LETTRE OUVERTE AU CHANOINE HONORAIRE DE LATRAN
Suite au discours de Latran, Francis Percy Blake reprend du service pour dénoncer les errements de la politique de Nicolas Sarkozy. | |
Je découvre votre discours du 20 décembre au Palais de Latran à Rome :
http://www.france-catholique.fr/Discours-de-Nicolas-Sarkozy-au.html
Mes racines essentiellement françaises sont quelque peu remuées par ce que vous y avez dit, en tant que Président de notre République laïque.
Tout d’abord, vous acceptez la charge ecclésiale et traditionnelle de Chanoine d’honneur de la basilique de Latran. C’est tout à votre honneur de vouloir travailler encore plus pour gagner plus. Mais alors que vous désirez tant marquer la rupture avec les traditions républicaines, pourquoi n’avez vous point rompu avec celle-ci qui est des plus saugrenues et qui est en contradiction manifeste avec la laïcité de votre fonction principale de chef de l’Etat français ?
Admettons encore que le gouvernement français doive maintenir cet héritage de l’Ancien Régime pour je ne sais quelle raison protocolaire. Mais pourquoi assurez-vous cette charge en personne ? N’y a-t-il pas moyen de la déléguer à un quelconque porte-flingue ? Je pense par exemple à Jean-Paul Bolufer, ancien directeur de cabinet de votre ministre du Logement, qui se retrouve sans travail fixe le jour même de votre discours à Latran. Nul doute que ce fidèle serviteur de la Sainte Eglise aurait été réjoui d’un titre qui lui convenait à merveille.
Vous arguez de votre acception de cette nouvelle charge le fait que “les racines de la France sont essentiellement chrétiennes”, en rappelant que “c’est par le baptême de Clovis que la France est devenue Fille aînée de l’Eglise”. Il semblerait que vous confondiez quelque peu le christianisme et l’histoire mouvementée du catholicisme tout au long de votre discours.
Par exemple, vous omettez totalement le fait que si “les souverains français ont eu l’occasion de manifester la profondeur de l’attachement qui les liait à l’Eglise et aux successeurs de Pierre”, ils eurent aussi souvent à en découdre avec ces mêmes papes, et qu’il y eut de sérieuses luttes de pouvoir entre Rome et les rois de France, mais aussi entre le Saint-Siège et l’aristocratie régionale. A croire que vous avez manqué quelques épisodes de la saga de vos amis et soutiens, Jean Reno et Christian Clavier, sous les traits respectifs de Godefroy de Montmirail et de Jacouille la Fripouille. L’Inquisition, ça ne vous dit peut-être rien. L’Ordre du Temple non plus sans doute.
Vous passez tout autant sous silence la Réforme, les guerres de religions, la Saint-Barthélemy et tout ce qui fut autant “les racines chrétiennes de la France” que le baptême d’intérêt de Clovis. Et c’est là que vous montrez votre ignorance de l’Histoire de France, en évoquant plus loin la laïcité comme fille aînée des Lumières dont vous oubliez d’évoquer… les racines, comme si ces Lumières et cette laïcité nous étaient tombées du Ciel.
De même que l’on peut s’étonner de trouver dans votre liste de saints et d’écrivains chrétiens de France un mélange qui se termine par “Emmanuel Mounier, Henri de Lubac, René Girard”. Quoi de commun entre ces trois personnes et Jean-Marie Vianney ou Vincent de Paul ? La foi chrétienne, peut-être, mais pas la soumission inconditionnelle à la charia romaine ! C’est justement par réaction à l’Eglise que le christianisme français impulsa des réformes de celle-ci, et souvent à son corps défendant. Une telle confusion entre la spiritualité critique de ces réformateurs et l’Eglise de Rome, dont vous nous faites les petites filles de chœur, est surprenante de la part du nouveau chanoine honoraire de Latran. A croire qu’ils vous ont donné le diplôme à l’œil !
Votre inculture historique et culturelle n’a d’égale que votre abyssale ignorance de la langue française, quand vous commencez à comparer l’antisémitisme et l’“islamophobie”, reprenant ainsi les inepties sémantiques du Mrap, des petits gestapistes du Net ou des mollahs iraniens.
