LE HEZBOLLAH, MAITRE DU SUD-LIBAN
Le reproche principal qui a été fait aux responsables politiques et militaires après la Deuxième guerre du Liban, est d'avoir laissé pendant 6 ans et sans réagir, le Hezbollah s'armer et devenir une véritable armée opérationnelle. Depuis la sortie précipitée de Tsahal du Liban en l'an 2000, la "politique de l'autruche" avait été de mise", en témoignent les révélations sur les avertissements qu'avaient reçus par exemple Ariel Sharon de la part des Renseignements, mais qu'il avait balayés d'un revers de la main: "Ce n'est pas le moment!" Les raisons qui guidaient les différents gouvernements étaient diverses: désir de ne pas enflammer la frontière nord, conception stratégique erronée, confiance exagérée dans les pressions internationales sur la Syrie, concentration des efforts sur les préparations au désengagement du Goush Katif etc..
Interrogé dimanche sur les ondes de Kol Israël, le ministre Rafi Eitan assurait que "ni la Syrie ni le Hezbollah n'étaient sur le chemin de la guerre, chacun ayant subi une lourde défaite qui les a calmés: les premiers avec la destruction du site nucléaire, et les derniers lors de la Guerre du Liban". Mais les choses sont-elles si simples? Peut-on une nouvelle fois attendre les bras croisés jusqu'à la prochaine explosion? La Commission Winograd n'a-t-elle pas été claire sur les failles qui ont précédé le conflit de 2006?
La situation du Sud Liban a été l'un des sujets centraux des discussions de la rencontre qui s'est déroulée hier lundi entre le ministre des Transports Shaoul Mofaz, et la Secrétaire d'Etat US, Condoleezza Rice. Mofaz, qui dirige la Commission Israélienne du Dialogue Stratégique avec les Etats-Unis, est allé aux Etats-Unis pour préparer la prochaine réunion de cette Commission qui comprend une quinzaine d'experts israéliens et américains, la partie américaine étant dirigée par Eliot Cohen.
Le ministre israélien a fait part à Condoleezza Rice de "l'inquiétude d'Israël quant à l'évolution rampante de la situation au Sud-Liban". Selon Mofaz, "la Sud-Liban est à nouveau et totalement sous l'emprise du Hezbollah. L'organisation terroriste a réussi à doubler son arsenal en missiles de longue portée, grâce notamment à l'approvisionnement sans relâche en provenance de Syrie. Il est clair que le Hezbollah se prépare à une nouvelle confrontation". "En résumé", constate le ministre, "la résolution 1701 du Conseil de Sécurité a été complètement vidée de son contenu". Il a également montré du doigt les forces de l'UNIFIL pour leur "inefficacité quand ce n'est pas leur passivité volontaire face aux agissements du Hezbollah". On se souvient de l'incident lors duquel des soldats de l'ONU s'étaient enfuis sous la menace des armes de terroristes, après avoir surpris un camion qui transportait des armes.
Mofaz a également profité de cette entrevue et de l'évocation du Hezbollah pour donner son avis sur les derniers développements concernant le dossier syrien: "Céder le Golan aux Syriens c'est permettre à l'Iran de s'y installer. Entre le Hamas au sud d'Israël, le Hezbollah au sud-Liban et les Iraniens sur le Golan, Israël serait ainsi entouré de trois bases avancées de l'islam chiite iranien. le Golan est un atout stratégique auquel Israël ne peut se permettre de renoncer."
Mofaz fait partie des "rebelles" de Kadima, et s'opposerait probablement ouvertement à Ehoud Olmert si ce dernier avançait dans le dossier syrien.