LES VECTEURS DU TERRORISME ( 2)

Publié le par shlomo

II. Le terrorisme : interaction et représentation

 

Pour comprendre cette logique, il s’agirait moins de ressasser une histoire des groupes ou des actes terroristes, que de comparer :

·         des formes d’organisation (quasi-secte, réseau, parti clandestin, etc.) ;

·         des milieux favorables à leur épanouissement (intelligentsia, groupes marginaux, communautés religieuses) ;

·         des modes d’expression (un communiqué de 26 pages, une cassette testament, un poème, un site Web, etc.) ;

·         le choix de cibles symboliques (un monument, un policier, un passant, etc.) ;

·         des rites (serments, signaux, règles)…


Si la logique terroriste reflète des nécessités stratégiques, symboliques et techniques, au moins autant que les idéologies et les objectifs historiques, il faut la penser dialectiquement. C’est une interaction, toujours changeante, avec les moyens adverses.
Ses moyens de destruction interagissent avec les forces adverses. Bombes à mèche contre guillotine, détournement d’avion contre bombardement, attentat-suicide contre occupation de territoires : chaque fois un terrorisme différent suivant la technique. En attendant, peut-être, que s’impose le couple infernal : armes de destruction massive et cyberterrorisme, contre surveillance planétaire.

Mais le terrorisme mobilise surtout des moyens de transmission, d’où d’autres oppositions. Cela vaut pour la transmission des idées — au sens strict — dont il se réclame (les notions historiques, stratégiques et éthiques qui sont censées le justifier) ; c’est vrai de la transmission des identités qu’il veut représenter : le prolétariat, les opprimés, l’Ouma, etc. ; cela s’applique, enfin, à la transmission des messages terroristes. Ils sont l’enjeu de tactiques d’amplification et de détournement, en fonction du média prédominant à chaque époque. De la propagande par le fait au terrorisme spectacle, de l’opuscule pour groupuscule, à l’attentat en mondovision, l’effet de la terreur est déterminé par la nature de la presse à grand tirage, de la radio instantanée, ou par la transmission cathodique des massacres.

Nous pourrions même aller un peu plus loin et tenter de systématiser la méthode d’analyse. Existe-t-il des « catégories récurrentes », des « figures » du terrorisme, comme on parle de figures de style, ou de « lieux » de la rhétorique ? Bref, des types de discours ou de comportements qui soient inhérents au terrorisme et se retrouvent chez ses pratiquants de toutes les époques et de toutes les idéologies ? Nous pensons que la réponse est oui, et nous tentons, ci-dessous, d’en suggérer un petit échantillonnage.

 

La transmission des idées implique :

 

A. Un contenu historique.


Le terrorisme est une théorie de l’urgence et du dernier recours. Il explique sa propre émergence par le caractère exceptionnel et crucial de la situation historique : elle ne permet pas d’atteindre ses buts par des moyens politiques ou pacifiques.

·         Urgence de la catastrophe annoncée.

Ainsi le terrorisme d’extrême droite, américain ou millénariste, comme celui de la secte Aum, reposent sur le principe que l’apocalypse est pour demain. Les premiers en déduisent que le terrorisme est le dernier recours pour sauver la suprématie blanche en menant la « Sainte Guerre Raciale » (RAHOWA : Racial Holy War), avant que le gouvernement complice des mondialistes ne mette tous les vrais patriotes dans des camps. La seconde déduit de l’imminence d’Armaggedon la nécessité de tuer un maximum de gens, en vertu d’un raisonnement qui échappe un peu au non-initié. Mais l’urgence se retrouve dans une phraséologie de gauche, autour du thème : nous sommes précisément dans une phase historique où nous sommes contraints de réagir militairement, faute de quoi nos adversaires marqueraient des points décisifs. Dans la langue des brigades rouges, en 1972, cela donne :

« Le "terrorisme", dans notre pays et dans cette phase de l’affrontement, est une composante de la politique conduite par le front patronal […] dont le but est de déterminer un recul général du mouvement ouvrier et de restaurer intégralement les anciens niveaux d’exploitation. Notre tâche, dans les usines et les quartiers, a consisté, dès le début, à organiser l’autonomie prolétarienne pour la résistance à la contre-révolution en cours et aux tentatives de liquidation des poussées révolutionnaires par les opportunistes et les réformistes. Organiser la résistance et construire le pouvoir prolétaire armé sont les mots d’ordre qui ont guidé et qui guident notre travail révolutionnaire. Cela a-t-il quelque chose à voir avec le terrorisme ? »

·         Urgence du rapport de forces.

