REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE
Tsahal, "discrédit considérable et injustifié"
De l’enquête minutieuse réalisée par Tsahal suite aux témoignages de plusieurs militaires ayant accusé leurs supérieurs d’avoir librement permis de porter atteinte à des civils palestiniens, il ressort que tous ceux-ci ont été émis sur la base de fausses rumeurs, entendues indirectement, et qui ont été amplifiées. Aucun des soldats n’étaient présents lors des supposés incidents qu’ils ont relatés, et qui n’ont finalement pu être étayés d’aucune sorte de preuve.
Le procureur général de l’armée, le sous-général Avi Mendelblit, qui a décidé de refermer ce dossier, a déclaré : « Il y a lieu de déplorer qu’aucun des intervenants n’ait pris de précaution, et qu’ils aient choisi de présenter des cas graves, bien que sachant pertinemment ne pas avoir eu personnellement connaissance de ceux-ci».
« Il semble » a ajouté Mendelblit « qu’il soit impossible d’estimer l’ampleur exacte de l'atteinte - en Israël et à l’étranger - portée par ces accusations, à l’honneur et la réputation de Tsahal, et aux valeurs morales défendues par l’armée et ses soldats ».
Défense
F-16 et F-15 israéliens au Soudan
Deux hauts responsables sécuritaires israéliens ont confirmé à des journalistes du Times, qu’Israël était bien l'auteur de l’attaque en territoire soudanais d’un convoi d’armes iraniennes destinées au Hamas de la bande de Gaza, et que celle-ci avait été réalisée par de nombreux avions de combat.
Ce sont des appareils de type F-16 qui ont bombardé les 23 camions qui faisaient route vers la frontière du Soudan avec l’Egypte, appuyés par un escadron de protection composé de plusieurs F-15, prêts à intervenir contre d’éventuels avions soudanais.
Après que des photographies prises par des drones sans pilote, également sur place, aient dévoilé que seule une partie du convoi avait été atteinte, les F-16 sont revenus compléter leur tâche, et ces avions, qui ont parcouru une distance totale de 2800 km aller-retour, ont été ravitaillés en vol sur la mer rouge.
Toujours selon ces mêmes sources, les camions transportaient quelque 120 tonnes de matériel militaire, dont des missiles anti-tanks, ainsi que des roquettes Pajar-3 d’une portée d’une quarantaine de km, et dotées d’une tête explosive de 45 kg.
Coalition
30 ministres au gouvernement
Hormis Sylvan Shalom qui doit rencontrer Benjamin Nethanyahou, ce mardi en fin de matinée, l’attribution aux responsables politiques du Likoud des portefeuilles ministériels et autres postes au sein du futur gouvernement - qui sera le plus important qu’ait compté Israël, avec trente ministres - s’est terminée tard dans la nuit.
C’est Youval Steiniz qui sera le prochain ministre des Finances d’Israël, mais c’est Benjamin Netanyahou, a-t-on indiqué dans son entourage, qui exercera la responsabilité de fixer la stratégie économique globale du pays.
Les élus du Likoud qui occuperont un poste au gouvernement - qui rentrera en fonction ce mardi après-midi après le votre de confiance de la Knesset - sont Dan Méridor, Beny Beguin, Leah Nes, Eyov Kara, Moshé Yaalon, Israël Katz, Guidon Saar, Moshé Kahlon, Guilad Erdan, Limor Livnat, Michael Eytan, Yossi Peled, Guila Gamliel, Youli Edelstein et Youval Steinitz.
Politique
Kadima, opposition active
Kadima, le groupe parlementaire actuellement au pouvoir, et qui, dès mardi, conduira l’opposition politique au nouveau gouvernement, a annoncé son intention de demander au secrétariat de la Knesset que le vote de confiance à la nouvelle administration Netanyahou se fasse "à découvert", et non électroniquement, de manière anonyme.
Pour ce faire Kadima n’a besoin que de 20 signatures de parlementaires (alors que 28 députés de ce parti ont été élus à la Knesset).
Or cette mesure risque d’embarrasser principalement les membres du parti travailliste, dont les positions de chacun de ses 13 députés seront alors clairement dévoilées.
Par ailleurs, Kadima a indiqué qu'il présenterait une proposition de loi visant à réduire le nombre des ministres à 18, tout comme l’avait fait Benjamin Netanyahou lui-même, lors de la Knesset précédente.
