LIEBERMAN, L'HOMME IDIOT ET SAGE

Publié le par shlomo

JERUSALEM POST,  18 janvier 2008

Par Caroline Glick
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Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
 
Sur la question de Jérusalem unie et indivisible, je peux rassurer le public…
Israël ne commettra pas de suicide à Annapolis !
Nous laisserons les Américains tirer sur la gâchette.
A la fin de la Deuxième Guerre du Liban, Israël gronda au bord d’un volcan politique. Des réservistes démobilisés marchèrent vers Jérusalem en exigeant la démission du Premier Ministre Ehud Olmert, à la suite de sa conduite incompétente de la guerre.

Au moment où les protestations des réservistes prenaient de la vigueur, Avigdor Lieberman, chef du Parti de Droite ‘Israel Beiteinou’, sauva le gouvernement en le rejoignant. Sans vraiment marchander le prix qu’Olmert serait prêt à payer pour son soutien surprenant, Lieberman se joignit au gouvernement dans le rôle mal défini et impuissant de ministre des affaires stratégiques.
Lieberman défendit son choix sur des fondements patriotiques. Les menaces planant sur Israël  – en particulier de l’Iran – sont si grandes, mettait-il en avant, que le pays ne peut pas se permettre une instabilité politique que de nouvelles élections provoqueraient.  Dans les circonstances dangereuses présentes, il déclara que tous les patriotes devaient mettre de côté leurs différences pour défendre le pays – sous la conduite d’Olmert.
Hélas, même si ses motivations étaient aussi pures qu’il l’affirmait, sa décision était mal avisée. Ce même gouvernement qui avait conduit Israël à la défaite contre le Hezbollah, prolongeait son incompétence après la guerre, au point que la rationalité stratégique d’Israël était tellement en lambeaux qu’elle en était méconnaissable.
La question aujourd’hui est de savoir ce qui va se produire politiquement à la suite du départ de Lieberman du gouvernement Olmert. Sa sortie sera-t-elle aussi insignifiante que sa position au ministère, ou va-t-elle déclencher la désintégration du gouvernement comme son entrée l’avait sauvé ?
Tous les yeux sont tournés vers le Parti Shas aujourd’hui. Avant la décision de Lieberman de se retirer de la coalition, le dirigeant du Shas, et Premier Ministre adjoint Eli Yishai, dit à Lieberman que si le gouvernement conduisait des négociations sur le statut de Jérusalem, son parti lâcherait la coalition. Sa promesse était curieuse puisque, à la veille de la faire, la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni entamait des négociations avec les Palestiniens sur Jérusalem.
Avec Lieberman désormais dans l’opposition, il est difficile de s’imaginer le Shas restant au gouvernement encore longtemps. Bien qu’Olmert essaie de convaincre le parti ultra orthodoxe de rester au Conseil en recréant le ministère des affaires religieuses, comme le chef de l’opposition et président du Likoud Benyamin Netanyahou l’a dit récemment, les électeurs de Shas ne seront pas impressionnés si leur parti échange Jérusalem contre le contrôle des bains rituels et des conseils religieux.
Si le parti Shas se retire, Olmert resterait avec une minorité gouvernementale de 55 membres à la Knesset – six manquant pour une majorité. Mais avec le soutien de la Gauche radicale, Olmert serait en mesure de survivre à une motion de censure. Mercredi dernier, Yossi Beilin annonça que le parti  Meretz, avec ses cinq sièges, bloquerait une telle motion. Les partis arabes, avec leurs 10 sièges, protègeraient aussi Olmert de nouvelles élections. Aussi le départ de Shas ne ferait pas encore tomber le gouvernement. D’autres doivent aussi partir. Et il y a deux groupes qui peuvent faire pencher la balance. D’abord, le Parti travailliste pourrait lâcher la coalition, après la publication par la commission Winograd de son rapport final sur la guerre du Liban à la fin du mois.
Le chef du Parti travailliste et ministre de la défense Ehud Barak est placé sous une pression énorme et croissante de la part des réservistes, de tenir la promesse qu’il fit l’an dernier, de placer les travaillistes hors du gouvernement si le rapport détermine qu’Olmert a échoué dans la conduite de la guerre. Hélas, Barak fait aujourd’hui tout ce qu’il peut pour se dégager de cette promesse.
Barak sait que si les travaillistes quittent le gouvernement, c’est le Likoud, et pas les travaillistes, qui sera élu pour former le prochain gouvernement. Et donc à présent, il préfèrerait rester avec Olmert que de permettre au peuple d’élire Netanyahou.
