IRAN : LE PARCOURS ET LA PRIORITE DU NOUVEAU CHEF DES PASDARANS

Publié le par shlomo


03.09.2007

Le Guide Suprême a adressé simultanément deux lettres aux deux intéressés : au Général de division Yahya Rahim-Safavi et au Général de Brigade Aziz Jaafari. Dans sa première lettre, il informait Rahim-Safavi qu’il avait exaucé son voeu de l’enlever de ses fonctions et dans la seconde lettre, il informait Aziz Jaafari qu’il était désormais Général de division et commandement en chef des Pasdaran. Aziz Jaafari a reçu sa lettre de nomination le jour de son anniversaire. Exit donc Yahya Rahim-Safavi qui est nommé conseiller militaire du commandant en chef des forces armées, c’est-à-dire Khamenei.

Le nouveau commandant des Pasdaran a cinquante ans et il avait donc rejoint les Pasdaran à l’âge de 25 ans sans aucune connaissance militaire comme Mohsen Rezaï, le premier commandant des Pasdaran. Ce manque de compétence explique la défaite qu’a subie la cinquième armée du monde pendant la guerre Iran-Irak. Dans le jargon des mollahs et des Pasdaran, cette guerre est appelée la Défense Sacrée, mais elle a surtout été une inépuisable source d’enrichissement pour ceux qui commandaient : Rezaï (au moins 660 millions de dollars), Rafsandjani (15 milliards de dollars), Jannati (au moins 220 millions de dollars), Asgar-owladi, Rafiq-douste (chauffeur de Khomeiny promu général des Pasdaran – au moins 400 millions de dollars) …

Tous les autres commandants subalternes étaient évidemment au courant des malversations des chefs et savaient que ces derniers continuaient la guerre pour toucher des commissions sur les achats d’armements. Le nouveau commandant a été choisi parmi ce groupe de complices de base qui ont perpétué la légende d’une défense sacrée pour dissimuler la corruption des chefs.

Aziz Jaafari est d’ailleurs considéré comme un protégé de Mohsen Rezaï (qui est un proche collaborateur de Rafsandjani). Il est également, le beau-frère d’un autre général des Pasdaran Bagher Zolghadr (un ex-commandant en second de cette milice mafieuse et l’actuel ministre de l’intérieur mais également n°2 du ministère des renseignements ). Zolghadr est l’un des « anciens » qui dans l’ombre encadrent le pantin Ahmadinejad.

Aziz Jaafari est né en 1957 à Yazd, le fief de Khatami, lui-même un protégé de Rafsandjani. On connaît très peu sur ses études : ce qui est certain c’est qu’il sait lire et écrire, le reste est flou. Sa biographie lui prête une inscription en fac d’architecture à l’université de Téhéran pendant l’année précédant la révolution. Il a donc été happé par la ferveur révolutionnaire et a lâché sa vocation d’architecte !

Son activité universitaire d’avant la révolution est assez floue et contradictoire : il prétend avoir fondé l’association islamique de la fac d’Archi de l’université et la bibliothèque islamique de cette Faculté ainsi que l’association d’escalade tout en manifestant dans la rue contre le Chah. Cependant, il n’existe aucune trace de ses prétendues activités universitaires. Celles-ci ont réellement démarré après la révolution au moment de l’islamisation forcée de l’université de Téhéran qui a eu lieu sous la direction de Khatami. Il a alors siégé dans la première association islamique de l’université de Téhéran et il a été actif au sein du BCU puisqu’il a participé à la prise d’otages de l’ambassade américaine comme bon nombre des soi-disant actuels réformateurs.

Par la suite en 1982, il s’est engagé dans la milice Bassidj (un des 5 composants des Pasdaran) pour partir sur le front. Sur le front, il a gravi les échelons et s’est retrouvé responsable des bases de commandement « Nadjaf » et « Qods » qui regroupaient chacune la coordination de plusieurs divisons de l’Est (Kurdistan) mais aussi du Sud (Khouzestan).

