SOUS LE SIGNE D'ORANGE MECANIQUE
De l’esthétique de la barbarie à la reddition politico-religieuse.
A cette condition, et à celle-là uniquement, on peut tuer, égorger, mutiler : tous les droits vous sont acquis, vous qui n’en aviez aucun. Vous êtes un Damné de la Terre. Vous êtes purifié par la souffrance, la rédemption est vôtre ; nul n’est innocent que vous, tous les autres sont coupables de n’être pas vous. Il faut avoir été crucifié avant de postuler aux dignités d’être humain. C’est seulement parce que vous avez été esclave que vous existez, ce qui réduit les autres à l’état de zéros manqués, puisque vous êtes le Grand Zéro.
C’est dans l’abjection, comme Saint Jean Genet, dans le meurtre rédempteur, comme Saint Frantz Fanon, que vous retrouvez l’Identité perdue ou plutôt, volée : il faut qu’il y ait un coupable puisqu’il y a une victime. Généralement, c’est « la société » qui a l’obligeance d’être portée volontaire comme coupable désigné. Non seulement le Mal existe-t-il, mais il est incarné, c’est « la société » dont la culpabilité absout les individus de toute responsabilité ; réciproquement, s’il un a un Mal, il doit y avoir un Bien non moins incarné : la Victime. Nous sommes ici dans une théologie implicite, quoique infantile, du Bien et du Mal : elle est manichéenne au sens propre, elle interprète tout au nom d’une réalité supérieure que seuls savent interpréter ses prophètes.
Cette Cour des Miracles permanente, qui promeut un engagement radical en faveur de la Victime, ne peut pas être considérée comme allant de soi, comme si une génération spontanée avait par miracle engendré une sensibilité aussi contraires aux affects qui prédominaient naguère. On n’est pas passé naturellement de John Wayne aux mignonettes vedettes masculines qui dominent Hollywood aujourd’hui (le « super-héros »-surhomme est hors-classe, il ne compte pas au rang des humains mais des demi-dieux au sens grec du terme). Pour la sensibilité d’époques antérieures les caractères décrits ici n’allaient pas de soi, au contraire.
Les prédilections de la génération de 1945, de celle de 1968, sans parler de celle de 1918, n’inclinaient pas dans cette direction, quels qu’aient été leurs propres errements. L’époque vous persuadait de devenir soldat héroïque, résistant ténébreux, rebelle indomptable, militant exemplaire; les modèles de comportement explicite que l’on glanait chez Jules Romains parlaient de grands collectifs et de morale, ceux de Romain Rolland d’exaltation panthéisto-artistique, ceux de Sartre reposaient sur l’ « engagement », Camus proposait le Dr Rieux de La Peste, modèle honorable d’action personnelle et morale, le père des « Médecins sans frontières » en quelque sorte, ou c’était un René Char, résistant-poète.
Pour sortir des étroites limites de l’Hexagone, une génération entière d’écrivains, anglo-américains en particulier, avait fait de la Guerre d’Espagne le vivier de ses personnages et l’archétype de son engagement, avant que la Deuxième Guerre mondiale vienne fournir le théâtre où les romanciers campaient leurs personnages. On croyait, on agissait, on se voulait acteur.
Mais aux yeux un peu embrumés qui furent ceux de la génération « neutraliste », celle du Monde des années 50 qui refusait en pinçant le nez, l’air dégoûté, de choisir entre les Etats-Unis et Staline, la Guerre froide comportait trop d’ambiguïtés pour être honnête. Ce fut la « fin des idéologies. » Elle réduisit singulièrement le champ d’action possible : puisqu’on avait eu tort de trop croire, on ne croirait plus ; il fallait un degré zéro de la croyance, où l’on ne risquait plus de s’engluer.