Mais comme Yishai et Lieberman, Barak sait aussi qu’en fin de compte, il doit prendre en compte les exigences de ses électeurs. La colonne vertébrale du Parti travailliste est le mouvement kibboutzique. Et le mouvement kibboutsique envoie toujours ses fils servir dans les unités combattantes. Les fils du mouvement kibboutzique ont servi dans la Deuxième Guerre du Liban. Ils attendent de Barak qu’il respecte sa promesse. S’il ne le fait pas, ils lui feront payer sa mauvaise foi. Et il le sait.
Si Barak va à la prochaine élection – aujourd’hui programmée en 2010 -  comme l’homme qui a menti à ses électeurs et a maintenu Olmert au pouvoir, ses ennemis politiques le discréditeront. D’un autre côté, s’il tient parole, il est possible que même s’il perd les élections générales contre Netanyahou, il puisse rejoindre une coalition conduite par le Likoud ou, avec une crédibilité intacte, il pourra se positionner pour remplacer Netanyahou dans une future élection.
Ensuite, il y a l’éventualité que 11 membres des 29 personnes composant le Parti Kadima à la Knesset lâchent ce Parti pour former un nouveau Parti indépendant. Avec Israel Beiteinou et Shas hors de la coalition, si une faction de 11 membres de Kadima quittait le gouvernement, l’opposition disposerait des 61 voix requises pour faire passer une motion de censure, et imposer des élections anticipées.
Le ministre des transports Shaul Mofaz s’est déjà distingué comme dirigeant en puissance d’une telle faction. Dans un discours la semaine dernière, Mofaz a mis carrément la défaite d’Israël au Liban sur les épaules d’Olmert.
Et le ministre de la sécurité publique Avi Dichter a critiqué sans détours la mauvaise gestion par Olmert de la situation à Gaza, et du programme nucléaire de l’Iran. Etant donné que les sondages montrent une attrition à 10 mandats pour Kadima dans la prochaine élection, bon nombre de députés de Kadima intéressés par leur avenir politique, seraient heureux de se joindre à un Parti de rupture. Des électeurs mécontents du Parti travailliste, tenant grief à Barak de refuser de démissionner du gouvernement, mais refusant de voter pour le Likoud, trouveraient probablement un nouveau gîte électoral avec les échappés du Parti Kadima.
L’analyse ci-dessus n’est pas un simple bavardage. Aujourd’hui, la question la plus pressante à laquelle Israël est confronté est : Combien de temps nos politiciens vont-ils permettre à Olmert et au parti Kadima de se maintenir au pouvoir ?
Dans chaque sphère du gouvernement, l’équipe d’Olmert fait chavirer le pays. A l’intérieur, Olmert supervise la disparition du système d’éducation. Cela est largement dû à sa faiblesse politique. Cette faiblesse l’a rendu incapable depuis deux mois de contraindre les enseignants des lycées d’Israël à mettre fin à leur grève. Olmert s’est tenu de côté et n’a rien fait pendant que les enfants de la nation marchaient dans les rues et arpentaient les centres commerciaux, sans recevoir d’éducation.
Et puis il y a les universités publiques, qui du fait de la grève prolongée des conférenciers du supérieur, envisagent d’annuler le premier semestre. Plutôt que de faire peur aux conférenciers – dont les exigences salariales sont injustifiables – en menaçant de faire passer le financement gouvernemental d’universités publiques vers des universités privées, et d’approuver l’ouverture de davantage de collèges et d’universités privés, Olmert s’est bien calé pour voir le système universitaire s’effondrer.
Et puis il y a les menaces sécuritaires, qui grandissent à mesure des actions et inactions du gouvernement Olmert. Bien que le dirigeant du Fatah Mahmoud Abbas refuse de reconnaître l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif, et bien que les forces de sécurité d’Abbas soient activement impliquées dans le terrorisme et collaborent avec le Hamas et le jihad islamique dans leur offensive de missiles contre Israël, Olmert et Livni négocient un accord qui rendrait Israël indéfendable, afin de « renforcer » Abbas, le modéré.
De même, pour « renforcer » Abbas, Olmert repousse les appels de Tsahal en vue de prendre le contrôle de Gaza, et de vaincre et désarmer l’armée du Hamas, entraînée par l’Iran, financée par l’Iran et l’Arabie saoudite, et soutenue par l’Egypte. Non seulement les incursions limitées de Tsahal dans Gaza ne sont pas en mesure de mettre fin aux attaques de roquettes et de missiles sur le Sud d’Israël, mais elles servent à enseigner au Hamas les tactiques de Tsahal. A présent, du fait de l’incompétence d’Olmert, le Hamas détient tous les avantages.