Dans la seconde partie de votre discours, vous dites : “tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est également un fait incontournable dans notre pays”. C’est une bien étrange comparaison entre un événement historique (le baptême de Clovis) et une valeur républicaine intemporelle (la laïcité) qui n’est pas un “fait”, mais un choix démocratique de société.
Vous vous étalez sur les "souffrances” conjoncturelles que la “mise en œuvre” de cette laïcité “a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations”. Mais vous passez curieusement sous silence les “souffrances”, bien plus étendues dans le temps, causées par les Eglises qui furent alors en parfaite contradiction avec le message évangélique. J’ai déjà évoqué l’Inquisition et la Saint-Barthélemy, je peux aussi dresser la liste de toutes les violences infligées aux populations, et en particulier aux femmes et aux enfants. Plutôt que d’en faire une interminable liste, je laisse une grand-mère canadienne se souvenir de ce qu’elle et ses proches endurèrent… il y a si peu de temps :
vidéo : “je me souviens” : http://www.youtube.com/watch?v=h6V73pQwsdc
Nous avons eu les mêmes en France, souvenez-vous ! Encore que vous soyez trop jeune pour vous en souvenir. Depuis cette époque, l’Eglise s’est amendée de ses dérives et a corrigé son catéchisme en revenant aux messages essentiels du christianisme. On ne peut pas en dire autant des instances musulmanes, et pour cause : tout retour aux sources islamiques ne peut provoquer que jihad et sexisme, alors que tout retour aux sources chrétiennes ne provoque que charité chrétienne. Le Coran prescrit l’horreur, les Evangiles la condamne.
Au lieu de rappeler les bienfaits de cette “laïcité”, vous lui imputez des “souffrances” qui ne sont pas de son fait, mais du fait de querelles politiques autour du début du XXème siècle. C’est aussi erroné que si l’on attribuait les errements passés des Eglises à Jésus et à son message supposé ou réel, ou si on réduisait le socialisme aux crimes du communisme. Dans tous les cas, c’est une confusion entre nobles idéaux, avec leurs détournements ou leurs épiphénomènes.
Vous ne trouvez qu’une petite qualité à la laïcité : “une liberté : liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de pratiquer une religion et liberté d’en changer, liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, liberté de ne pas être discriminé par l’administration en fonction de sa croyance”.
Autrement dit, la “laïcité” pour vous, ça se réduit à la “liberté” de religion, la “liberté” d’endoctriner les gosses à défaut d’endoctriner ceux du voisin, et le voile islamique (peu “ostentatoire” tout de même) dans l’administration publique, le tout encadré par les pasdarans de la Halde et du Syndicat de la Magistrature. Un peu court, non, pour un principe républicain dont je me sens, comme Français, bien plus “petit-petit-fillot aîné” que je ne suis héritier d’une quelconque Eglise ! Nous n’avons sans doute pas les mêmes valeurs républicaines et démocratiques.
Vous dites ensuite que “la laïcité s’affirme comme une nécessité et une chance” et qu’elle est devenue “une condition de la paix civile”. Il n’est pas sûr que les policiers blessés par balles à Villiers-le-Bel, ou encore Mama Galledou, brûlée vive dans un bus à Marseille (et qui vous sert tellement de référence dans vos discours), partagent votre enthousiasme pacifiste.
Dans la foulée, vous opposez cette laïcité française aux “racines chrétiennes” de la France : vous affirmez même que la laïcité aurait “tenté” de couper ces racines. Vous connaissez bien mal le principe de laïcité, opposé à la mainmise des Eglises sur les citoyens et pas anti-chrétienne ! Vous confondez laïcité et athéisme. Et si ces “racines chrétiennes” font partie de notre “mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires” et de notre “identité nationale”, la laïcité en fait tout autant partie, depuis les combats des Lumières jusqu’à ceux pour la «liberté» de l’avortement ou contre la peine de mort.