Opportunité d’accélérer le processus historique. Il s’agit d’économiser des attentes trop longues et des médiations politiques trop inefficaces. Il faut agir en réveillant le peuple, en radicalisant la situation, en redessinant les camps. « L’Histoire évolue très lentement. Nous devons lui donner une secousse », déclare le nihiliste Andrei Zhelyabov. Le chef des terroristes des Démons, de Dostoïevski, qui propose aux membres de son groupe d’adopter « la méthode rapide », la propagation du désordre pour amener la révolte au plus vite, ne dit pas autre chose. Version de droite, celle des Réprouvés, d’Ernst von Salomon, à la veille de lancer une campagne d’assassinats politiques :

« Si nous ne risquons pas maintenant la tentative suprême, peut-être sera-t-il ensuite trop tard pour des siècles. Ce qui bouillonne en nous fermente aussi dans tous les cerveaux importants, mais ne peut prendre forme que grâce à une activité ininterrompue… Une révolution ne se fait jamais autrement. Et nous voulons la révolution. »

Cette justification/révélation se formule sous forme de texte doctrinal voire prophétique (théorie de l’histoire, éventuellement, vision). Elle se transmet de haut en bas et du complexe au simple, par un milieu intellectuel (université, associations). Ceci va d’un niveau supérieur d’élaboration (les œuvres complètes de Marx ou de Bakounine, ou travaux des oulémas) jusqu’à leur traduction sous forme de slogans. Le milieu humain où s’opère la catalyse de l’idée est parfois très restreint : quelques sections de l’Université d’Ayacucho pour le Sentier Lumineux, une frange bien précise de l’extrême gauche milanaise pour les Brigades Rouges, etc. Dans tous les cas, il y a conjonction d’une vision longue de l’histoire en général et de l’impatience d’un groupe en particulier.

 

B - Un contenu stratégique.

Le terrorisme se veut toujours aussi provisoire et accessoire qu’il se croit urgent. Contrairement à la guerre, il n’est pas censé amener seul à l’accomplissement de ses objectifs politiques. Il se conçoit généralement comme lié à d’autres formes d’action. Pour Lénine :

« Sur le plan des principes nous n’avons jamais rejeté, ni ne pouvons rejeter la terreur. C’est un aspect de la guerre qui peut convenir parfaitement et même être indispensable à un certains moment du combat, dans un certain état de l’armée et dans certaines conditions ».

Et Trotsky, en écho :

« La révolution exige de la classe révolutionnaire qu’elle mette tous les moyens en œuvre pour atteindre ses fins ; par l’insurrection armée, s’il le faut, par le terrorisme, si c’est nécessaire. »

Bref, le terrorisme est un choix, plus ou moins opportun et plus ou moins contraint, dans une panoplie.

·         Soit il est le préalable au soulèvement ou au réveil du peuple, de l’Ouma, du prolétariat, du peuple menacé, etc. Pour l’anarchiste Henry, condamné à mort, de tels actes

« réveillent la masse, la secouent d’un violent coup de fouet, et lui montrent le côté vulnérable de la bourgeoisie, toute tremblante encore au moment où le révolté marche à l’échafaud ».

Ils servent, en somme, à dessiner les camps, à encourager le sien, celui des opprimés, et à terrifier celui des oppresseurs. Lorsque le Congrès anarchiste de Londres, en 1881, adopte la fameuse « Charte de la propagande par le fait », il marque bien cette idée que le passage à l’acte doit compenser les insuffisances des mots. Ils sont incapables, à eux seuls, de donner au prolétariat la conscience de son exploitation et de sa capacité de l’abolir à la fois :

« L’heure est venue, de passer de la période d’affirmation à la période d’action, et de joindre à la propagande verbale et écrite, dont l’inefficacité est démontrée, la propagande par le fait et l’action insurrectionnelle. »

·         Soit le terrorisme est un complément : c’est un bras armé. Dans ce cas, il seconde un parti officiel, ou mouvement d’idées, une action des masses. Le groupe terroriste se considère comme branche, ou fraction armée, parti communiste combattant, noyau armé, peuple en armes, avant-garde : ainsi, les groupes italiens des années de plomb ont trouvé de nombreuses paraphrases pour désigner leur activité « militaire ». Ou encore, le terrorisme contribue, de l’intérieur, à une « vraie » guerre menée par un véritable État.