Social
Droits au chômage pour les indépendants
A la demande du parti Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman, le Likoud a accepté de compléter l’accord de coalition entre les deux formation par un engagement de faire adopter par le gouvernement une loi de protection sociale pour les travailleurs indépendants.
Après sa validation en deuxième et troisième lecture par la 18e Knesset, de nouvelles dispositions permettront aux indépendants de percevoir les allocations chômage, au même titre que les salariés des entreprises israéliennes.
Dans l’amendement signé entre les deux partis, figure également l’annulation de la redevance télé pour les personnes âgées.
Monde arabo-musulman
Le Qatar et Guilad Shalit
Selon le journal libanais al-Akhbar, le président Hosni Moubarak n’assistera pas au sommet de la Ligue arabe qui s’ouvre ce lundi au Qatar, principalement à cause des tentatives de la diplomatie de l’Emirat d’intervenir dans les négociations pour la libération de Guilad Shalit.
D’après des sources égyptiennes, « le Caire a reçu des informations en provenance de contacts français et palestiniens, selon lesquelles le Qatar a offert de payer une somme d’argent illimitée aux ravisseurs de Guilad Shalit, pour les convaincre de le transférer dans leur pays au lieu d’en Egypte», dans le cadre d’un accord pour sa libération.
L’Egypte, selon ces mêmes sources, y voit « une tentative inadmissible d’influer sur son rôle dans les négociations ».
Economie
4,9 milliards de pertes
Le principal actionnaire du consortium Africa-Israël, dont il détient 75% des parts, le milliardaire Lev Levaïev, a annoncé que son groupe avait perdu au cours de l’année 2008, 4,9 milliards de shekels, ce qui représente un record historique absolu de contreperformance d’une entreprise israélienne.
Assurant que la crise était présente dans le monde entier, que les biens immobiliers de la société étaient de grande qualité et répartis dans de nombreux endroits du monde, Levaïev a indiqué que tant que ceux-ci n’étaient pas vendus, la perte n’était que « comptable », et estimé qu’il faudrait entre deux et trois ans pour que les prix remontent.
Africa-Israël avait enregistré en 2007, 4,4 milliards de shekels de bénéfices nets.
Nouvelles brèves
Israël, le 30/03/09
GUILAD SHALIT : Un responsable du Hamas a affirmé que la liste des prisonniers palestiniens à relâcher en contrepartie de la libération de Guilad Shalit, qui sera présentée à Netanyahou, ne changera pas d'un iota par rapport à celle transmise au gouvernement Olmert.
ECONOMIE : Les principaux indices de la bourse de Tel-Aviv ont clôturé en baisse. Le Tel-Aviv-25 a perdu 3,53%, le Tel-Aviv-100, 3,39%, le tel-Tech, 2,97%, et l’indice des valeurs immobilières 3,19%.
SECURITE : Tsahal et le Shabak (sécurité intérieure) ont arrêté dans la région de Ramallah, lors d’une opération conjointe, Kassem Barghouti, 29 ans, un terroriste du Front populaire.
AUTORITE PALESTINIENNE : On estime que le Premier ministre démissionnaire, Salem Fayyad, restera en poste après la date butoir annoncée. Cette démission devait prendre effet en cas de constitution d’un gouvernement d’union Fatah-Hamas, mais au plus tard le 30 mars.
POLITIQUE : La Commission des Finances de la Knesset a autorisé un agrandissement de 30 m², des bureaux auxquels le Premier ministre sortant, Ehud Olmert, a droit pendant cinq ans après avoir quitté ses fonctions.
ECONOMIE : Selon le directeur général démissionnaire de la Banque Hapoalim, Tsvi Ziv, l’institution financière qu’il dirigeait a perdu un milliard de shekels en 2008, suite à la réforme Bah’ar, dans le cadre de laquelle les fonds de pensions des banques ont été vendus aux compagnies d’assurances.
ENVIRONNEMENT : Le ministère de la santé a autorisé les baignades à Tel-Aviv, après que les contrôles (suite à des déversements d’eaux usagées) aient montré que la qualité de l’eau les permettaient. Par contre, à Hertzeliya, les plages restent encore interdites.
CRIMINALITE : La police a retrouvé un container de cigarettes, volé du port d’Ashdod, dont la valeur se chiffre à plusieurs millions de shekels.