Au trop-plein de « cru » , il fallait substituer un creux de scepticisme protecteur : pâtir et non agir ou, à défaut, se faire empathique aux effets pervers du monde sans plus vouloir ni l’interpréter comme les philosophes ni le « transformer » comme l’avait voulu le théoricien passé de mode Karl Marx. Ce n’était donc plus le combat qu’il fallait porter au pinacle, ni le combattant, ni leurs motifs ; il fallait vénérer la cicatrice, le pansement taché, le membre mutilé. On passait du Christ vainqueur à la Madone souffrante. C’était la « théologie de la libération » qui abolissait tout ce qui n’était pas strictement humain dans le Christianisme, remplaçant ce dernier par la Christologie, une Christologie de la souffrance et non plus de la rédemption. La victime qui n’existe qu’en vertu de sa victimité offre une croyance pleine de gloire et des lendemains qui chantent sans danger.
La sensibilité qui fait époque n’est pas tramée d’un seul fil. Ce n’est jamais un seul Werther qui crée le Romantisme. Pour tisser la tapisserie, il faut beaucoup de Pénélope qui passent leurs jours à tresser sans rien défaire la nuit. La sensibilité de l’époque, c’est en particulier son art qui la cultive. L’idéologique conditionne, l’artistique imprègne. Une œuvre fera saillie plus que d’autres pour incarner le changement de tonalité, et sera quelquefois reconnue comme telle.
A cet égard, Orange mécanique, le film-culte, comme on dit, tiré par Stanley Kubrick du roman d’Anthony Burgess en 1971, me semble important ; je ne sais, énigme aux allures de cliché, s’il reflétait les changements en cours ou s’il leur donna une nouvelle impulsion, mais si, comme il est probable, il participait des deux, il marqua un changement tectonique de la sensibilité.
Dans un avenir pas si éloigné, Alex, joué par Malcolm McDowell, est un jeune voyou ultra-violent et bien fait de sa personne, qui viole et cogne aux accents esthétisants de la IXè symphonie de Beethoven. Attirant, incarnation d’une jeunesse libérée du passé, de toute conscience et de tout lien social autre que celui de son gang, il vit sans temps mort et jouit sans entraves, il tue comme ça lui vient, avant d’être emprisonné et soumis par un Etat policier à un traitement qui s’apparente à un lavage de cerveau psycho-chimique. Désormais incapable de commettre un acte de violence ou de se livrer à un acte sexuel, ses anciennes victimes prennent leur revanche, montrant qu’ils ne valent guère mieux que la vermine qu’il fut. Après d’autres aventures, guéri, Alex se retrouve – en rêve, en réalité ? – à s’envoyer en l’air avec une blonde alléchante sous les applaudissements de la bonne société, aux accents de sa symphonie favorite. La roue a tourné. Le crime a été assimilé et intégré : il est devenu socialement acceptable.
Une scène se détache fortement d’un film aux images frappantes et à l’esthétique violente : Alex et ses amis les nervis ont forcé l’entrée d’une confortable demeure où ils maltraitent brutalement l’occupant des lieux, écrivain de profession, en chantant Singin’ in the rain avant de violer sa femme, dont on nous montre la rose peau, les seins innocents et le doux corps qui va être violenté. Ce n’est plus Lucrèce dont le viol provoque l’expulsion des rois étrusques de Rome, ce n’est certes pas Jeanne d’Arc ou, pour un Anglais, la Reine Vierge, l’énergique Elizabeth I.
Le mari enrage, comme castré par le viol de sa femme par le voyou. Un sentiment trouble envahit l’écran : la laideur est celle de cet impuissant intello ; la beauté du diable est celle du criminel attentatoire. Le choix de la profession de la victime – écrivain – est significatif : il incarne l’intelligentsia incapable de se défendre, violée dans son intimité profonde. Ce n’est plus le Lucifer de Milton, celui des Romantiques en mal de négativité, ce sont les Bas-fonds qui envahissent la réalité et la déterminent. C’est l’intellectuel qui, s’identifiant au corps de la femme violée, accepte et embrasse sa propre débilité. Subliminalement, l’intellectuel « devient la femme », figure de la soumission.