Laïcité et “racines chrétiennes” ne sont donc pas “les deux bouts de la chaîne” qu’il faudrait “tenir ensemble”, ce sont deux composantes de la même Histoire de France et de l’identité nationale, dont la première est l’héritière volontaire ou involontaire de la seconde. Mais toutes deux procèdent des mêmes valeurs christiques que vous ignorez : Mahomet dit de lapider la femme adultère, alors que bien des siècles plus tôt, Jésus demandait de lui pardonner et le Talmud laïcisait l’histoire biblique.
Vous faites ensuite une longue incise spirituelle sur “l’espérance”. Est-ce le rôle du Président de la République Française de commenter des encycliques papales ? Je comprends que votre nouvelle fonction de Chanoine honoraire vous donne des ailes de prêcheur en chaire, mais vous parlez au nom de notre République Française dans votre discours de Latran. Vous confondez les rôles.
Vous opposez encore, cette fois sur le thème de “l’espérance”, le “besoin profond des hommes et des femmes de trouver un sens à l’existence” et les “idéologies” européennes consécutives aux Lumières. C’est oublier bien vite que certaines idéologies donnaient justement un sens à l’existence humaine. Vous qui aimez citer Jean Jaurès, auriez-vous oublié la chanson que lui a consacré Jacques Brel qui savait sa propre existence condamnée à court terme ? Réécoutez-là, la prochaine fois que vous faites votre jogging ! Et emportez aussi sur votre lecteur MP3 les discours du même Jean Jaurès en 1904-1905, à propos de la laïcité. Ca vous instruira.
Oui, les “questions fondamentales de l’être humain sur le sens de la vie et sur le mystère de la mort” sont “de toutes les civilisations et de toutes les époques”. Et après ? Est-ce une raison pour vous lancer dans un vibrant sermon sur les bulles papales ? A croire que votre propre questionnement intime déborde sur vos fonctions de chef de l’Etat ! Excusez-moi de vous le dire tout net : vos états d’âmes, on s’en fout.
C’est même très maladroit politiquement et diplomatiquement d’afficher ainsi votre propre lacune spirituelle et votre manque de transcendance. C’est une affaire privée, cela ne regarde que vous, et accessoirement Carla Bruni qui hélas ne semble pas suffire à combler vos manques à être. Moi aussi, comme tout à chacun, j’ai parfois des passages à vide dans l’existence, mais je n’embête pas tous les Français avec et je n’en fais pas une affaire d’Etat et un prétexte à enfoncer, à vilipender le socialisme ou la laïcité.
Et puis vous continuez à déraper, mon cher Chanoine, en auto-citant votre livre “la République, les religions et l’espérance”. Vous n’êtes pas à une émission littéraire de TF1 ou de France 2 ! Cette promotion est d’ailleurs ratée, puisque vous ne me donnez guère envie de lire un livre que je n’ai pas encore lu. A sa parution, j’avais entendu dire que vous y remettiez en cause la loi de 1905 sur la séparation entre l’Etat et les Eglises. Ca ne me donnait guère d’appétit à en savoir plus, mais j’avais mis votre anti-laïcisme de l’époque sur le compte de vos problèmes spirituels.
Votre campagne présidentielle m’avait fait croire que vous aviez abandonné cette idée saugrenue de foutre en l’air l’un des socles de notre République, mais non ! Vous remettez le couvert à Latran, avec cette fois une nouvelle formulation de votre cru : “la laïcité ouverte”. Ce masque sémantique est aussi ridicule que celui de la “discrimination positive” : ce n’est pas en accolant un adjectif à un concept qu’on change sa nature.
Et comme exemple de votre “laïcité ouverte”, vous citez la création par vos soins du Conseil Français du Culte Musulman. C’est oublier de dire que l’UOIF, principale composante de votre CFCM qui ne représente que lui-même, prend son discours idéologue chez les Frères Musulmans, et ne protège personne “de toute forme d’intolérance et de prosélytisme”, bien au contraire. J’évoquais les émeutes de Villiers-le-Bel plus haut. Rappelez-vous celles de novembre 2005, quand vous étiez ministre de l’Intérieur : votre gouvernement avait fait appel aux barbus pour ramener le calme, l’UOIF pondait une fatwa ad hoc, et votre ami Dalil Boubakeur expliquait que le Coran condamnait les jets de pierre sur la police mécréante et les incendies d’écoles haram. N’était-ce pas l’aveu que votre CFCM pouvait contrôler les émeutiers ?
