UNE PALESTINE "JUDENREIN "

Publié le par shlomo

Par Moshe Arens

pour Haaretz


Thème : Proche-Orient

Titre original : Judenrein Palestine
Traduction : Ojectif-info


Pourquoi la fermeture des avant-postes en Judée et en Samarie semble-t-elle une mission impossible pour le ministre israélien de la défense ? Presque tout le monde convient qu'ils ont été créés illégalement. Comme toutes les structures illégales dans un pays où la force de la loi prévaut, ils auraient dû en premier lieu n'avoir jamais été édifiés, et en second lieu être supprimés. Mais derrière l'intention du gouvernement de les faire disparaître, il y a un fantôme qui menace. C'est celui du déracinement des colons du Goush Katif. Les colons du Goush Katif étaient là depuis de nombreuses années et leurs implantations étaient parfaitement légales, personne ne le contestera. Cependant, ils ont été arrachés de force de leurs foyers sur les ordres du gouvernement israélien.


Le déplacement des colons de leurs foyers de Gaza faisait partie d'une politique, ou si l'on préfère d'une idéologie, qui n'a pas d'autre nom que la Palestine "Judenrein". En d'autres termes, certaines parties de la Palestine occidentale, ou pour utiliser la terminologie généralement admise en Israël, certaines parties de la terre d'Israël, doit être nettoyée de tous les juifs présents. C'est la politique avouée du gouvernement Olmert, et c'est vraisemblablement la position de négociation de Tzipi Livni dans ses entretiens avec ses homologues palestiniens.

Peut-on blâmer beaucoup d'Israéliens, dont ceux qui ne sont pas favorables à l'édification des avant-postes illégaux, de se sentir peu enthousiastes devant la perspective d'une fermeture des avant-postes, quand cette fermeture est considérée comme le prélude à la suppression de force des implantations de Judée et de Samarie qui ont été créées légalement, comme l'étaient celles du Goush Katif ?

L'idée de proscrire la présence de tous les juifs d'une région donnée est naturellement répugnante pour tous ceux qui ne sont pas disposés à refuser à quelqu'un des droits en raison de son origine ethnique ou religieuse. Elle rappelle les plus mauvais souvenirs de la tragédie qui est arrivée au peuple juif au cours de la deuxième guerre mondiale. D'autant qu'on l'applique à une partie de la terre d'Israël et qu'elle est également contraire aux fondements mêmes du sionisme, un mouvement basé sur le droit des juifs à s'installer et à vivre sur leur terre, un droit qui a reçu une reconnaissance internationale.

Mais, les ministres du gouvernement Olmert, de nombreux citoyens israéliens s'affirmant comme des sionistes convaincus, et naturellement ceux qui ne réclament pas d'une telle affiliation, tous d'opinion libérale, souscrivent à ce concept. Vraisemblablement, c'est parce qu'ils considèrent que cette vision fait partie intégrante de la paix avec les Palestiniens. De quel genre de paix s'agit-il si aucun juif n'est autorisé à vivre dans les frontières d'un état voisin d'Israël ?

La politique d'implantation tolérée par les gouvernements israéliens successifs et encouragée par le mouvement des colons des années durant, a créé une mosaïque d'implantations dispersées dans toute la Judée et la Samarie, en dehors des grands blocs d'implantation. En fait, le Goush Katif et le Goush Etzion étaient les seuls grands blocs d'implantations au delà de la ligne verte, et le premier n'existe plus. L'architecte de cette stratégie d'implantations n'était autre qu'Ariel Sharon, qui a invité pendant des années les colons à occuper les "hauteurs."

Et c'est lui qui, en tant que premier ministre, a si aimablement reçu Talia Sasson dans son bureau où elle lui a présenté un rapport démontrant que de nombreux avant-postes qu'il avait encouragés et autorisés étaient illégaux, chose dont il était tout à fait conscient. Ils ont dû rire, tous deux, au cours de cette réunion.

On convient généralement qu'Israël ne doit pas incorporer dans ses frontières toute la Judée et la Samarie, avec leur importante population arabe. Mais cela a-t-il nécessairement pour conséquence que toutes les zones non incorporées dans les frontières d'Israël doivent être nettoyées de toute présence juive ? Les représentants palestiniens actuellement engagés dans des négociations fantômes avec la ministre israélienne des affaires étrangères sont de toute façon incapables de prendre et de mettre en œuvre quelque engagement que ce soit.

Mais si des négociateurs palestiniens sérieux apparaissaient, il faudrait leur faire clairement savoir que la poursuite d'une présence juive dans les territoires sur lesquels ils exerceront leur souveraineté à l'avenir, et l'assurance de sa sécurité, feront partie d'un accord de paix durable avec Israël. Un accord qui n'inclurait pas une telle disposition ne serait pas digne de s'appeler un accord de paix.

Publié dans ISRAEL

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