Il a également été parmi les fondateurs des divisions Achoura et Al Zahra, deux divisions spécialisées dans la répression des émeutes urbaines dont il a assuré les commandements. Pendant la guerre, ces deux divisions ont également été affectées à des opérations terroristes en Irak en collaboration avec l’armée de Badr (groupe irakien islamiste créé et financé par les mollahs qui aujourd’hui dirige la police irakienne).

Vers la fin de la guerre, Jaafari s’est retrouvé adjoint du commandement des forces terrestres et de toutes les forces engagées. Selon la légende, Il aurait été blessé plusieurs fois pendant ces « années héroïques ». Il a été impliqué dans toutes les différentes formations des milices révolutionnaires.

Après la guerre, cet amoureux de l’architecture a repris les études et après seulement 2 ans d’études, il a acquis le diplôme d’expert de haut niveau en architecture ! Ces barbus sont férus de diplômes et généralement, ils ne peuvent se contenter d’un simple diplôme et il leur faut des superlatifs.

Dans la même période, ce surdoué a étudié en accéléré toutes les années de formation à l’école militaire en seulement un an, ce qui lui a permis de commencer une carrière d’enseignant à l’école de la guerre. Durant ces 3 années d’études mixtes, notre infatigable étudiant était sous commandant des forces terrestres et responsable du QG interarmes des Pasdaran.

Dès la fin de ses brillantissimes études, il a été nommé commandant des forces terrestres des Pasdaran de 1991 à 2004 avant de céder sa place à Ahmad Kazemi (mort dans la chute suspecte de son avion). De 2004 à 2007, Jaafari a été responsable de la fondation des recherches sur la direction des Pasdaran. Selon sa biographie officielle, à ce poste, il a été chargé de la gestion des cadres ainsi que des orientations stratégiques et de la modernisation des armements. Il aurait donc acquis une connaissance globale des Pasdaran (leurs forces et leurs faiblesses).

Mais Mohammad-Ali (Aziz) Jaafari est surtout un homme polyvalent, ainsi de 2002 à 2007, il a également occupé le poste clef du commandant de la base Sar Allah de Téhéran, base indépendante des Pasdaran et connue pour son affectation à la « défense de Téhéran » en cas de soulèvement populaire. Deux divisions sont postées dans cette base : la division 10 de Seyed-ol-shohada et surtout la division 27 de Rassoul Akram. Un des hommes clefs de ce dispositif est Saïd Ghassemi, milicien ultra intégriste qui dirige les services de renseignement de la division 27. La défense de Téhéran signifie la défense des institutions basées à Téhéran et celle des palais des dirigeants du régime qui craignent des mouvements de foule.

La nomination est de caractère décisif : à la fondation des recherches sur la direction des Pasdaran, Jaafari était chargé de repenser la coordination des troupes chargées de la défense de la capitale et de la maison du Guide.

La défense de Téhéran est assurée par plusieurs forces dont les deux divisions de la base Sar Allah, mais également les bassidjis, les Ansar-e Hezbollah et les agents en civil des forces spéciales Pasdaran-Velayat (NOPO) et de 2 brigades arabes de l’armée de Badr (que Jaafari connaît bien). Leur désorganisation est légendaire. les manifestations nocturnes en 2003 et des manœuvres conjointes urbaines en 2005 entre les différentes troupes chargées de la Défense de Téhéran l’avaient prouvé. Le régime a cherché à nommer le meilleur candidat, le plus polyvalent, pour éviter une débâcle. La nomination de Jaafari reflète les priorités actuelles des dirigeants : assurer les chances de la survie du régime et réprimer tout soulèvement.

Cependant, Jaafari a un autre intérêt pour le régime : il peut contribuer à promouvoir la fausse idée qu’Ahmadinejad et les Pasdaran pourraient chercher à prendre le pouvoir par un coup d’état en faveur du Guide Suprême et contre les soi-disant modérés.

On parle notamment d’une lettre adressée à Khatami qu’il avait coécrit en 1999 avec 23 autres « généraux » pour le mettre en garde contre sa mollesse à réprimer le soulèvement des étudiants. Mais cette lettre comme le soi-disant soulèvement, font partie des efforts théâtreux du régime pour créer l’illusion que le régime n’est pas monolithique .

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Publié dans IRAN NUCLEAIRE

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