Vous constatez : “La France a beaucoup changé. Les Français ont des convictions plus diverses qu’autrefois”. Et alors ? Est-ce à dire que toute “conviction” est bonne à intégrer ou à assimiler ? De Voltaire à Ayaan Hirsi Ali en passant par Charles de Foucauld, on vous explique qu’on ne peut à la fois respecter l’identité française et occidentale et aduler un Mahomet voleur, assassin et pédophile et un Coran appelant à la haine et à la guerre contre les “koufars”. Le fait que ces arriérations datent de 14 siècles ne changent rien à ces dogmes contraires aux valeurs de notre République et de notre pays. Vous l’avouez vous-même, puisque vous voulez faire de votre “islam de France” une religion “compatible” avec nos valeurs, ce qui veut bien dire qu’elle ne l’est pas. Si elle avait pu l’être dans l’Histoire, ça se saurait.
Votre seul exemple de “compatibilité”, vous l’avez énoncé à Constantine, en prétendant que juifs et musulmans ont vécu pacifiquement pendant des siècles. Mais là encore, révisez votre Histoire ! Les Juifs d’Afrique du Nord vivaient sous la charia, avaient des statuts de dhimmis, étaient enfermés dans des ghettos appelés mellahs, devaient porter des habits distinctifs, etc. Quand le colonisateur français leur proposa de sortir de la loi islamique (décret Crémieux), ils sautèrent sur l’occasion. Et si les musulmans d’Algérie refusèrent collectivement la nationalité française, c’est pour ne pas renoncer aux lois coraniques et mahométanes, telles que la polygamie, la répudiation ou la liberté de religion. Vos amis de l’UOIF ont-ils renoncé explicitement à la charia ? Non. Et quelles lois veulent-ils appliquer dans les mosquées que vous voulez leur financer ? Celles de la République reconnues par les Chrétiens, les Juifs, les athées, les libéraux évangélistes et les socialistes bouddhistes de France, ou celles de la charia ? La réponse est ici :
Vidéo «takia» : http://www.youtube.com/watch?v=EJTC1RAcTro
Vous dites, dans votre grand prêche sur la noble “espérance” islamo-chrétienne et la laïcité impie, qu’“un homme qui croit, c’est un homme qui espère” et donc qu’il est dans l’“intérêt de la République” qu’“il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent”, ce qui ne peut se traduire à vos yeux que par la foi en un dieu. C’est confondre la croyance déiste et la spiritualité, c’est dénier à tous les incroyants (au sens théologique) le droit à l’espérance, c’est une profonde ineptie philosophique. C’est même insulter les athées et les militants de la laïcité que de dire que “la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini.” (sic !). Où est le “fanatisme” en France de nos jours ? Est-il chez ceux qui brûlent des autobus ou qui prônent le jihad, ou chez ceux à qui vous reconnaissez qu’ils ont une “morale laïque” ?
Et à propos de morale, vous assénez que “le danger est que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer de faire ce que l’on doit faire, mais de faire ce que l’on peut faire”. Quel est le rapport avec l’Eglise, l’islam, la France ? Ca fait des millénaires que des centaines de sociétés humaines, croyantes ou non, laïques ou non, condamnent le vol ou le meurtre (sauf, très curieusement, l’islam qui est la seule religion non pacifiste dans ses dogmes). Elles ne vous ont pas attendu pour savoir “ce qu’on doit faire” pour assurer “la paix civile”. Confondre éthique et foi déiste, c’est une totale négation de l’humanisme, d’une longue histoire de la philosophie, et même du message évangélique qui sépare justement la morale et les règles sociales de la croyance et de l’“espérance”. Je vous invite à relire (et peut-être même à lire tout court) les textes fondateurs de votre propre religion, en plus de l’Histoire de France et de Jacques Brel ! Ca vous évitera de dire n’importe quoi devant les Romains.