De quoi est-il question ? Un bref détour dans la filmographie de Stanley Kubrick servira de piste : cinéaste de grand talent, auteur de films de haute qualité, Les Sentiers de la gloire (1957) avait établi celle de Kubrick qui y mettait en scène de façon critique la répression des mutineries de 1917 dans l’Armée française. Spartacus (1960), super-production hollywoodienne, fut dans l’instant un classique du cinéma de gauche, révolte des esclaves, etc., alors que montait le mouvement des droits civiques : le film l’installait fermement au pinacle de la Gauche hollywoodienne.
Avec Dr. Folamour ou : comment j’ai appris à vivre avec la bombe (1964), Kubrick se lança résolument dans la critique sociale. Le film remporta un formidable succès : au plus fort de la guerre froide, cette comédie-cauchemar nucléaire mettait en scène la machine infernale qui va déclencher, hors tout contrôle humain, la guerre nucléaire généralisée. On voyait le général Léventreur (Jack Ripper), le général Turgidson et le commandant Kong rivaliser avec le savant « ex- » nazi passé aux Américains, le Dr. Folamour (Strangelove en anglais), pour s’assurer au nom de leurs caprices idéologiques ou caractériels que « la bombe » aurait sa chance.
Les derniers plans mettent effectivement en scène de multiples explosions nucléaires. Le côté soviétique est présenté comme tout aussi infantile que l’Américain, quoique beaucoup plus lointain – les Américains sont là, les Soviétiques sont loin, c’est donc aux premiers qu’on s’intéresse, les seconds disparaissant presque de l’équation. Les Américains sont des militaristes mécaniques et forcenés, avec un fort relent nazi (inspiré par Wehrner von Braun, l’un des pères du programme spatial américain).
Le film n’envisage pas un instant qu’existent dans la Guerre froide de véritables enjeux : il s’en contre-fiche. Le signe d’égalité nivelle dingues américains et dingues soviétiques, les Américains sont pires puisque nous les voyons de près, par un effet de perspective d’une formidable malhonnêteté intellectuelle. Pas d’enjeu, pas de contenu, pas de réalité, mais uniquement la fausse fenêtre : puisque l’un et l’autre se sont engagé dans la course aux armements et la « Destruction mutuelle assurée » (MAD), ils sont donc l’un et l’autre destructeurs et dangereux. Tout est déshistoricisé et décontextualisé. On ne juge pas, pardi ! On n’arbitre pas entre les fous ! On est dans le neutralisme. Kubrick se plaçait à pieds joints dans la contre-culture, qui embrassa la thèse avec délices ; c’était la sienne de toute manière.
Dans un monde politiquement absurde où il est vain de vouloir « choisir » entre deux antagonistes également destructeurs et essentiellement analogues, quelle voie s’ouvre-t-elle à l’intellectuel, à l’artiste ? C’est ce choix qu’opère symboliquement Orange mécanique : tout le raffinement de l’artiste, le talent de l’intellectuel, sont incapables de le protéger de l’agression et de l’intrusion commise par un monde en folie qui frappe aveuglément même qui se cantonne dans son chez soi. La barbarie viole l’intimité, celle du couple, celle de l’innocence. Tout est perdu. La vengeance (exercée plus tard dans le déroulement du drame) n’amène rien. Le retrait dans la sphère privée ne sert de rien.
Pour se défendre, conclut tacitement et symboliquement Kubrick-le-narrateur, il faut, en esthétisant le crime, devenir membre honoraire du Syndicat du Crime en épousant la criminalité. Il faut applaudir Alex devenu – oh ! comme l’expression est juste – politiquement correct, et cette société qui intègre viol et violeur, meurtre et tueur. Dans le film précédent, Kubrick avait appris, certes avec ironie, à « aimer la bombe. » Dans celui-ci, sans ironie aucune, la victime apprend à aimer le crime, le criminel et la criminalité. C’est ce que dans d’autres circonstances on a nommé le « syndrome de Stockholm », d’après ces otages brutalisés par des terroristes, et qui finirent par s’identifier avec leurs tortionnaires.
