IRGOUN TZVAI LEOUMI

Publié le par shlomo

Histoire : Etzel
Agnès Staes


Etzel est l’acronyme de Irgoun Tzvaï Leoumi « Organisation militaire nationale » (IZL), encore connu sous l’appellation d’Irgoun. C’est un groupe paramilitaire nationaliste, qui opéra de 1931 à 1948, pendant le Mandat britannique en Palestine.

La naissance d’Etzel

L’organisation est née en 1931 d’une scission de la Haganah et fut dirigée à partir de 1943 par Menahem Begin jusqu’à la proclamation de l’État d’Israël en 1948.
Lors de la première guerre mondiale, Vladimir (Zeév) Jabotinsky demande aux Britanniques la permission de créer une force armée juive. En 1915, Londres accepte la requête et autorise la création d’un corps de troupes appelé « corps muletier de Sion » qui deviendra officiellement en 1917 « la Légion juive. » En 1920 suite à la révolte arabe d’avril contre le Ychouv (la population juive en Palestine) la Haganah est créée. Elle a pour but de défendre les localités juives en Palestine et Jabotinsky en dirige la section de Jérusalem.

La Haganah est dirigée principalement par un parti de gauche (Ahdout HaAvoda) alors que Jabotinsky se situe à droite sur l’échiquier politique. Par la suite, la Haganah sera contrôlée par la Histadrout, syndicat de la gauche sioniste.

Les Britanniques ne reconnaissent pas cette organisation mais la tolèrent seulement. De 1921 à 1929 la Haganah est peu active, elle organise surtout des gardes et des patrouilles autour des localités juives.

Des émeutes nationalistes arabes antijuives en 1929 vont faire des dizaines de morts. La réaction du Yichouv va être de se rassembler derrière la Haganah. En 1931 la direction de la Haganah passe de la Histadrout à l’Agence Juive qui est officiellement une organisation non partisane. La direction est alors composée de trois hommes de gauche et de trois hommes de droite. Mais la gauche reste dominante.

David Ben Gourion a eu les commandes de la Histadrout de 1921 à 1935, et donc a dirigé la Haganah jusqu’en 1931.Lorsqu’il prendra la direction de l’Agence juive de 1935 à 1948, il sera à nouveau à la tête de la Haganah.
En 1931 la Haganah passe donc sous le contrôle de l’Agence Juive. Un groupe de combattants et leurs officiers critiquent sévèrement la politique menée par la Haganah.
Pour eux, il faut frapper plus fort aussi bien contre les Arabes que contre les Anglais. Ce groupe se sépare de la Haganah et fonde « Irgoun Beit » (la seconde organisation) qui sera aussi appelée « la Haganah nationale » mais le nom utilisé sera rapidement l’Irgoun Zvaï Leoumi (IZL) et ce, à partir de 1937.

Entre temps, Vladimir Jabotinsky, après avoir quitté l’Organisation Sioniste Mondiale, avait fondé « Une Nouvelle Organisation Sioniste » à Vienne. Ce dernier avait été banni par les Britanniques et interdit de séjour en Palestine pour des « activités subversives ». Jabotinsky demande aux Anglais la création sans délai d’un Etat Juif s’étendant sur les deux rives du Jourdain ainsi qu’une armée juive indépendante.

Le Etzel est composé de fidèles de Jabotinsky ainsi que des membres du parti Mizrahi (sionistes religieux) et d’autres petits mouvements sionistes.
Fin 1935 à 1938, une nouvelle révolte arabe se durcit contre la puissance mandataire britannique et les localités juives qui ne cessent de se développer. La population juive est passée de 80 000 en 1918 à 175 000 en 1931 et 400 000 en 1936. Durant cette révolte plusieurs centaines de juifs seront tués.

La Haganah arrive dans la plupart des cas à bloquer des attaques arabes et à faire des raids de représailles. Elle coopère parfois de façon ouverte avec les Britanniques. Elle attire des milliers de nouveaux membres dans ses rangs.

La scission au sein du Etzel

La Haganah devenant de plus en plus puissante, près de la moitié des membres de la Haganah Nationale décide de la rejoindre. En avril 1937, Tehomi, le commandant en chef de l’organisation, passe à la Haganah avec 1300 hommes. Le reste des membres de la Haganah Nationale restent sous le commandement de Jabotinsky. Il se radicalise alors.
Après cette scission, le nom historique de la Haganah nationale est définitivement abandonné Ils n’utiliseront plus que celui de Irgoun Zvaï Leoumi (Etzel) ils ont rompu avec les sionistes religieux.. Etzel devient l’aile militaire du mouvement révisionniste.