·         Autre cas de figure : il est assimilé à une guérilla des villes qui complète la guérilla des champs, qui, elle, suppose occupation du territoire, ébauche d’armée de partisans. Ainsi, pour Carlos Marighela, théoricien des luttes de libération latino-américaines :

« C’est une technique dont l’objectif est le développement de la guérilla urbaine, et dont la fonction sera d’épuiser, de démoraliser, de distraire les forces ennemies, afin de permettre l’émergence et la survie de la guérilla rurale, destinée, elle, à jouer le rôle décisif dans la guerre révolutionnaire.  »

Quant à Abu Yiad, de l’OLP, il distingue violence révolutionnaire et terrorisme :

« Je ne confonds pas la violence révolutionnaire, qui est un acte politique, avec le terrorisme, qui ne l’est pas. Je rejette l’acte individuel accompli en dehors du contexte d’une organisation, ou sans une vision stratégique. Je rejette un acte dicté par des motivations subjectives, qui prétend prendre la place de la lutte des masses. D’un autre côté, la violence révolutionnaire fait partie d’un large mouvement structuré. Elle sert aussi comme force d’appoint et contribue, durant une période de regroupement ou de défaite, à donner au mouvement un nouvel élan. Elle devient superflue quand le mouvement populaire remporte des succès politiques sur la scène nationale ou internationale. ».

Le mode de transmission/coordination renvoie à un milieu organisationnel : parti, syndicat, groupes sympathisants, le « mouvement », en général, ou le camp, sa presse, ses relais, ses institutions. Elle peut parfois être officialisée avec création d’une façade légale de type Batasuna, a Cuncolta, etc.

 

C - Un contenu éthique

Tueur altruiste et moral, le terroriste se pose la question du bien et du mal, du licite et de l’illicite, ce qui est encore une différence avec la guerre (où la question est censée résolue à l’avance pour le soldat : il accomplit son devoir). Là aussi, on retrouve une typologie simple :

·         La survie et le suicide. Le message est : « Pas de choix, nous n’avons rien à perdre, nous ne faisons que nous défendre. Il faut empêcher le pire, ne pas se laisser massacrer sans rien faire, témoigner. ». Cette thématique se retrouve, par exemple, dans les milieux proches des Black Panthers. Pour Huey Newton,

« Nous en sommes au point où il n’y a plus qu’un seul choix : ou bien accepter le suicide réactionnaire ou bien accepter le suicide révolutionnaire. Je choisis le suicide révolutionnaire. Tout compromis serait un suicide. C’est ce que j’appellerais le suicide réactionnaire… Le suicide révolutionnaire est provoqué par le désir de changer le système ou bien de mourir en essayant de le changer. »

Et pour James Forman

« Nous sommes déjà morts. Nous ne sommes que des cadavres ambulants tant que nous ne luttons pas. ».

Mais si l’on veut des exemples à l’autre bout du monde, il est difficile de trouver plus probant que celui des Tigres Tamouls, dont plus de cinq cents se sont effectivement suicidés au cours de leurs opérations. Ils prennent si au sérieux l’argument du martyre, qu’ils vouent un véritable culte à la pastille de cyanure qui leur permettra de se suicider. Contrairement à ce qu’on lit souvent, le suicide délibéré, ou implicite (nous entendons par là le cas de ceux qui savent qu’ils seront pris sur le fait et finiront sur l’échafaud) est plutôt la règle que l’exception dans l’histoire du terrorisme. Le droit de tuer au nom de sa propre mort a ainsi donné lieu à une casuistique ancienne.