Votre tirade sur le “désert spirituel des banlieues” est aussi dénué de fondement que celui des bobos parisiens que vous fustigez et qui trouvent des excuses sociales aux actes de barbarie. Aucune mosquée de banlieue n’a fait diminuer la criminalité dans ses alentours, et aller prier Jéhovah dans un sous-sol évangélique n’a jamais protégé les victimes d’agression ou de viol. Vous regrettez “la disparition des patronages”, mais voulez-vous remplacer nos anciens patronages catholiques ou communistes par des écoles coraniques déguisées en “centres culturels” pour bénéficier des subsides publics ? Je ne pense pas que les Français le souhaitent, et encore moins ceux et surtout celles qui, issus de l’immigration, veulent autant fuir la charia et ses “signes ostentatoires” que vous et moi. Ecoutez-les :
Vidéo «Silhem» : http://www.dailymotion.com/femmesenresistance/video/x3g111_intro-universite-ni-putes-ni-soumis_politics
Ainsi donc, la grande nouveauté de votre séjour au Vatican et à Rome, c’est votre “laïcité positive”, qui considèrerait que les religions sont, en quelque sorte, “une chance pour la France”. Ce coup de peinture sémantique cache mal votre intention de mettre à mal la loi de 1905. D’ailleurs si vous dites que vous ne voulez pas “modifier ses grands équilibres”, c’est bien que vous voulez en changer les “petits équilibres”. Vous revenez donc à votre idée de “toilettage”, même si, comme vous le reconnaissez, “les Français ne le souhaitent pas”. Allez-vous opérer une trahison de la démocratie comme pour le traité de Lisbonne qui ouvre la porte à la loi coranique en l’Europe, et en particulier dans son ventre mou qu’est la France ?
Quel est ce “toilettage” que vous appelez de vos vœux pieux ? Vous le dites à mots voilés : “il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer”. Autrement dit, de financer la formation d’imams et la construction de mosquée avec l’argent du contribuable laïque et républicain. Ayez au moins le courage de le dire franchement aux Français !
Car qui remet en cause la laïcité en France, à part les responsables musulmans ? Ni les Chrétiens, ni les Juifs, ni les Bouddhistes, ni les Athées. C’est donc bien sous la pression islamique, et elle seule, que vous remettez en cause ce vivre ensemble laïque et républicain. Certes, quelques rares idiots utiles de cet islamisme s’engouffrent dans la brèche, mais on les trouvera davantage à l’extrême-gauche ou chez des bobos-cathos que dans la majorité du peuple de France.
Vous poussez l’audace du paradoxe jusqu’à rappeler “la mémoire des moines de Tibhérine et de Monseigneur Pierre Claverie, dont le sacrifice portera un jour des fruits de paix” (sic !). Par qui ont-ils été égorgés, monsieur le Président-Chanoine, sinon par des gens mus par une “espérance” de vie éternelle au paradis d’Allah ? En Algérie, il se construit une mosquée par jour depuis l’indépendance. Oseriez-vous prétendre que cela “portera un jour des fruits de paix” ? Est-ce pour fuir ces “fruits de paix” et les “sacrifices” qui vont avec que les jeunes Algériens vous demandent des visas ? Est-ce pour fuir ces “fruits de paix” que les Juifs ont déserté les trois pays d’Afrique du Nord depuis le départ des Français ? Pourquoi, selon vous, préfèrent-ils la communauté française ou israélienne à la oumma islamica ? Pour vous paraphraser, je vous dis que ce sont des “faits”, et que vous avez beau les ignorer ou les déformer : ils sont “incontournables”.
Il est vrai que votre prestation algérienne n’était guère plus convaincante que vos interventions romaines :
Vidéo «Finkielkraut» : http://youtube.com/watch?v=goCQygZICxg
Cette “espérance” là, curieux mélange de catholicisme rigoriste et de patronages islamiques, cette pseudo “espérance” qui jette l’eau des Lumières avec le bain de mai 68, je n’en veux pas, Monsieur Nicolas Sarkozy, et les Français non plus. Les Algériens non plus, d’ailleurs. Et suite à vos piteuses frasques avec Kadhafi, même les intellos de gauche qui vous soutenaient vous disent désormais non.
