Les rêves arabes d’Obama
Par CAROLINE GLICK
Le président américain Barack Obama se présente comme le grand défenseur de la Vérité. Durant son discours au Caire, jeudi 4 juin, comme lors de toutes ses interviews, il répète toujours le même message : exprimer publiquement les dures vérités est au cœur de sa politique au Moyen-Orient.
Au Caire, il y a fait allusion au moins trois fois. Malheureusement, le discours d’Obama n’a pas été à la hauteur de son objectif de vérité. Loin d’exprimer les "dures vérités", le président américain reflète simplement la commodité politique.
Au monde arabe, il a expliqué le besoin de combattre l’extrémisme, de donner des droits civiques égaux aux femmes, d’accorder la liberté religieuse et d’encourager la démocratie. Autant de concepts abstraits et théoriques dépourvus de toute prescription politique. Et des principes à la réalité, le fossé est grand.
Premièrement, il a évoqué le besoin de lutter contre le terrorisme islamique sans mentionner que ses fondations intellectuelles, politiques et financières trouvent leurs racines dans les mosquées et les classes politiques saoudienne et égyptienne. Des régimes pourtant considérés par Obama comme responsables et modérés. Par ailleurs, il a parlé du besoin d’accorder l’égalité aux femmes, sans jamais faire mention des pratiques habituelles de l’islam : crimes d’honneur, mutilations génitales féminines...
A l’appui de sa démonstration, le président Obama a utilisé une comparaison douteuse avec la condition des femmes aux Etats-Unis, une classe qui a été également objet d’injustices. Par ce message, il ne pouvait pas montrer un plus grand désintérêt à la condition des femmes dans le monde musulman.
Enfin, le nouveau locataire de la Maison Blanche a fait mention de l’impératif besoin de liberté religieuse, tout en écartant toute allusion au régime d’apartheid saoudien. Il a défendu les bienfaits de la démocratie tout en ignorant les ravages de la tyrannie.
Le discours "franc et direct d’Obama" au monde arabe a débuté avec la déclaration malhonnête que, comme l’Amérique, l’islam est dévoué à la "justice, au progrès, la tolérance et la dignité de l’être humain". La tactique d’Obama n’est rien d’autre qu’une gigantesque fraude, celle de placer sur le même plan moral les pays islamiques et le monde libre. Dans un même esprit, les "vérités" brutales adressées à Israël reflètent une malhonnêteté morale à des fins bassement politiques.
En surface, Obama semble réprimander le monde musulman pour son négationnisme et sa haine antijuive. Par le simple fait d’assurer que la négation de la Shoah et l’antisémitisme sont inacceptables ; il semble renforcer sa position en disant que les liens entre l’Amérique et Israël sont "inaltérables".
Arguments anti-israéliens "légitimes" pour Obama Néanmoins, une étude attentive des parties de son discours montre qu’Obama accepte finalement la vision arabe d’Israël, c’est-à-dire un corps étranger, un intrus au Moyen-Orient. Loin d’attaquer les racines du rejet anti-israélien, le président Obama le légitimise.
L’argument basique du monde arabe est qu’Israël a été fondé pour apaiser la culpabilité des Européens après la Shoah. Selon lui, les Juifs n’ont aucun droit historique ou moral sur la terre d’Israël. Cet argument est complètement faux. La communauté internationale a reconnu les droits légaux, moraux et historiques des Juifs en Terre promise bien avant d’entendre parler d’Adolf Hitler.
En 1922, la Ligue des nations se prononce en faveur de la "reconstitution", et non de la création, des communautés juives en terre d’Israël, dans leurs frontières historiques, des deux côtés du Jourdain. Mais dans son exercice de vérité, Obama a juste ignoré cet élément au profit du mensonge arabe. Il a donné du crédit à ce mensonge en déclarant à tort que "les aspirations à un foyer juif reposent sur une tragédie historique".
Il a explicitement lié la fondation de l’Etat d’Israël à la Shoah. Pire encore que cet aveuglement, le président Obama a franchi la ligne rouge en comparant le traitement israélien des Palestiniens avec celui des esclaves noirs aux Etats-Unis. Il a rangé les terroristes dans la même catégorie morale que les esclaves. Peut-être encore plus choquant, Barack Obama a élevé le terrorisme palestinien au même rang que les rebellions d’esclaves et les combats pour les droits civiques aux Etats-Unis en faisant référence à l’euphémisme "résistance" arabe.
Aussi décevante que pouvait être la rhétorique "obamesque", la politique stricto sensu s’est révélée bien pire. Assurant que l’islam et l’Amérique sont les deux côtés d’une même médaille, Obama a mis en avant deux directions politiques claires.
En premier, il a annoncé son intention d’obliger Israël à mettre un terme aux constructions en Judée-Samarie ainsi qu’à l’est, au nord et au sud de Jérusalem.
Deuxième point, il a exprimé son intention de convaincre l’Iran de transformer son programme d’armes nucléaires en programme d’énergie nucléaire. Toute une nuance...
Dans l’esprit d’Obama, la première politique permettrait la paix tandis que la seconde empêcherait Téhéran d’acquérir l’arme atomique. Néanmoins, il est parfaitement clair qu’aucune de ses deux mesures ne pourra atteindre ses objectifs. La détermination américaine contre les implantations israéliennes au cœur de leur foyer historique démontre un haut niveau d’hostilité. Non seulement, elle met à la poubelle tous les engagements pris pendant l’ère Bush mais, en plus, elle remet en cause l’accord tacite entre les deux pays de ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Par ailleurs, l’hostilité de la Maison Blanche contre les implantations juives de Judée-Samarie - tandis qu’aucun mot n’est prononcé contre le Hezbollah, le Hamas, le soutien nord-coréen à l’Iran et la Syrie - pourrait avoir de graves conséquences dans la région.
Renverser le Likoud au profit de Kadima
En résumé, en soulignant la responsabilité israélienne dans l’échec de la paix, Obama encourage la poursuite de la politique de rejet opérée par les Palestiniens et le monde arabe L’équipe de Netanyahou redoute que les conseillers de Barack Obama soutiennent dans l’ombre un changement de gouvernement au profit de Kadima, jugé plus souple. Selon des sources au sein de l’administration israélienne, le chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emanuel, aurait joué un rôle central dans l’entreprise de déstabilisation du premier gouvernement Netanyahou en 1999, alors qu’il était à l’époque l’éminence grise de Bill Clinton.
Aujourd’hui, Emmanuel travaille main dans la main avec la gauche israélienne et des associations juives américaines liées à Kadima. Il est clair que l’administration américaine préférerait un gouvernement de gauche à Jérusalem qu’elle estime davantage capable d’apporter la paix au Moyen-Orient. Néanmoins, ce souhait ne repose sur aucune base concrète. Après tout, malgré les meilleures volontés, les gouvernements Kadima d’Ehoud Olmert puis de Tzipi Livni n’ont pas été en mesure d’apporter la paix, de même que leur prédécesseur travailliste. La seule explication valable de l’hostilité envers Israël réside dans le souhait profond de l’équipe Obama de renforcer ses liens avec les pays arabes au détriment d’Israël.
Par ses mots et ses actions, le président américain a montré que, non seulement il n’était pas un ami de l’Etat hébreu, mais qu’en plus aucun effort d’Israël ne pourra lui faire changer d’avis.