·         La vengeance. Le thème est : « notre terrorisme n’est qu’une riposte à un terrorisme premier et bien plus grave, celui de l’occupant ou de l’oppresseur ». Écoutons Ben Laden :

« L’Amérique a porté des accusations contre nous et [contre] beaucoup de musulmans dans le monde. Sa conviction que nous soutenons les actes de terrorisme est infondée… si inciter les gens à faire cela est du terrorisme et si tuer ceux qui tuent nos enfants est du terrorisme, alors, laissons l’histoire témoigner que nous ne sommes pas des terroristes […] Ces maladies sont une punition de Dieu et une réponse aux prières des mères opprimées au Liban, en Irak, en Palestine et partout. Nous tuons les rois des infidèles, rois des croisades et des civils infidèles, en échange de ceux de nos enfants qu’ils ont tués. C’est autorisé par la loi islamique, et [c’est] logique. » .

·         Le droit. Le discours tourne autour de ces arguments : « Les imams ou les rabbins l’ont dit : ceci n’est pas un meurtre, mais un acte de justice ou de guerre, ces victimes ne sont pas innocentes, ceci n’est pas un suicide mais un martyr. » Ou encore : « nous n’avons pas assassiné untel, nous avons appliqué un décision de justice, le droit révolutionnaire. C’était un décret d’un tribunal du peuple » (ils ont fleuri en Amérique Latine et en Italie dans les années 70). Les théologiens musulmans réunis par le secrétaire de la Ligue Islamique Mondiale considèrent, eux, le djihad comme « un droit naturel », et estiment que les terroristes sont « Ceux qui usurpent des territoires qui ne leur appartiennent pas et profanent des choses sacrées ». Les fameux « manuels d’Al Qaïda », trouvés en Afghanistan, contiennent, outre des recettes pratiques, de nombreuses considérations morales sur ce qu’il est licite ou illicite d’accomplir dans le cas de la lutte armée.
Souvent, du reste, le terroriste affirme qu’il ne fait que se défendre, faute d’autre voie de recours, contre le vrai terrorisme, celui du puissant et de l’État. Carlos ne dit pas autre chose :

« Le terrorisme est une tactique militaire employée surtout par les États. Parfois, elle devient aussi une stratégie, comme l’a fait l’Otan en Yougoslavie. La lutte armée, elle, est légitimée par le grippage des moyens légaux de résistance à l’oppression. »

Ici, le mode de transmission/justification des idées éthiques nous renvoie à un milieu culturel, à des autorités morales, ou religieuses. C’est également le domaine de la représentation exaltante (testaments et images de martyrs, poèmes de membres d’Al Qaïda, ou récits de leurs songes prophétiques).

Ce mode de transmission nous conduit à celui des identités.

III Transmission des identités


Toute organisation terroriste doit transmettre son identité « réelle » (celle qui lui permet de perdurer en tant que groupe soumis à de pressions qu’ignorent les autres organisations : danger, secret, risque de trahison, sans en avoir le statut, la bureaucratie, la vie publique…) et son identité mythique : le groupe terroriste parle toujours au nom d’un sujet historique, la Nation, les opprimés, les vrais croyants, voire, dans le cas bizarre du terrorisme écologique la mère Nature.

Tout cela peut demander des serments, des rites, de la discipline, des croyances explicites ou implicites. Cas limite : la dérive sectaire avec gourou, ou prophète, séparation du monde extérieur, ou adoption d’un code de vie prenant à rebours les valeurs sociales ordinaires. Ainsi le catéchisme du révolutionnaire de Netchaiev, définit le révolutionnaire en ces termes :

« Le révolutionnaire ne s’introduit dans le monde politique et social, dans le monde instruit, et n’y vit qu’avec la foi dans sa destruction la plus complète et la plus rapide. Il n’est pas révolutionnaire s’il a peur de quelque chose dans ce monde. Il doit pouvoir détruire les situations, les relations, ou les personnes appartenant à ce monde : tout et tous doivent être pour lui également haïssables. Tant pis pour lui s’il a des attaches familiales et des liens d’amitié et d’amour. »

Il n’est pas rare de voir des groupes terroristes régler jusqu’à la vie sexuelle de leurs membres (y compris avec la mort pour sanction, dans le cas de l’armée rouge japonaise), ou se doter d’un "folklore", à base de grades, initiations, serments, culte, etc. Souvent aussi, cette transmission des identités se fait de la façon la plus naturelle du monde, parce que, comme dans le cas du terrorisme islamiste, le groupe reflète des structures familiales, tribales, de proximité, tout à fait réelles : quand on bombe [sic] entre cousins, il n’est pas très difficile de constituer un groupe solide et difficile à infiltrer.