Actions contre les Arabes

Avant même le départ de Téhomi, Etzel commence une campagne contre les civils arabes. Le 16 avril 1936, il tue deux ouvriers agricoles arabes dans une orangeraie en réponse à l’assassinat la veille de deux juifs. Après la scission avec la Haganah, la modération est remise en cause. Cependant en juillet 1937 Jabotinsky indique qu’il préfère éviter le terrorisme aveugle. Suivant les responsables qui vont se succéder, la réaction devant la violence sera différente. L’Irgoun va se lancer dans la violence contre les civils arabes. Les autorités officielles du Yichouv et de la Haganah ne vont pas être d’accord, et les Britanniques la qualifieront d’organisation terroriste. Des tribunaux militaires étant instaurés et la possession d’armes devenant illicite, l’Irgoun doit interrompre ses attaques.

La réaction du Etzel sera violente quand l’un des leurs, Shlomo Ben Yossef est pendu par les Britanniques le 29 juin 1938. Il avait été arrêté suite à un attentat perpétré contre un autobus arabe à Rosh Pina en 1938 qui n’avait fait aucun mort. En tout, les Britanniques exécuteront 12 combattants du Etzel et du Lehi de 1938 à 1947.

De juillet à octobre, 50 Juifs seront tués chaque mois, contre 7 les mois précédents. Environ 250 Arabes sont tués par Etzel de 1936 à 1939.

Le livre Blanc et le combat contre les Britanniques

Quand en 1939 les Britanniques prennent une position beaucoup plus pro-arabe qui sera confirmée par la publication du « Livre blanc », Etzel relance ses actions. Dans ce livre blanc publié en réponse à la grande révolte arabe, les Britanniques mettent pratiquement fin à l’immigration juive. Jusqu’alors le mouvement, même s’il critiquait le mandat britannique pas assez favorable aux Juifs, était resté un allié du Royaume-Uni. Cette fois, Etzel élargit ses actions contre eux. Sous l’impulsion de Stern, des centrales téléphoniques sont attaquées, des bombes explosent à la poste de Jérusalem et à la radio nationale.

Scission avec le « Stern »

Lorsqu’ éclate la Seconde Guerre mondiale, Jabotinsky, dont l’influence est alors très limitée, demande l’arrêt des opérations armées contre les Britanniques pour former une coalition contre le nazisme. Après bien des discussions un accord est signé par David Raziel, le commandant du Etzel, en vue d’aider les Britanniques dans le domaine du sabotage.

Au sein du commandement d’Etzel l’opposition à la trêve avait été majoritaire. Suite à cette décision, Avraham Stern et un groupe de combattants quittent le Etzel et créent le Lehi (Lohamei Herout Israel « Les combattants pour la Liberté d’Israël »). Les Britanniques l’appellent le « groupe Stern ». Pour eux, la menace de disparition du « foyer national juif » selon le « Livre blanc » est plus grave que le danger nazi.

La scission avec Etzel prendra plusieurs mois, les militants hésitant entre Etzel et les partisans de Stern. Il est intéressant de noter qu’Itzhak Shamir va hésiter entre les deux partis pendant des mois pour finalement rejoindre le groupe Stern. Ce dernier attire beaucoup de militants et se livre à des attentats contre les Britanniques ou les Juifs « collaborateurs ». Mais devant l’incapacité de leur chef, beaucoup lâcheront rapidement ce groupe. Fin 1941, le groupe Stern est démantelé (A. Stern est mort, Y. Shamir est en prison).

La scission avec le groupe Stern a beaucoup affaibli le Etzel. En été 1943, il est même question de dissoudre Etzel. C’est alors que Menahem Begin, l’un des leaders du mouvement Beitar, en prend la direction.

Reprise de la lutte contre les Britanniques

C’est sous Menahem Begin que la politique de ne pas lutter contre les Anglais prit fin. En février 1944, à la fin de la 2ème guerre mondiale, Etzel reprend la lutte contre le problème prioritaire, selon lui, qu’est la position des Britanniques contre le « foyer national juif ». Les Anglais refusent toujours de laisser entrer en Palestine les Juifs qui fuient l’Europe. Pour la première fois, les Révisionnistes s’attaquent directement aux Britanniques, mais les instances officielles du sionisme ainsi que l’opinion publique condamnent les attentats même si l’insatisfaction grandit contre la politique anglaise.

David Ben Gourion menace de réprimer Etzel mais cela n’arrête pas les actions de l’organisation.. Ben Gourion, en lien avec les Britanniques, lance alors la « saison » qui sera une chasse aux « terroristes ». C’est un succès. Beaucoup de chefs d’Etzel sont arrêtés et mis en prison.

