Ce jeu de mots écrit sous la plume du journaliste Hagaï Segal, aurait fait sourire à une certaine époque, mais aujourd’hui, lorsqu’il l’évoque, il traduit une réalité qui est des plus inquiétantes. Nous avons, depuis des décennies, volontairement négligé un élément fondamental de la psychologie de la communication, qui veut que lorsque l’on répète inlassablement une erreur, elle finit par faire partie du « décor mental », et dès lors, ce qui paraissait invraisemblable ou inadmissible un temps donné, devient soudainement plausible et envisageable. Ce fut le cas avec les calomnies répandues contre le Judaïsme et les Juifs, c’est le cas aujourd’hui avec l’Etat d’Israël. A force de laisser le champ sémantique et terminologique à nos ennemis, nous sommes passés d’un refus de même rencontrer un membre de l’OLP, à discuter quels quartiers de Jérusalem seraient cédés aux terroristes palestiniens, et cela, en moins de quinze ans !! Haïm Ramon parle quais officiellement de diviser la Ville, sans que cela provoque de levée de boucliers dans le monde juif, et voilà qu’en réponse, le Sheikh Al Husseini, ancien secrétaire général du Wakf, exige la souveraineté sur toute la Vieille Ville, y compris le Mur occidental. Ne riez pas, il est sérieux ! Ce « monsieur » fait écho aux exigences énoncées par Abou Mazen avant-hier, en précisant que « lorsqu’on parle de la Vieille Ville, il faut comprendre TOUTE la Vieille Ville, car, comme le précise le Sheikh - et comme tout un chacun le sait - le Mur est un lieu saint musulman ! En bon historien, le Sheikh se base sur une décision du gouvernement britannique de 1928, lors du fameux Livre Blanc, qui « accordait » la souveraineté arabe sur le Mur occidental, avec cependant (ouf !) le droit pour les Juifs de venir y prier. Nous ne savons pas comment vous remercier… Il y a quelques jours, le Mufti actuel de Jérusalem, Akrama Sabri, avait déjà appelé le monde arabe et les Palestiniens « à ne pas tomber dans le piège tendu par Haïm Ramon, qui vise en fait à fermer la porte à toute autre revendication musulmane dans le futur ». Ces prises de position ne sont pas le fait « d’illuminés » ou le fruit d’un subtil calcul d’avant négociations. De manière récurrente, les Palestiniens, et pas seulement les membres du clergé, ont revendiqué leurs droits sur toute la ville de Jérusalem, et l’on se souvient de l’affirmation de Yasser Arafat devant un Clinton hébété, « qu’il n’y avait aucune preuve qu’il y ait eu un jour un Temple juif à cet endroit ». Mais nous, nous n’avons pas voulu entendre. Nous avons ricané, haussé les épaules devant « des affirmations aussi fantaisistes auxquelles personne ne prêtera attention ». Rien de plus faux ! L’imaginaire arabe est extrêmement fertile et puissant, et ce que nous repoussons comme étant « irrationnel », ne l’est pas forcément pour eux. Et la déception de leurs illusions est toujours traduite par un sentiment « d’humiliation » engendrant la violence. Nous étions déjà dans ce scénario. Même si la partie israélienne ne va pas jusqu’au bout des revendications palestiniennes, ces derniers nous le feront payer très cher : soit en concessions sur d’autres points vitaux, soit en litres de sang juif. La Conférence d’Annapolis ne donnera sûrement les résultats escomptés par les Arabes ou les Américains. Mais selon une stratégie bien pensée depuis longtemps par les Palestiniens, elle constituera un jalon de plus dans le plan global qu’ils se sont fixés : imposer dans le débat des sujets qu’il sera ensuite impossible d’éluder. A l’époque des accords d’Oslo, un caricaturiste voulant traduire la frénésie de concessions israéliennes, avait dessiné une carte d’Israël, avec un dirigeant israélien se cramponnant à un bâtiment vétuste, et déclarant « Mais nous ne cèderont jamais sur notre revendication de souveraineté sur la Tah’ana Merkazit (gare routière) de Jérusalem ! » Qu’est ce que nous avions ri…. TEXTE REPRIS DU SITE AROUTZ SHEVA |