IV. Transmission des messages


Le domaine est ici si riche, qu’il faudra se contenter de l’évoquer.

Le message terroriste a des caractéristiques très précises : il a plusieurs destinataires. Il y au moins : l’ennemi, ses alliés potentiels et le public, le monde, ou les générations futures, en général, il couvre un très vaste registre, qui va de l’expression pure et simple (« voilà qui nous sommes, nous existons, nous ne supporterons pas plus longtemps, nous crions notre révolte ») à la négociation. Enfin, il doit toujours passer par des voies détournées. Souvent même, il doit retourner à son profit les médias de l’adversaire, quitte à passer un marché implicite avec eux : « Nous vous fournissons de l’événement, donnez nous de l’écho. Voici du spectacle, donnez nous des réceptacles ». Bref, son message publicitaire et sa catéchèse passent surtout par deux canaux :

·         La cible : un tel représentait les forces de la répression, tel autre, l’occupant étranger, cet acte était une réappropriation, un jugement, un châtiment, un avertissement. Même la fameuse victime innocente du terrorisme, est choisie pour porter un message : « nul n’est innocent, personne n’est à l’abri ; vous êtes tous, que vous le vouliez ou non, partie prenante de notre lutte ».

·         Le commentaire destiné à expliquer l’acte : parfois quelques lignes, parfois des romans-fleuve (voir l’incroyable logorrhée des Brigades Rouges) mais il peut aussi s’adapter aux technologies de la télévision ou du Net, pour passer entre les mailles du filet adverse.

Conclusion

Ces trois modes de transmission, des idées (« pourquoi nous combattons »), des identités (« qui nous sommes ») et des messages (« ce que signifie notre acte »), s’interpénètrent à tel point que le terrorisme ne saurait être combattu que sur les trois fronts. Mais - et c’est là le point important - cette lutte ne peut consister simplement en une réfutation intellectuelle par de « bons » arguments, ni en une forme de « guerre psychologique » à base de propagande classique. Il s’agira aussi de comprendre les voies et moyens de cette transmission et de s’y adapter. D’autant plus qu’ils combinent des éléments « archaïques », ou du moins hérités de cultures anciennes (cf. le recours d’Al-Qaïda à des structures familiales ou tribales, ou aux songes prophétiques), et des éléments ultramodernes.

Les récents événements nous ont montré comment les sociétés occidentales, dites « du spectacle », suscitaient un terrorisme spectaculaire, capable de comprendre l’impact des images symboliques. Mais c’est aussi une société en réseaux et elle se heurte précisément à un terrorisme en réseau. Ben Laden sait utiliser le principe des réseaux pour se protéger et retourner contre nous nos réseaux télévisuels, financiers, électroniques, pour une contagion optimale.

Il sait l’employer pour protéger, coordonner des forces aussi mondialisées que le système qu’elles combattent, les faire converger vers des objectifs communs.

Idéologie, technologie, médiologie, polémologie du terrorisme changent sous nos yeux. Et pour les comprendre, il nous faudra tout à la fois conserver une longue mémoire des symboles et des cultures, et une intuition vigilante de la façon dont la technologie change nos manières de penser et de lutter.

François-Bernard Huyghe * 

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* Docteur d’État en Sciences Politiques et habilité à diriger des recherches en Sciences de l’Information et de la Communication, François-Bernard Huyghe enseigne la sociologie des médias au Celsa et à l’École de Guerre Économique. Dernières publications : en 2001 de L’ennemi à l’ère numérique, Chaos, Information, Domination aux P.U.F. et la direction d’un numéro de Panoramiques : L’information c’est la guerre. En 2002 : co-direction numéro 13 des Cahiers de médiologie, La scène terroriste, et un livre électronique : Ecran/ennemi, terrorismes et guerres de l’information, éditions 00h00.com. Il dirige l’Observatoire d’Infostratégie.

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Voir en ligne : Observatoire européen d’infostratégie.

 

Mis en ligne le 05 septembre 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org

Publié dans TERRORISME

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