L’intelligentsia contemporaine, dégoûtée de sa propre impuissance – les générations précédentes furent nazies ou bolchevik, comme les jumeaux fraternels Aragon et Drieu la Rochelle, pile et face de la même pièce -, ne voulant plus « croire » parce qu’elle s’est « fait avoir », soucieuse avant tout de ne pas sembler se « faire avoir » une nouvelle fois (c’est, je crois, la clé du succès du risible et pompeux Guy Debord, celui qui fit le mieux le malin et fit le mieux craindre aux autres de se « faire avoir » ce qui lui permit de s’installer au firmament des malins et des habiles), s’agenouilla devant la Victime.
Mais il faut malgré tout faire des choix. On ne peut aimer tout le monde. Brigitte Bardot défendait les bébés phoques, si mignons, mais elle ne protégeait pas les rats : pour être espèce en danger, il faut être moelleux, doux au toucher, et surtout, esthétique. On aime et on protège un Renoir bien pomponné, pas un Egon Schiele. De même, il fallait opérer des distinctions entre les Victimes : après un temporaire consensus couvrant les « Boat People » vietnamiens, l’intelligentsia renonça à défendre la Victime du communisme, et se remit à adorer les « Victimes du capitalisme. » On ignora résolument ceux qu’écrasaient différentes formes de communisme : c’étaient là de moindres victimes. Les vraies victimes devaient être des victimes du capitalisme, du colonialisme, de l’impérialisme, de l’exploitation, du racisme, du fascisme. Victime du communisme ? Oh ! mais la santé et l’éducation à Cuba sont libres ; il y a des circonstances atténuantes ! Et Michel Foucault d’aller péleriner chez les Ayatollahs vainqueurs. Victimes du capitalisme (etc.) – aucune atténuation : on n’amoindrit pas la culpabilité du Diable.
On opéra d’autres choix. La victime militante devenait plus attirante encore. On avait, au moins aux débuts du génocide cambodgien, applaudi Pol Pot. On vénérait toutes sortes de monstres pathologiques qui exerçaient leurs ravages au nom d’un socialisme ou de l’autre. Epouser une version quelconque de la Sainte Doctrine vous valait blanc-seing, passe-droit, vous étiez vêtu de lin blanc. L’intelligentsia épousa ses nouvelles causes : plus la Victime était, que l’on me pardonne l’expression, victimeuse, plus elle pouvait être aimée et protégée. Plus le Palestinien se transformait en bébé-phoque, plus l’aimaient les Brigitte Bardot vieillissantes de l’intelligentsia.
Tout en même temps, il fallait manifester la grande reddition à la barbarie : qui renonce à agir consent à pâtir. La logique de cette prise de position vous force à rejeter quiconque, qui, refusant de pâtir, agit : l’action est mauvaise en elle-même, seule la réaction com-patissante est acceptable. L’action militaire, par exemple, est mauvaise en soi (« Quelle connerie la guerre »). Les porteurs de l’action militaire le sont donc également ; oh ! cela ne concerne pas les armées chinoise ou russe ou iranienne, trop éloignées pour qu’on s’en soucie. Les porteurs occidentaux de valeurs militaires sont coupables : Américains, Israéliens. J’avoue un rare moment de sympathie pour François Mitterrand quand il cingla le visage de la Verdure gauchiste allemande en déclarant au Bundestag : « Les missiles sont à l’Est, les pacifistes sont à l’Ouest. »
L’identification (« syndrome de Stockholm ») au tortionnaire fonctionne à plein : de même que Drieu la Rochelle et ses amis voulaient se vautrer dans les couches de ces beaux SS si puissants, si musclés, (voir à ce sujet Les Damnés, film du prince Visconti, cinéaste communiste), de même qu’Aragon scandait « nous voulons un Guépéou » au nom des mêmes principes, et faisait de son mieux pour en hâter l’avènement, tout en épousant une informatrice dudit Guépéou, et en allant dénoncer les petits copains, on admira ces criminels si courageux, si décidés, si héroïques : la racaille mafieuse de l’IRA, les racistes communisto-nazis de l’ETA, les psychopathes des Brigades Rouges, la RAF allemande de Baader-Meinhof à la fois gauchiste et néo-nazie; on n’était pas vraiment amoureux du « chef d’orchestre » - le KGB – mais on tomba amoureux fou de ses flûtistes arabes: le mouvement palestinien.
