IRAN: ARRESTATION COMPLEXE D'UN MEMBRE DES PASDARAN EN IRAK
24.09.2007
Le 20 Septembre, l’armée américaine a annoncé l’arrestation à Souleimaniyeh dans le nord de l’Irak d’un iranien accusé d’être un agent de la force de Qods, la branche chargée des opérations terroristes au sein de la milice des Pasdaran. Le régime des mollahs entend utiliser cette arrestation pour confirmer son influence en Irak.
Dans un premier temps, le ministère iranien des affaires étrangères a présenté les raisons officielles de la présence de cet homme (Mahmoudi Farhadi) sur le territoire du Kurdistan irakien : selon Téhéran, il serait le responsable des « échanges transfrontaliers » de la province de Kerman-shah, région frontalière du nord de l’Irak. Selon les mollahs, Mahmoudi Farhadi se trouvait en Irak sur l’invitation des autorités locales de Souleimaniyeh. Le régime des mollahs a donc protesté et demandé sa libération.
Pour confirmer son influence en Irak, le régime des mollahs a menacé de rompre ses relations commerciales avec le Kurdistan Irakien et a fait appel au président irakien, le kurde Jalal Talabani qui a longtemps vécu en Iran aux frais des mollahs.
Les mollahs avaient également fait appel à son autorité pour la libération de 5 hauts membres de la Brigade Qods arrêtés au Kurdistan irakien en janvier 2007. Talabani avait alors exigé leur libération malgré le fait que l’un d’eux avait tué un célèbre dirigeant Kurde. Malgré les annonces presse affirmant que Talabani avait obtenu leur libération, les 5 hommes sont encore en prison en Irak.
Cette fois, Talabani a changé de discours, il a publié une lettre de protestation pour demander la libération du détenu iranien au nom de la souveraineté Irakienne ! Selon lui, les Américains ont humilié le gouvernement régional en ignorant son autorité. L’intervention de Talabani est d’autant plus incongrue que les mollahs ont récemment bombardé le Kurdistan irakien pendant des semaines en tuant des dizaines de kurdes et en détruisant plus de 150 villages sous leurs tirs d’obus.
Dans sa lettre, Talabani n’évoque pas ces tirs d’obus et se concentre sur deux registres populistes : l’impact d’une interruption des relations commerciales avec l’Iran, mais aussi l’humiliation de l’autorité locale, c’est d’ailleurs le thème principal de la communication publique du régime des mollahs dans cette affaire. Téhéran a souligné la violation [1] du souveraineté Irakienne !
La démonstration de l’influence des mollahs en Irak est faite, même si Talabani échoue dans son action. L’un des hommes sélectionnés par Washington pour prendre le pouvoir en Irak s’aligne régulièrement sur les positions anti-américaines et pro-mollahs.
Ce positionnement est le résultat de l’efficacité de la présence milicienne des mollahs en Irak et la supériorité de cette petite présence sur l’armada américaine de 160,000 hommes. Les mollahs disposent d’une cinquantaine de commandants de Qods en Irak qui sont chargés d’encadrer des miliciens étrangers, entraînés en Iran, payés en faux dollars iraniens et équipés de bombes mises au point pour Téhéran par des ex-terroristes de l’IRA. Ce sont ces groupes mobiles composés de djihadistes étrangers « ni sunnites-ni chiites » qui s’attaquent sans distinction aux convois de l’armada américaine pour briser leur morale ou organisent des attentats contre les civils irakiens (sunnites ou chiites) pour saper l’autorité officielle (les américains et le gouvernement).
Cette dernière arrestation d’un agent iranien ne désorganisera pas cette guérilla bien huilée : en janvier dernier, les Américains ont arrêté les 5 chefs présumés des opérations et ont intercepté des cartes de répartition des effectifs, des carnets secrets ou encore des ordinateurs, mais ce coup n’a pas désorganisé la guerre asymétrique des mollahs en Irak. Elle est même devenue de plus en plus efficace et meurtrière puisque ces groupes ont réussi à éliminer le principal allié arabe des Américains, le chef tribal, Abdoul Sattar Abou Risha.
Cette dernière arrestation est inefficace pour une deuxième raison : actuellement les Américains cherchent à accuser spécifiquement la force de Qods qui n’est qu’un exécutant. Nous avons eu d’autres exemples d’arrestations de ce genre, mais après toutes ces arrestations, pas un seul des dirigeants iraniens n’a été explicitement accusé par les Etats-Unis. L’objectif des Américains est d’affaiblir le régime sans inculper les vrais donneurs d’ordres. Les affaiblir pour les convaincre d’accepter un Deal Régional (une entente).
Cette politique hybride désoriente les politiciens alliés des Etats-Unis (ou nommés à leurs postes par les Etats-Unis). Ces derniers préfèrent s’aligner sur les mollahs, qui sont les maîtres actuels du terrain et pourraient le rester en cas d’entente avec les Etats-Unis.
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