Israël et l’exemple du Sri-Lanka

Publié le par shlomo

Comparaison n’est certes pas raison, et deux situations données ne sont jamais exactement les mêmes. Mais il est bon cependant d’observer ce qui se passe dans les pays qui ont des situations ressemblantes à celles du nôtre et de voir comment les problèmes sont résolus…s’ils le sont ! En l’occurrence, il s’agit de la cohabitation entre des populations issues de deux civilisations différentes.

Ces derniers jour, au Sri-Lanka, l’armée régulière a fini par mater la sédition tamoule après des décennies de rébellion, ayant fait au passage près de 100.000 morts dans un assourdissant silence international.

Historiquement, ce pays, anciennement appelé « Ceylan », sous la colonisation britannique, est formé de deux populations bien distinctes tant par leur religion que leur langue : les Cinghalais (85% de la population), et les Tamouls (15%). Au début de l’indépendance, les autorités tentèrent l’expérience d’une « coexistence » entre ces deux entités, même si une certaine concurrence se faisait déjà jour, mais sans violences particulières. Mais au fur et à mesure des années, le nationalisme cinghalais et une velléité séparatiste tamoule commencèrent à se dresser l’un contre l’autre. La population majoritaire voulait procéder à une « cinghalisation » accélérer des institutions, issues encore de l’occupation britannique, et de leur côté, les Tamouls commencèrent à revendiquer une autonomie territoriale, puis carrément une indépendance dans les provinces où ils sont majoritaires : le nord du pays, et certaines régions côtières à l’est et à l’ouest du pays. Les Cinghalais, largement majoritaires dans le pays, reprochaient notamment aux Britanniques d’avoir favorisé les Tamouls durant la période de colonisation, et d’avoir entre autre « importé » de nombreux Tamouls depuis le continent, avant l’indépendance,  pour tenter de changer la configuration démographique du pays. Tiens donc…

En 1970, le pouvoir en place prenait une décision symbolique concernant l’appellation du pays, en abandonnant le nom « Ceylan » au profit de « Sri-Lanka », en langue cinghalaise. C’est à cette période, que sous l’influence du TULF, « Tamil United Front of Libération », débuta une guerre civile, émaillée d’attentats terroristes et de répressions sanglantes aveugles, assorties de rares et fragiles périodes de trêve. C’est cette semaine que cette longue période a pris fin avec la reddition (définitive ?) des fameux « Tigres Tamouls ».

Certains points sont particulièrement intéressants dans cet exemple d’échec d’une tentative utopique d’Etat binational. Durant toutes ces décennies de guerre civile, tant la gauche sri-lankaise que les autorités religieuses bouddhistes se rangèrent catégoriquement derrière les gouvernements dans leur volonté de préserver l’intégrité du pays et la domination de l’ethnie majoritaire. Depuis 1970, la gauche cinghalaise a été à la pointe du combat pour préserver la moindre parcelle de sol national aux mains de la majorité. Même la gauche sri-lankaise d’origine indienne, pourtant si prompte à soutenir par ailleurs la cause palestinienne, s’est découverte des vertus nationalistes et une haine des indépendantistes tamouls, à qui ils refusent l’auto-détermination au sein de l’Etat sri-lankais.

L’attitude a été la même dans l’institution bouddhiste, très présente dans le pays. Les bouddhistes sri-lankais se sont toujours opposés à l’octroi quelconque de droits nationaux ou communautaires aux Tamouls, et à chaque fois que le gouvernement de Colombo  a voulu signer des accords de cessez-le-feu avec les rebelles, les moines bouddhistes organisaient des manifestations de protestation. Malgré leur appartenance à une religion généralement très pacifique, les moines bouddhistes considèrent « qu’il n’y a pas de place pour deux peuples souverains sur la terre de Sri Lanka », que « les Tamouls ne sont que des invités en terre sri-lankaise », et ils reprochent jusqu’à aujourd’hui encore aux Britanniques d’avoir favorisé jadis les Tamouls et de leur avoir « donné le goût de l’indépendantisme ».

De leur côté, les Tamouls ont réussi à créer une véritable armée au sein du pays, qui a réussi à frapper de nombreux objectifs militaires mais aussi civils, jusques au cœur de la capitale.

Phénomène intéressant, l’extrémisme et la cruauté des « Tigres tamouls » les a privés du soutien international, et il n’y a aujourd’hui aucun pays qui adhère à leurs revendications nationales, et lorsque le gouvernement a décidé d’en finir une fois pour toutes avec cette trop longue guerre, il ne s’est trouvé aucun pays ni organisation internationale ou humanitaire qui ait remis en question la volonté des autorités de rétablir la souveraineté sur tout le territoire national.

Que dire de cette ressemblance voire similitude entre nos deux situations ? L’exemple sri lankais est un démenti absolu à tous ceux qui affirment que deux entités nationales sont capables de coexister pacifiquement au sein d’un même Etat. En Israël, les revendications nationales des Arabes israéliens sont de plus en plus tangibles, et le jour risque de venir où ils revendiqueront l’autonomie voire l’indépendance dans les régions où ils sont en nombre.

Et il faudrait être complètement « cinghalé » pour ne pas le voir venir…

Publié dans TERRORISME

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