Assassins criminels et victimes absolues (dans la mythologie concoctée par le KGB et les services secrets égyptiens et syriens), les Palestiniens étaient l’idéal. Leur « oppresseur » lui aussi était idéal puisqu’il était capitaliste, soutenu par les Etats-Unis : le Juif d’Israel, de plus, rompait le pacte tacite de l’après-guerre. Le Juif victime (celui du Sartre des Réflexions sur la Question juive) passe encore ; le Juif armé n’est plus un « vrai » juif, c’est nécessairement un danger public. La preuve – le Palestinien.
L’intelligentsia s’est agenouillée devant le crime. Elle le vénère. Elle en a tant fait la Victime qu’elle ferme les yeux devant toutes ses turpitudes et ses monstrueuses violations de la plus commune humanité et de la simple décence.
Au nombre des Justes parmi les Nations, on compte des sauveurs qui n’étaient pas particulièrement philosémites, mais qui, révoltés par le déchaînement de l’injustice, en sauvèrent les victimes, au péril de leur vie. L’intelligentsia dont je parle s’est mise au service du crime par peur de sa propre impuissance, pour incarner sa propre reddition à la barbarie. Ne risquant que ses ongles manucurés, elle rejoint ses grands anciens, Drieu et Aragon, dans la génuflexion triomphante devant la bestialité. Orange mécanique était moins prophétique que partie prenante de l’évolution qui menait une intelligentsia à se prostituer ainsi.
Je vois dans le film de Kubrick, mais j’en ai choisi un parmi d’autres, l’esthétisation symbolique de la barbarie : une fois acquis le renoncement, il faut se choisir des maîtres : à tout prendre, cette vague de l’avenir, cette religion conquérante, ne valent-ils pas mieux que la corruption américaine de la culture, son invasion de nos écrans, de notre bouffe, son mépris de notre exception, son impérialisme économique, ses prétentions unilatéralistes ? Plutôt Hitler et Staline que la démocratie, cette gueuse. L’Islam nous laissera en paix, le jihad nous contournera, nous avons donné, et nous donnerons tant de preuves de notre bonne volonté, nous collaborons. Comme l’écrit dans son récent best-seller l’écrivain israélo-allemand Henryk Broder, Hop là ! Nous capitulons !
Ces rappeurs des banlieues qui braillent à tue-tête jà niquer la France et les Français, ces pauvres victimes qu’on n’a pas su comprendre, ces illettrés fiers de l’être, n’ont-ils pas tous les droits, droit à l’émeute, droit au trafic de drogue, droit à la tournante, droit à kidnapper et torturer un juif (un seul ! Comme le disait un commentateur égyptien il y a un an environ : pourquoi donc les Israéliens font-ils un tel raffût pour un seul soldat kidnappé !?) par-ci, un juif par-là ? D’ailleurs, c’est Sarkozy qui les a provoqués, c’est la police raciste qui les a contraints à la violence. Dieu ! que le jihad est joli !
© Laurent Murawiec & Institut Jean-Jacques Rousseau, 2007