Mais Olmert et son gouvernement ne s’en soucient guère. Comme son porte-parole l’a expliqué après qu’Olmert ait accepté la démission de Lieberman mercredi dernier, du point de vue d’Olmert : « Il n’y a pas d’alternative à des négociations diplomatiques sérieuses pour parvenir à la paix… Le Premier Ministre est déterminé à poursuivre les pourparlers diplomatiques parce qu’il reconnaît que c’est la seule vraie chance de garantir la paix et la sécurité pour les citoyens d’Israël ». Aussi il ne peut pas y avoir de campagne sérieuse contre le Hamas – seulement des pourparlers avec le défenseur en chef du Hamas, Abbas.
Et puis il y a le Liban. Olmert et Livni continuent de soutenir que la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui a mis fin à la guerre avec le Hezbollah, a été une grande réalisation diplomatique et stratégique. Mais c’est un mensonge. Avec la 1701, le Hezbollah a reconstruit et étendu son arsenal de missiles à des niveaux supérieurs à ceux d’avant la guerre de l’été 2006. Avec la 1701, le Hezbollah a réaffirmé son contrôle sur le Sud Liban et renouvelé l’intimidation des forces de l’ONU d’avant la guerre, au point qu’elles sont devenues un handicap stratégique pour Israël. Avec la 1701, et en collaboration avec la Syrie et l’Iran, le Hezbollah est parvenu à paralyser avec succès le gouvernement libanais en bloquant les élections présidentielles. Sa cooptation de la part de l’armée libanaise - déjà apparente pendant la guerre – a atteint de nouveaux sommets.
De même pour l’Iran, depuis sa prise de fonction, le gouvernement Olmert est resté en touche alors que la communauté internationale conduite par les USA n’a rien fait pour empêcher Téhéran d’acquérir des armes nucléaires. Aujourd’hui, à la suite de l’« US National Intelligence Estimate » [l’Estimation Nationale du Renseignement des USA, Ndt] qui a exclu l’option d’une attaque des USA contre des installations nucléaires de l’Iran, Olmert demeure inactif. Il ne fait rien, alors que la République Islamique démontre ouvertement sa capacité à attaquer Israël avec des têtes nucléaires expédiées par des missiles. Il ne fait rien alors que l’Iran augmente ouvertement son enrichissement d’uranium, et évoque le jour où Israël n’existera plus.
La semaine dernière, Olmert s’est félicité avec effusion de l’amitié du Président des USA George W. Bush pour Israël. Et pourtant, pendant tout son voyage en Israël et dans l’Autorité Palestinienne, aussi bien Bush et la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice ont dit clairement que l’administration Bush n’est plus l’amie d’Israël. Bush n’insiste plus pour que les Palestiniens mettent fin à leur guerre terroriste contre Israël avant qu’ils puissent avoir un Etat. Bush insiste sur la nécessité pour l’Etat palestinien de disposer de la « continuité territoriale ». Cela signifie qu’il soutient la division d’Israël en deux parts également indéfendables.
Bien qu’Olmert souligne que les USA prendront en charge le programme nucléaire de l’Iran pour Israël, Bush a pris la peine de faire savoir clairement qu’Olmert a tort de croire en lui. Le Président des USA a dit que si l’Iran attaque Israël, les USA viendront à l’aide d’Israël. Cela signifie que les USA n’agiraient contre l’Iran qu’après que des centaines de milliers d’Israéliens auraient été tués dans une attaque nucléaire. C'est-à-dire que les USA n’agiront que quand il sera trop tard pour faire quoi que ce soit, sauf d’empêcher Israël d’exercer des représailles. En bref, loin d’améliorer la relation d’Israël avec les USA, dans son ineptie infinie, le gouvernement Olmert en est presque venu à la détruire.
Un vieux proverbe juif explique la différence entre un homme sage et un homme intelligent. Un homme sage, dit-il, est celui qui sait comment se sortir d’un désastre où un homme intelligent n’aurait jamais mis les pieds.
Lieberman a agi sagement cette semaine en démissionnant du gouvernement. Le plus grand défi auquel le peuple israélien est confronté aujourd’hui est de convaincre le parti Shas, et soit le parti travailliste ou 11 parlementaires de Kadima, ou les deux, de suivre promptement ses traces.
 

Publié dans ISRAEL

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