Sadot Philippe in LES4VERITES La pression palestinienne à la frontière entre l’Égypte et la Bande de Gaza ne fait qu’empirer : 1,5 million d’Arabes ont fui l’incurie de la gestion de ce territoire de l’Autorité Palestinienne administré par le Hamas depuis son coup de force en juin 2007 face au Fatah de Mahmoud Abbas. Le responsable du Fatah, en visite au Caire, a réitéré le 30 janvier dernier son refus de négocier avec le Hamas, si ce dernier n’acceptait pas les conditions avancées par l’Autorité palestinienne. C’est-à-dire entre autres, qu’il n’y aurait pas de négociations à moins que les responsables du Hamas ne « regrettent le coup d’État » et ne reconnaissent la légitimité internationale de Mahmoud Abbas. « Si ce n’est pas le cas, le dialogue avec eux n’aura aucun intérêt », a ajouté M. Abbas. Pour conclure le président de l’Autorité Palestinienne conditionne la reprise du dialogue avec le Hamas à deux éléments : il doit exprimer le regret d’avoir pris le contrôle de Gaza et ramener la situation au statu quo ante. Le Hamas refuse toujours ces conditions énumérées. De facto en sécession, le Hamas est, de plus, en hostilité ouverte avec l’État hébreu qu’il bombarde régulièrement entraînant les ripostes légitimes de Jérusalem : éliminations de certains responsables et bouclage des frontières israélo-palestiniennes, cause invoquée de l’exode vers la République Arabe Unie (RAU). Quels constats et quelles conclusions peut-on tirer de cette situation ? Le premier constat est l’incapacité du Hamas à gérer de façon cohérente ce fragment côtier de l’Autorité Palestinienne depuis l’élimination de la composante Fatah en juin 2007. Le Hamas s’était imposé par ses diatribes islamiques et la dénonciation légitime de la forte corruption qui touchait les dirigeants de l’Organisation Libération de la Palestine (OLP). Mais la disparité entre le dénuement de la majorité des Gazaouis et l’opulence de la nomenklatura du Hamas n’en apparaît que plus choquante. Rien n’a changé depuis bientôt un an, et cette fuite organisée, résultat du blocus israélien, par le mouvement islamiste afin de faire monter la pression entre les protagonistes de la région ne semble qu’être un dérivatif en montrant l’État juif comme l’éternel ennemi du peuple palestinien… Vieille rhétorique, face visible d’une vision politique bornée et bloquée ! Le Caire, en première ligne ne peut rester indifférent à cet état de fait. Tolérant pour le moment, Hosni Mubarak, président égyptien doit lutter sur trois fronts. Contre sa population, largement favorable aux Palestiniens (rappelons que la Bande de Gaza était territoire égyptien avant juin 1967), contre les Frères Musulmans dont le Hamas en est une des émanations, et contre Israël avec qui la RAU est en paix depuis 1979. En résumé, le Rais devra faire preuve d’équilibriste pour ne pas être dépassé par cette situation propice aux ambitions du Hamas. Fragilisant le régime de Hosni Mubarak : infiltration de terroristes en Égypte, augmentation des prix dans la mégapole cairote… Les marges du Caire sont étroites : répondre militairement à une prochaine invasion des « frères arabes » entraînerait sans doute un schisme entre l’opinion et le régime. Quant à laisser faire, au risque de se retrouver avec un abcès palestinien, comme la Jordanie avant 1970… Le Hamas et les islamistes de tout bord seraient ravis de s’emparer définitivement du Caire, bouleversant la donne géopolitique du Moyen-Orient, de la Méditerranée et, à terme, de l’Europe… Autre protagoniste : la Cisjordanie du Fatah. Ne pouvant s’opposer militairement au Hamas, Ramallah ne peut compter que sur les bons offices de ses alliés arabes, aussi des États-Unis d’Amérique et, bien sûr, d’Israël. Il me semble qu’une bonne occasion s’offre ainsi pour le gouvernement hébreu de liquider la frange islamiste : partenaire objectif de M. Abbas, Ehoud Olmert peut nettoyer la Bande de Gaza et la remettre au Fatah… Rappelons aussi que l’ambassade israélienne a été la cible d’attaques en Mauritanie le 1er février dernier. Or, l’assassinat en juin 1982 d’un attaché d’ambassade hébreu à Londres avait été le prétexte de l’Opération « Paix en Galilée » pour déloger l’OLP du Liban |