D’un Juif de Netanya à un Juif des Etats-Unis, «l’un des plus grands pays musulmans de la planète»
(Menahem Macina).
Lettre à John, Bill ou David, Juif des États-Unis
Hi, Bonjour.
J'avoue cher ami, ne pas vouloir être à votre place ; vous étiez 75 %, je crois, à avoir voté pour Barak Obama, et vous voilà face à Barak Hussein Obama (permettez que j'utilise dans ma lettre, en abrégé, B.H.O.) avec des conceptions du monde que, probablement, vous redoutiez un peu alors, mais auxquelles vous ne vouliez pas croire.
J'imagine que vous avez dû vous sentir très vite manipulé quand, par un tour de passe-passe qu'affectionnent ceux qui se sont bien moqués des autres, sa main droite sur la Bible, Barak s'est soudain retrouvé également Hussein.
J'aimerais bien savoir si, comme les Juifs français qui avaient cru que Nicolas Sarkozy était "notre ami", vous vous sentez, vous aussi, un peu comme un époux trompé ?
Notamment, quand, récemment et entre autres, via son ministère des Affaires étrangères, on s'est permis de tancer Benyamin Netanyahou, qui déclare, à juste titre, notre Jérusalem ancestrale, Une et Indivisible, dans le respect de toutes les religions.
J'aimerais bien savoir si, comme avec Jacques Chirac, qui a fait de superbes discours mettant en cause la France sous Pétain, et affiché une attitude respectueuse envers tout ce qui touche à la Shoah... vous vous sentez aussi désappointé quand B.H.O., visitant un camp de concentration, se montre très respectueux des Juifs morts, mais si critique envers un Israël vivant ?
J'aimerais savoir aussi, si, comme moi, si je suppose, connaissant un peu les paroles de nos Sages, vous savez que, dans le Talmud (traité Sanhédrin), il est écrit : "Celui qui tue un homme, c'est comme s'il avait tué l'humanité tout entière ; et celui qui sauve la vie d'un homme, c'est comme s'il avait sauvé toute l'espèce humaine." [1]
Donc j'aimerais savoir si, comme moi, vous êtes surpris de ce qu’aucun conseiller, juif ou non juif, de B.H.O. ne lui ait soufflé, quand il a attribué cette phrase au Coran, qu'elle était célèbre dans notre Talmud (rédigé plus de 400 ans avant le Coran) [2].
Mais vous craignez, comme moi, j'en suis persuadé, que tout cela ne soit, bien sûr, qu'un début.
Car B.H.O., un peu naïf, me dit-on, qui n'arrive pas à gérer la crise financière, change de position sur l'Irak, l'Afghanistan ou Guantanamo, va trouver un seul "bouc émissaire" sur lequel, il lui semblera facile de ne pas changer d'avis ; vous avez deviné qui : Israël.
Aussi, comme vous, je suppose, je voudrais dire à certains Juifs de l'équipe de B.H.O., surtout au sieur Rahm [3], dit "super conseiller", qui vous a assuré "que B.H.O. était bon pour Israël", qu'ils devraient
- soit démissionner,
- soit s'assumer, à leur tour et, avec un sourire narquois, déclarer :
"Je vous ai bien eus" ; avec ce brin de "machiavélisme à la Madoff", qui sied aux empereurs de la combine politique.
Sur ce, cher ami Juif des États-Unis, je vous souhaite Chavoua Tov et beaucoup de courage dans ce pays que B.H.O. a déclaré être « l’un des plus grand pays musulmans de la planète ».
© Charly Chalom Lellouche (Netanya, Israël)
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Notes d’upjf.org
[1] Obama a, en effet, affirmé, dans son discours : « Le Saint Coran nous enseigne que quiconque tue un innocent tue l'humanité tout entière, (Applaudissements) et que quiconque sauve quelqu'un, sauve l'humanité tout entière. »
[2] Mishna Sanhedrin 4, 5 : « Quiconque détruit une seule vie juive, l’Ecriture le considère comme ayant détruit tout un monde, et quiconque sauve une seule vie juive, l’Ecriture le considère comme ayant sauvé tout un monde… ». Le contexte de cette mishna est celui d’un avertissement solennel adressé aux témoins en matière criminelle, afin qu’ils soient conscients que, de leur déposition, dépend la vie ou la mort d’un prévenu. Aussi leur recommande-t-on de n’attester que de ce dont ils sont sûrs, et non de faire état de ouï-dire ou de témoignages indirects, même s’ils proviennent de personnes habituellement dignes de foi. L’avertissement se réfère à Gn 4, 10 ("La voix du sang de ton frère crie vers moi, depuis le sol [où il a été répandu]", et, sur cette base, les témoins sont mis en garde de ne pas parler à la légère, car s’ils font condamner un innocent, son sang sera sur eux, de génération en génération. A quoi s’ajoute une allusion au fait que l’homme est unique, parce qu’il a été créé unique. Il est donc un univers à lui tout seul. Deux facteurs modernes ont contribué à rendre célèbre cette maxime : 1) Le film, « La liste de Schindler », de Spielberg (1993); en effet, en l’honneur du 100e anniversaire de sa naissance (1908-1974), la poste allemande a émis un timbre, où figure une version courte de la fameuse maxime de la Mishna, traduite en allemand : « Der Bewahrer eines einzigen Lebens hat eine ganze Welt bewahrt » (Celui qui sauve une seule vie a sauvé un monde entier). 2) Le même texte figure au verso du diplôme d’honneur et de la médaille décernés par Yad Vashem aux Justes des nations (= non-Juifs), qui ont sauvé des Juifs.
[3] Rahm Emmanuel, fils d’un médecin ex-israélien, né lui-même et éduqué en Israël, est député au Congrès américain ; il a été conseiller de Bill Clinton et est un ami proche de Barack Obama, qui l’a nommé Secrétaire général de la Maison Blanche.
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Mis en ligne le 7 juin 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org