. (Lire sur Primo en Mai 2007)

Son appétit de réforme est sans limites. Il veut mettre fin à l'autonomie de la banque centrale afin d’offrir au chef de l'Etat le contrôle des réserves en devises étrangères. A la tête du cinquième exportateur mondial de pétrole, Chavez cherche à créer un nouvel ordre économique et social qu'il appelle lui-même "socialisme pétrolier" (sic).

Voudrait-il rester au pouvoir, mener sa "révolution" au moins jusqu'en 2021, construire un "socialisme du 21e siècle" et ensuite conserver le pouvoir jusqu’à sa mort qu’il ne s’y prendrait pas autrement !

En 2007, Hugo Chávez a demandé et obtenu des pouvoirs spéciaux grâce à une « loi d'habilitation révolutionnaire » lui permettant de gouverner par décrets, ce qui est relativement pratique quand on ne veut pas s’encombrer des avis d’un parlement pourtant entièrement acquis à sa cause.

Corée du Nord, Libye et Cuba comme exemple

Alors que la plupart des grandes démocraties songent à limiter la durée d’un pouvoir présidentiel quand ce n’est pas déjà fait comme en Amérique du Nord, Chavez veut rejoindre le club fermé des dictateurs à vie.

Réélu en décembre dernier pour un deuxième mandat de six ans, il devait normalement quitter le pouvoir en 2013. Cette perspective ne semble pas lui convenir.

L'opposition, qui avait boycotté les dernières législatives en 2005, avait dénoncé ses projets comme "fascistes" et destinés selon elle à instaurer au Venezuela un régime "à la cubaine". Le problème est que cette opposition est elle aussi discréditée parce que composée de grands propriétaires terriens sans scrupules.

Bruits de bottes et grandes manœuvres

Enfin, il entend ajouter à l'article 11 de la Constitution que "le Président pourra décréter des régions spéciales militaires à des fins stratégiques ou de défense dans n'importe quelle partie du territoire national" et désigner des "autorités spéciales", c'est-à-dire des hommes de confiance qui supplanteraient l’autorité des gouverneurs, élus, eux, au suffrage universel.

On sait qu’un homme investi de ces pouvoirs là peut les utiliser facilement à fins d’état d’urgence au moindre signe de contestation.

De plus, et ce n’est pas la moindre des conséquences à terme, cela permettrait à Chavez, sous sa seule autorité, de décider de l’établissement d’une zone militaire qui pourrait modifier sensiblement le rapport des forces dans des espaces maritimes d’une grande importance stratégique.

Le Venezuela possède en effet 72 îles, dispersées dans la mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique, regroupées dans les Dépendances Fédérales.

D’ici qu’il refasse le coup de la Libye et décrète une extension de ses eaux territoriales, il n’y a pas loin. Les pays environnants (USA en premier lieu mais aussi d'autres pays du continent sud américain) verraient alors leur liberté de mouvements pour leurs navires quelque peu restreinte. La réaction serait immédiate et sans appel mais ce serait une belle pagaille en perspective !

Chavez doit être pris au sérieux. Les chancelleries occidentales devraient commencer à s’intéresser de près à ce personnage car il risque, si son programme est appliqué, de mettre en péril la paix d’un continent. Le Figaro du 17 Mai 2006 notait, ce qui n’est guère rassurant : "La diplomatie française confie par exemple avoir «de plus en plus de mal à suivre» Hugo Chavez".

En 2006, les conseillers diplomatiques de Chavez ont été renvoyés et aussitôt remplacés par des cadres beaucoup plus radicaux. L’un des licenciés reconnaît avec amertume : "Chavez pourrait être en train de se convertir en un Kadhafi latino-américain".

Terre de Grâce

Selon la légende, Christophe Colomb, en débarquant au Venezuela, fut tellement épris par le paysage qu'il l'appela Tierra de Gracia (Terre de Grâce), qui est devenu le surnom du pays.

Il n’est pas certain que les Vénézuéliens soient encore longtemps de cet avis.

La première moitié du 20°siècle au Venezuela fut une succession de régimes militaires sanglants. L’éphémère tentative de putsch en Avril 2002 a renforcé l’image de l’homme Chavez auprès de la population.

Reste à espérer que celle-ci n’ait pas trop à s’en plaindre dans les années à venir.

Heureusement, notre bon Chavez part en Colombie à la fin du mois d’Août pour tenter de sauver Ingrid Betancourt et des milliers d’autres otages aux mains des FARC (d’obédience marxiste-léniniste), soutenues, du moins tolérées, ce n’est un secret pour personne, par Chavez.

Le président vénézuélien pourrait bien nous refaire le coup des infirmières bulgares, histoire de parachever sa stature d’homme politique incontournable sur le continent américain.

Si Ingrid pouvait être libérée par ce moyen, ce serait une immense et logique explosion de joie mais, comme pour les infirmières, cela laisserait un goût amer dans la bouche.

C’est hélas le prix à payer dans un monde devenu fou depuis longtemps. Après tout, Chavez n'a-t-il pas reçu une haute distinction, un "Prix des Droits de l'homme" ?

C'était en 2004. Cette distinction, appelée exactement "Prix Kadhafi des Droits de l'Homme", Chavez l'a reçue des mains même du dictateur libyen, à Tripoli. Une référence en la matière !

Pierre Lefebvre © Primo, 20 Août 2007

Auteur : Pierre Lefebvre
Date d'enregistrement : 20-08-2007

Publié dans INTERNATIONAL

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article