Iran : Le missile utile !
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La description de ce lancement nocturne a en fait deux versions, l’une iranienne que l’on retrouve sur le site de l’IRNA, agence de presse dirigée par les Gardiens de la révolution et l’autre résolument plus anxiogène concoctée par un certain Pierre Célerier de l’AFP sur une base d’informations transmises par l’IRNA. La version iranienne insiste sur le caractère pacifique des activités scientifiques de l’Iran alors que la version française insiste sur le caractère hautement militaire de l’affaire. Or, Téhéran, qui ne se prive pas de virer un directeur du bureau de l’AFP-Iran quand une information ne lui convient pas, n’a nullement démenti cette version anxiogène de Célerier.
Cette version anxiogène convient en fait aux mollahs : cela fait plusieurs années qu’ils revendiquent posséder ce missile. Pendant longtemps, ils ont relancé les rumeurs sur son existence avec de prétendus tests, mais les tests n’étaient ni homologués, ni faits sur le territoire iranien qui dans sa diagonale dépasse 2000 Km. Depuis deux ans, pour refaire parler de ce missile, ils évoquent des travaux aérospatiaux. Ces récits de lancement de satellite n’ont pas convaincu les occidentaux et c’est pourquoi Téhéran a changé de tactique. Ce n’est pas le régime qui évoque une capacité balistique importante, mais un journaliste faisant un commentaire [1] que le régime ne dément pas. Ceci satisfait pleinement Téhéran qui préfère de toute façon les mystères anxiogènes à des preuves éclatantes d’une vraie puissance de feu.
Que l’IRNA ou les Pasdaran agissent ainsi, c’est l’ordre normal des choses dans le domaine de la propagande, mais la portée d’un missile n’est d’aucune utilité pour placer un satellite en orbite. La caractéristique qui compte est l’apogée du missile lanceur, c’est-à-dire la hauteur qu’il peut atteindre et non sa portée, c’est-à-dire la distance qui peut franchir au sol. Dans le cas de Shahab 3, l’apogée est de 150 Km, mais le missile Shahab 2 d’une portée de 300 à 500 Km a également le même apogée. De ce fait, l’insistance de Célerier sur l’emploi d’un Shahab 3 paraît délibérément anxiogène d’autant plus que Téhéran n’a jamais pu prouver l’existence de ce missile.
Qu’il ait agi sciemment ou pas, il permet aux mollahs de faire parler autour de leur capacité de nuisance régionale. Cette dépêche déviante mais tolérée par les mollahs est une tentative de restauration de leur capacité de nuisance régionale, capacité démentie par l’impuissance des mollahs à embraser la région pendant la guerre de Gaza. Mais il ne s’agit pas uniquement de cela, Téhéran renoue en fait avec sa politique d’amplification de crise qu’il appliquait quand Bush évoquait un possible recours à la force contre Téhéran.
Dans les 9 premiers jours de sa présidence, Obama a tendu la main vers Téhéran en espérant qu’il en ferait autant dans sa direction. Ces ouvertures ont été sèchement refusées et Obama est revenu à une politique bushienne basée sur l’évocation d’un recours à la force. Sur un fond de célébration des trente ans de la révolution islamique, Téhéran renoue avec sa politique phare d’amplification de la crise. Cela consiste à provoquer l’adversaire pour faire craindre l’éclatement d’un nouveau conflit, en espérant faire céder la partie adverse sous la pression de l’opinion internationale désireuse d’éviter le pire.
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Hier soir, Téhéran a tiré un quelconque missile [2] qui avec l’aide d’un récit anxiogène a réussi à faire montrer la température d’un cran. Les Etats-Unis, la France ou la Grande-Bretagne ont évoqué leur préoccupation. C’est exactement ce que voulait Téhéran : que l’on sorte du processus initié par Obama pour revenir aux tensions de l’ère Bush. Certes ce retour peut se solder par de nouvelles sanctions, mais Téhéran préfère évoluer en cette terre connue qu’en territoire inconnu.
Conscients de cette ruse de Téhéran, les Américains ont élevé la voix tout en minimisant la portée de ce lancement d’un satellite sur une orbite basse [3] [4], afin de ne pas s’engager sur le terrain conflictuel voulu par Téhéran.
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