SOCIETE : Des inconnus ont lancé des pierres contre un autobus à Nazareth Ilit. Plusieurs vitres ont été brisées et deux voyageurs légèrement blessés.
DEFENSE : Les Etats-Unis avaient prévenu le Soudan d’une attaque imminente sur son sol contre le convoi d’armes à destination du Hamas, visé par des appareils - israéliens selon toute vraisemblance - en janvier dernier.
SECURITE : Une unité de Tsahal a découvert cette nuit, dans la maison d’un Palestinien à Kfar Horsa au sud de Hébron, une arme, des munitions et un couteau de commando.
Nouvelles brèves, International
Monde, le 30/03/09
SOUDAN : Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a demandé au Soudan, lors du congrès de la Ligue arabe qui se tient au Qatar, de revenir sur sa décision d’expulser du pays toutes les organisations humanitaires de la bande du Darfour.
BURKINA FASO : Une embarcation surchargée ayant à son bord plus d’une trentaine de personnes, plusieurs bœufs, des bicyclettes et des motos, a coulé. 15 personnes ont péri noyées, et 21 autres ont réussi à rejoindre la cote à la nage.
TURQUIE : Une trentaine de jeunes gens ont jeté des cocktails Molotov contre des bureaux du parti politique au pouvoir, et contre des banques à la périphérie d’Athènes, causant des dégâts matériels, alors que ces faits de violence se poursuivent depuis qu’un adolescent de 15 ans a été tué par des policiers, il y a plusieurs mois.
AFGHANISTAN : Trois policiers et cinq civils ont été tués lorsqu’un terroriste, déguisé en agent, s’est fait exploser à l’intérieur d’un poste de police au sud de l’Afghanistan.
USA : Un tremblement de terre d’amplitude 5,6 sur l’échelle de Richter a été ressenti dans l’île Kodiak située au sud de l’Alaska. Aucun dégât, ni blessé n’ont été signalés.
COREE DU SUD : Le président de l’Etat, Lee Myung-Bak, s’est déclaré opposé à une réaction militaire aux essais de lancement d’un satellite (soupçonné être un missile balistique de longue portée) par son voisin du Nord.
PAKISTAN : Selon de nouvelles informations (qui semblent contredire le bilan précédent, de 20 membres des forces de l’ordre tués), les autorités ont annoncé que 4 policiers étaient morts lors de l’attaque de rebelles armées contre un centre d’entraînement de la police à Lahore, à l’est du Pakistan, et que 35 autres étaient retenus en otage.
SRI LANKA : L’armée régulière a annoncé avoir tué 39 tigres Tamouls au cours des derniers combats en mer et sur terre.
Médias et Internet
Les mauvaises raisons d'un succès de librairie, par Eric Marty
© LE MONDE 28.03.09 - Eric MARTY
Tout le monde se souvient de quelques énoncés qui, jadis, firent scandale : selon une rumeur venue d'Europe, les chambres à gaz n'avaient jamais existé, selon une autre, émanant du monde arabe, le Temple juif de Jérusalem était une invention des colons sionistes, malgré son attestation par le Coran décrivant Jésus y priant "debout".
Mais avec le siècle qui vient, et qui s'annonce comme redoutable, on aura compris que ces négations-là ne relevaient que du détail. Le livre de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé : de la Bible au sionisme (Fayard, 2008), règle la question de manière définitive. Le peuple juif n'existe pas : divine surprise !
Inutile de faire l'apprenti chimiste pour déclarer l'innocuité du Zyklon B, inutile de jouer à l'archéologue pour faire du Mur des lamentations une excroissance de la Mosquée Al-Aqsa, car si le peuple juif n'est qu'une invention du XIXe siècle sous le paradigme occidental de l'Etat-nation, alors la question est réglée. Certains pourront en conclure d'ailleurs qu'il est bien naturel qu'un peuple qui n'existe pas invente à l'infini des légendes pour attester sa pseudo-existence.
Ce n'est pas ici le lieu de dénoncer les confusions, et surtout le caractère naïvement massif de la thèse du livre de Shlomo Sand. Des spécialistes l'ont fait. Il s'agit de l'oeuvre d'un historien autodidacte dont les informations sont de seconde main, qui mêle les approximations à des choses connues, mais qui sont présentées sous l'angle biaisé de découvertes sulfureuses.