Le mouvement de la révolte hébraïque

David Ben Gourion envoie de Paris un télégramme secret demandant à la Haganah d’engager la lutte contre le pouvoir mandataire et cela avec deux missions principales : assurer le débarquement des immigrants clandestins et perpétrer des actes de sabotage. D’octobre 1945 à juillet 1946, la Haganah, le Lehi et Etzel créent ensemble un « mouvement de la révolte hébraïque », sous le commandement général de la Haganah. Les sabotages se multiplient. Par exemple, le 1er novembre 1945, la Haganah fera sauter le chemin de fer en 153 points. La réaction des Britanniques sera d’envoyer des soldats supplémentaires. Le 12 juin 1946, le gouvernement refuse l’entrée de 100 000 réfugiés juifs. La réponse : les attentas se multiplient. Ainsi le 22 juillet 1946, Etzel fait sauter l’hôtel King David où se trouve le secrétariat du gouvernement britannique en Palestine, en représailles au « Shabbat noir ». Cet attentat fera 91 victimes dont de nombreux civils. Cet événement provoque la fin du « mouvement de la révolte hébraïque ». Les différents mouvements se divisent à nouveau.

En août 1946, Etzel ne compte plus que 4 000 hommes dont seulement un millier opérationnel. C’est alors que Lehi et Etzel s’uniront à nouveau pour frapper plus fort.

En 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine, adopté le 29 novembre 1947 : un Etat juif est prévu pour mai 1948 sur 55% de l’ancienne Palestine mandataire. L’Agence Juive et l’organisation sioniste mondiale acceptent ce plan, Etzel refuse, mais n’ayant pas les moyens de s’y opposer, officiellement il cessera ses actions. Les dernières opérations d’Etzel (août 46-août 47) auront coûté la vie à 141 Britanniques.

La guerre civile en Palestine (décembre 1947, été 1948)

Le lendemain du vote de partage (30 novembre 1947) des attentas et des émeutes anti-juives éclatent en Palestine et au Moyen-Orient. Etzel reprend alors des représailles contre les Arabes. Pendant ce temps, la Haganah se constitue en armée solide, capable de vaincre les attaques des armées arabes prévues au lendemain du départ des Britanniques. Etzel, lui, se livre davantage à des attentats aveugles.

Etzel accepte une certaine collaboration avec la Haganah. Des opérations naissent alors contre des villages arabes. C’est ainsi que le 9 avril 1948, malgré l’accord signé de non-agression, Etzel et le Lehi attaquent Deir Yassin aux alentours de Jérusalem. Le haut comité arabe parle alors de 254 victimes. Les historiens évaluent le massacre entre 60 et 120 morts. Etzel aura alors l’image de la violence amplifiée par la propagande arabe. L’Agence Juive dénoncera ce massacre mais sans prendre de véritables mesures contre Etzel. Les Palestiniens se mettront alors en route sur les routes de l’exode.

Le 27 avril 1948 Etzel attaquera Jaffa attribuée selon le partage aux Arabes, mais située au cœur de l’Etat juif. Les Britanniques réagiront en bombardant les positions d’Etzel. La ville tombera après le départ des Britanniques. Le 14 mai 1948, l’indépendance d’Israël est proclamée : un gouvernement provisoire se forme alors. Les armées égyptiennes, jordaniennes, irakiennes, syriennes et libanaises pénètrent en Palestine. La guerre d’Indépendance a commencé. Le 26 mai, Tsahal (force de défense d’Israël) est officiellement créée, absorbant la Haganah. Menahem Begin s’engage à mettre à la disposition de l’armée ses hommes et ses équipements. D. Ben Gourion ne souhaite plus permettre à des unités de droite ou de gauche d’exercer au sein de l’armée. Le chef du gouvernement et ministre de la Défense ne veut pas de groupes politiques au sein de l’armée.
Un bateau transportant des armes pour Etzel du nom d’Altalena est bombardé sous l’ordre de Ben Gourion face à Tel Aviv le 22 juin 1948. Etzel est dissout. Cependant le statut à part de Jérusalem permet à Etzel de continuer d’agir dans cette ville jusqu’en septembre. Après l’assassinat de Bernadotte par le Lehi, le gouvernement dissout Etzel même à Jérusalem.

Menahem Begin accepte la décision du nouveau gouvernement et prend acte de la dissolution d’Etzel. Il crée fin 1948 le parti Herout (Liberté) dont les premiers membres seront des anciens d’Etzel.


 

 



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