SYRIE : LES KURDES FETENT NOROUZ DANS LE SANG
Est-ce le début d’une intifada kurde ?
par Mediarabe.info
L’Observatoire syrien des droits de l’homme lance, cette nuit, un appel au président syrien Bachar Al-Assad pour faire cesser les provocations commises par des agents du pouvoir contre les Kurdes désarmés, à Qamichli, la ville frontalière de la Turquie, au nord-est de la Syrie.
Et pour cause, l’Observatoire affirme que des jeunes kurdes ont subi des tirs, jeudi 20 mars, en provenance de policiers syriens, dans la ville de Qamichli. Les kurdes fêtent Norouz, la fête traditionnelle des Kurdes, marquant le début du printemps. En début de soirée, des jeunes se sont rassemblés pour allumer des bougies, pacifiquement. Ils ont été provoqués par les policiers, avant d’essuyer leurs tirs. L’Observatoire déplore au moins deux morts et cinq blessés graves ; tous atteints par balles réelles, tirées à bout portant. Les tirs ont été entendus pendant une partie de la soirée et la tension est à son paroxysme. D’autant plus que la police syrienne a encerclé les dispensaires de la ville, empêchant les citoyens de venir donner leur sang pour sauver les blessés. Les mosquées de la ville lancent des appels aux donneurs de sang, en vain. Les accès à Qamichli sont fermés cette nuit, notamment la route menant à Hassaka. L’Observatoire des droits de l’homme appelle Bachar Al-Assad à intervenir et à faire cesser les provocations et les assassinats commis de sang froid contre la population kurde. Les responsables de la communauté mettent en garde contre une implosion semblable à celle de mars 2004, quand la répression policière syrienne des supporters d’une équipe de football kurde avait fait une vingtaine de morts. Les Kurdes réclament que les policiers qui ont fait usage excessif de leurs armes, cette nuit, soient présentés à la justice, pour apaiser les esprits. Par ailleurs, d’autres sources syriennes, non encore confirmées, font état cette nuit d’accrochages sanglants entre la police et les Kurdes, qui auraient fait une trentaine de morts, notamment dans les villes d’Alep et à Amouda. Le régime syrien fait part d’une extrême nervosité, et craint une nouvelle intifada kurde dans les régions frontalières avec l’Irak, qui faciliterait l’ingérence des Kurdes irakiens, excédés par le comportement de Damas. Les Kurdes d’Irak n’ont cessé de dénoncer le terrorisme qu’exporte la Syrie vers leur pays, et ont déjà menacé de riposter. La réaction meurtrière de Damas vise aussi à réprimer dans l’œuf de toute tentative de soulèvement, profitable à l’opposition, et exploitable par la communauté internationale pour accentuer ses pressions sur le régime. Enfin, Damas veille à la sécurité à la veille du sommet arabe (29-30 mars). Il ne peut tolérer le moindre problème sécuritaire qui serait utilisé comme alibis par les dirigeants arabes pour boycotter le sommet. Plusieurs interlocuteurs Syriens, contactés cette nuit par MediArabe.info, osent espérer que « les événements de Norouz 2008 soient l’étincelle qui allumera l’intifada en Syrie, et qu’elle soit le début de la fin du règne des Assad, avec son lot de morts et de prisonniers, sacrifiés sur l’autel de la lutte contre le sionisme et l’impérialisme, sans tirer le moindre coup de feu contre l’occupation israélienne du Golan ».
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