Sand présente le fait qu'il n'y a pas de race juive comme une découverte qui fait du peuple juif une invention historique. Mais ce faisant, il confond deux catégories étrangères l'une à l'autre, celle de "race" et celle de "peuple". La tradition d'Israël n'est pas une tradition raciale comme la Bible l'atteste (l'épouse non juive de Moïse, Séphora, Ruth, l'étrangère, ancêtre du roi David), tradition perpétuée par l'actuel Israël, comme tout visiteur peut le constater en admirant dans le peuple juif son extraordinaire pluralité : juifs noirs, jaunes, blancs, orientaux, blonds, bruns... La substitution race/peuple est révélée par le titre : Comment le peuple juif fut inventé... Or tout le livre consiste à vouloir prouver que les juifs actuels ne sont pas "génétiquement" les descendants des Hébreux.
On dira que le peuple juif n'a jamais cessé d'être "inventé" : par Abraham, par Jacob, par Moïse... Mais aussi par chaque juif. Car l'invention même du peuple juif, loin d'être une preuve de son inexistence, est une preuve radicale - irréfutable - de la singularité radicale de son existence propre. Existence fondée sur le principe abrahamique de son invention ou de sa vocation, puisque cette existence est réponse à un appel.
CONCLUSION PERVERSE
Peuple unique en ce qu'il est fondamentalement logocentrique - lié au langage, lié au nom - et textocentrique, lié à un texte : la Torah. Que la filiation soit constitutive du peuple juif ne peut apparaître comme un élément ontologique. Le principe de filiation n'est que la régulation civile de l'existence historique de ce peuple, des conditions de possibilité d'une perpétuation qui autorise son inscription dans le temps chronologique, dans le temps de l'histoire humaine. Voilà pourquoi il y a un peuple juif, voilà pourquoi il n'y a pas de "race juive", même s'il est patent que les Cohen et les Lévy du monde entier ont quelques liens incarnés. C'est ce qu'on peut appeler très simplement la facticité juive : le fait d'être juif.
Le livre de Sand manifeste là l'indigence de son "épistémologie". Sand est un "moderne". Il voudrait devenir le Michel Foucault du XXIe siècle. Il espère, en proclamant que le peuple juif est une "invention du XIXe siècle", reproduire, en le mimant, le Foucault de jadis affirmant que l'homme était "une invention récente". Mais, pour Foucault, il était fondamental, à l'intérieur du discours philosophique moderne même, de réfléchir méthodiquement à cette "invention" dans les savoirs - l'homme - et de la déconstruire.
Or c'est sur ce point que le livre de Sand se révèle vide. Car s'il dénie aux juifs une aspiration, qu'ils n'ont jamais eue comme peuple, à se constituer en race, il ne déconstruit pas la notion de race. Au contraire, il lui confère, à dessein ou non, un statut de vérité qui se donne comme vérité ultime. En effet, la conclusion, proprement perverse, de son livre est d'attribuer au peuple palestinien ce qui a été dénié aux juifs, à savoir qu'ils sont - eux, les Palestiniens - les vrais descendants génétiques des Hébreux originaires !
Cet épilogue est le révélateur de la finalité du livre. On y trouve le principe mythologique de l'inversion dont le peuple juif est la victime coutumière : les juifs deviennent des non-juifs et les Palestiniens les juifs génétiques. On peut, dès lors, en déduire qui est l'occupant légitime du pays. En ne déconstruisant pas radicalement la notion d'héritage génétique, en en faisant, au contraire, bénéficier le peuple palestinien, Sand révèle tout l'impensé qui obscurément pourrit ce qu'il tient pour être une entreprise libératrice. Il montre que la méthode substitutive qu'il emploie est tout simplement mystificatrice, et ce d'autant plus qu'elle voudrait être au service de l'entente entre les ennemis.
Nier l'identité juive est une vieille marotte, aujourd'hui parasite obstiné de la pensée contemporaine. D'où vient ce vertige du négatif ? On l'aura compris en lisant le livre de Shlomo Sand : d'un désir obscur de faire des juifs de purs fantômes, de simples spectres, des morts-vivants, figures absolues et archétypales de l'errance, figures des imposteurs usurpant éternellement une identité manquante. Eternelle obsession qui, loin de s'éteindre, ne cesse de renaître avec, désormais, un nouvel alibi mythologique : les Palestiniens.
Eric Marty est écrivain et critique, professeur de littérature à l'université Paris-Diderot
© LE MONDE 28.03.09 - Eric MARTY
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