Vous dites à vos nouveaux amis et collègues romains : “sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation”. Après avoir lu votre discours, je vois d’autres choses communes entre vous et eux : l’art jésuitique de la périphrase et de l’esquive, et le fait de se croire investi d’une autorité divine et supra-démocratique, ce que vous dites par “appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur”.
Cette théocratie islamo-catholique, je n’en veux pas, Monsieur Nicolas Sarkozy, et les Français non plus, qu’ils soient “de souche” ou “issus de l’immigration”.
Votre manœuvre ne marche pas. Vous pensez piéger les ouailles de nos paroisses en parlant des “racines chrétiennes de la France” pour faire passer la pilule du financement de l’islam par la République. C’est raté, Monsieur le Chanoine de la République. Ni les Chrétiens, ni les Juifs, ni les Athées, ni aucun Français ne tomberont dans ce piège grotesque, car nous sommes tous des victimes réelles ou potentielles des prescriptions racistes et sexistes du Coran et de Mahomet.
Contrairement à ce que vous affirmez, la ligne de partage ne passe pas entre ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas. Elle passe entre ceux qui subissent la charia, depuis Robert Redeker, menacé de mort, jusqu’à la «beurette» insoumise, lapidée ou violée, en passant par les kippas juives ou les repas chrétiens interdits de cité dans certaines écoles de la République, et ceux qui prônent plus ou moins la charia ou qui feignent d’en ignorer les textes prescripteurs.
Les premiers sont tous unis dans une communauté française qui affirme son identité et son unité démocratique sans aucun complexe. Les seconds n’ont pas “vocation à rester en France”, comme vous le disiez dans vos discours de campagne que vous reniez aujourd’hui. Vous pensiez troquer une vague extension des lois sur les signes religieux ostentatoires contre une “pax islamica” dans les banlieues françaises. 14 siècles d’histoire de l’idéologie mahométane nous montrent que nous en ferions tous les frais, qu’on croit au Ciel ou qu’on n’y croit pas.
Vous avez posé le problème de fond lors de votre campagne présidentielle : trois décennies d’incurie politique ont laissé immigrer, sans aucun contrôle ni aucune volonté d’intégration ou d’assimilation, des millions de personnes d’origine musulmane (que vous assimilez d’ailleurs autoritairement à des musulmans croyants, ce qui montre une curieuse conception de la liberté religieuse). Nous pouvons travailler ensemble à la résolution de ce problème de fond, mais votre solution qui consiste à les ré-islamiser aux frais du contribuable est un remède pire que le mal, car elle ne ferait qu’accroître le fossé entre eux et nous, et les risques de guerre civile consécutifs à ce fossé.
Dans la conjoncture internationale actuelle, cela constituerait aussi un appel d’air pour tous les fanatiques islamiques du monde, ce qui évidemment aggraverait les dangers mortels pour la France et les Français. Nous ne vous suivrons jamais sur ce terrain suicidaire, surtout à l’heure où les pays musulmans amorcent une occidentalisation et une laïcisation nécessaires à leur survie. Tout cela augmenterait ipso facto le débit de votre pompe à barbus catalysée par votre projet d’“union méditerranéenne” qu’aucun Français n’a jamais réclamée.
Du CFCM jusqu’à votre périple algérien et à la visite de Kadhafi, votre politique pro-islamique montre à nos concitoyens son échec patent et le reniement de certaines de vos promesses électorales. Et vous osez rappeler à Rome les “racines chrétiennes de la France” pour mieux y implanter un greffon islamique ? Quelle mascarade grotesque ! Attendez-vous à de sérieux phénomènes de rejet, qui se traduisent déjà dans les sondages d’opinion et qui se confirmeront bientôt dans les urnes.
© Francis Percy Blake pour LibertyVox
Dessins par Porkinette, photos par FPB et agences
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© Francis Percy Blake pour - Article paru le 22/12/2007 | |
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