LES MARRANES JUSQU'A L'EXPULSION - CHRONOLOGIE

Premier acte dans les persécutions des Juifs d’Espagne. Les souverains espagnols cherchent à unifier l’Espagne. Pour gouverner, ils s’appuient sur le clergé, ennemi des Juifs et sur la bourgeoisie, concurrente des Juifs. Les Juifs sont persécutés en Castille, Andalousie, Catalane, Palma et Majorque. Le moine Ferdinand Martinez, confesseur de la reine mère, excite la foule contre les Juifs. A sa tête, il va de ville en ville, envahit les quartiers Juifs, les pille, pénètre dans les synagogues et laisse aux Juifs le choix entre le baptême et la mort. Le bilan est très lourd : des milliers de Juifs ont préféré mourir plutôt qu’abjurer leur foi. Des dizaines de milliers d’autres préfèrent la conversion et continuent de pratiquer le judaïsme en cachette. C’est le début de l’ère des Anoussim (contraints en hébreu) ou Marranes (porcs en castillan), les Juifs convertis au christianisme sous la contrainte et qui pratiquent le judaïsme en cachette, au péril de leur propre vie.

En Espagne, des lois contre les Juifs sont adoptées sous l’impulsion du dominicain Vincent Ferrer. Ce dernier mène une campagne de conversion des Juifs « par la persuasion » : il fait irruption dans les synagogues, une croix dans une main, un rouleau de la Torah dans l’autre ; Il propose de choisir. Choix difficile puisqu’il était talonné par une foule armée qui ne laissait pas beaucoup de choix aux Juifs.

Des émeutes éclatent à Tolède contre les commerçants conversos (marranes). Les émeutiers prennent le contrôle de la ville et émettent un peu plus tard un décret interdisant toute fonction publique à un conversos. Plus tard, le pape Nicolas V s’opposera à ces mesures, affirmant que les conversos sont à considérer comme des Chrétiens en toute chose.

Mise en place de l’inquisition en Castille. Elle persécute les nouveaux chrétiens, accusés de judaïser en secret (ce qui est souvent vrai). L’inquisition contre les conversos est encouragée par les classes bourgeoises qui s’inquiètent de ces nouveaux concurrents. En effet, maintenant qu’ils sont Chrétiens, plus rien ne peut arrêter l’ascension sociale de ces anciens Juifs. Ils deviennent de redoutables concurrents. En cela, le sort des conversos préfigure de ce qui sera le sort des Juifs en Europe, après l’émancipation, quand plus aucune mesure législative ne les limite. L’antisémitisme doit alors passer une mutation pour s’adapter à la nouvelle situation.

Publication de l’ouvrage La Forteresse de la Foi, par le théologien espagnol Alfonso de Spina, qui prône que l’Espagne imite les autres pays européens et expulse les Juifs qui y vivent.

Le fils du converso Diégo Arias, Juan Arias Davila, devient évêque de Ségovie.

A Cordoue les conversos n’ont plus le droit d’accéder à la fonction publique.

Enquête de l’inquisition sur les pratiques judaïsantes dans les monastères espagnols. A la suite de cette enquête, les nouveaux chrétiens ne sont plus acceptés dans les monastères.

Publication du livre de l’Alboraïque, qui traite des Juifs convertis au christianisme : L’ouvrage leur réfute la qualité de Juif, et leur refuse celle de Chrétien. Le conversos est pire que le Juif. L’Espagne a créé un hybride, les conversos, sur lequel se concentre maintenant le principal de leur antisémitisme.

A Avila, les Juifs et les conversos sont accusés d’avoir crucifié un enfant chrétien et de s’être livré sur lui à des rites pour combattre le christianisme.