De l’emploi des droits de l’homme comme arme idéologique
Gerald M. Steinberg
(Menahem Macina).
Forbes.com, 28 janvier 2009
Traduction française : Jean Szlamowitz, pour upjf.org
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Ken Roth et Human Rights Watch ont été à l’avant-garde de la campagne qui a visé à criminaliser Israël et les Etats-Unis dans la façon dont ils ont exercé leur légitime défense contre le terrorisme, et à les stigmatiser comme coupables de crimes de guerre.
Les interventions chargées d’émotions de Roth, son jargon et ses contorsions pseudo-juridiques, ainsi que ses partis pris post-coloniaux, ont contribué à créer une perspective déformée et à propager de fausses allégations qui ont érodé le potentiel universaliste des droits de l’homme et ont fait de leurs principes des instruments de guerre.
En s’attaquant à la réplique israélienne à l’encontre du Hamas à Gaza, sur Forbes.com, Roth applique ses compétences acquises durant son action comme procureur à New York. Il crée de toutes pièces une accusation décontextualisée et sans preuves matérielles tangibles. Il voudrait nous faire admettre qu’une armée, et notamment l’armée israélienne, qui n’incarne pas la perfection absolue, doit être radicalement condamnée, et ce indépendamment des circonstances.
Ses accusations reposent sur des semi-vérités, des spéculations, des preuves invérifiables, et sur un point de vue si subjectif, qu’il ne pourrait convaincre qu’un jury n’ayant jamais connu le terrorisme, ignorant tout du droit international, et ayant des préjugés anti-israéliens.
Les déclarations de Human Rights Watch concernant Gaza suivent les modèles et les pratiques éprouvés de cette organisation. Par exemple, en octobre 2000, HRW s’est joint à la campagne accusant Israël de la mort très médiatisée de Mohammed al-Dura, en citant des « témoins oculaires », tout en rejetant toute preuve contradictoire. Il y a quelques mois, une cour d’appel française, connue pour la rigueur de ses jugements, a passé en revue les détails de cette affaire et s’est rangée du côté de ceux qui pensent que ce film est une mise en scène due au caméraman palestinien travaillant pour France 2, le seul « témoin » cité. Mais l’organisation de Roth continue de faire référence à cette affaire comme preuve de « l’utilisation indiscriminée et excessive de la force par Tsahal ».
En 2004, Roth a tenu une conférence de presse hautement médiatisée, à l’American Colony Hotel, de Jérusalem, pour rendre public un rapport de 135 pages sur beau papier glacé, dénonçant Israël et intitulé « Razing Rafah ». On constate le biais idéologique de HRW quand on lit que les terroristes y sont décrits comme « résistants » et que ce rapport fait la promotion d’une campagne de boycott pour empêcher les ventes de bulldozers Caterpillar à Israël.
HRW prétend notamment que les tunnels de l’Egypte vers Gaza ne constituent pas une menace sérieuse et que, selon « des experts » (dont certains sont de simples vendeurs de magasins), ils peuvent être détectés grâce à des équipements que l’on utilise couramment aux Etats-Unis. Les attaques de Tsahal contre les bâtiments qui cachent ces tunnels sont donc « inutiles », « illégales » et « ont pour but de conserver le contrôle de la Bande de Gaza sur le long terme ». Moins d’un an plus tard, Israël s’était retiré de Gaza, ce qui a permis l’arrivée de milliers de roquettes par ces tunnels. HRW avait donc complètement tort, mais n’en a visiblement tiré aucune leçon.
En effet, Roth a suivi des procédures similaires durant la Guerre du Liban de 2006, avec de nombreuses accusations sans fondement citant de prétendus « témoins oculaires » dans des territoires complètement contrôlés par le Hezbollah. Dans le cas de l’attaque de Cana, HRW a repris des chiffres de victimes qui étaient le double de ceux constatés sur place par la Croix-Rouge. Dans ces cas comme dans d’autres, Roth ne s’est jamais excusé et aucune enquête indépendante n’a jamais été menée concernant les nombreuses erreurs et autres points de vue biaisés de HRW.
En ce qui concerne les crimes de guerre commis par les groupes terroristes comme le Hezbollah et le Hamas, Roth n’a jamais pris en compte les preuves les plus évidentes et a toujours refusé de condamner publiquement ces actes, ou de tenir une conférence de presse pour demander des enquêtes. A contrario, Israël a toujours été considéré comme coupable dès le départ.
HRW a publié 18 condamnations différentes de la politique menée par Israël à Gaza en 2008, exploitant la rhétorique du droit international, notamment l’accusation, infondée, selon laquelle Israël se livrerait à une « punition collective » et causerait « une crise humanitaire ». Il n’y a guère eu de déclarations concernant les violations les plus manifestes du droit de la guerre, ou de la morale la plus élémentaire, par les Palestiniens, à savoir, par exemple, le lancement de milliers de missiles pour agresser Israël, l’indéniable utilisation de boucliers humains, le kidnapping de Guilad Shalit et la négation de tous ses droits en captivité.
La question du phosphore blanc (l’une des armes les plus importantes de l’arsenal de Roth visant à incriminer Tsahal dans l’épisode de Gaza) n’est qu’un des aspects de cette guerre complexe. Là encore, Roth a construit une accusation qui déforme les faits et qui constitue une attaque à charge, fondée sur l’allégation selon laquelle Tsahal aurait causé des dommages non nécessaires et indiscriminés à des civils.
Roth prétendrait-il donc être au courant des détails du déploiement militaire du Hamas au sein des maisons, écoles, mosquées et hôpitaux, et des décisions de détermination des cibles par Tsahal ? Et comment « l’expert militaire » de HRW (Marc Garlasco, selon toute évidence, dont la subjectivité idéologique et le manque de compétences se sont avérés patents dans le rapport Razing Rafah et lors de l’incident de la plage de Gaza en 2006) est-il capable d’une telle précision alors qu’il observe ce qui se passe d’une distance et d’un lieu non précisés à l’extérieur de Gaza ?
Roth justifie la campagne disproportionnée de HRW concernant l’utilisation du phosphore blanc en proclamant que des actions illégales de terroristes ne justifient pas des mesures de défense « illégales ». Mais comme l’a précisé le professeur Avi Bell, qui est expert en droit international, « quand un combattant se cache dans une habitation civile, cette maison cesse d’être une cible civile et devient une cible militaire (…) l’utilisation de boucliers humains est un critère important pour déterminer le raisonnement juridique qui convient. »
Par contraste, le flot de condamnations publiées par HRW indique que, pour eux, toute arme utilisée dans le cadre de la légitime défense est, de toute manière, illégitime.
Etant donné la complexité des procédures de défense contre des organisations terroristes bien armées comme le Hamas et le Hezbollah, des erreurs sont parfois commises et elles doivent être corrigées. Mais le système de limitation et de contrôle dont s’est dotée la démocratie israélienne est nettement plus crédible que les explosions émotionnelles de Roth, les "experts idéologiques" de HRW, ou l’exploitation contreproductive de la rhétorique du droit international.
Outre la diabolisation du droit d’Israël de défendre ses citoyens contre une attaque, des distorsions aussi cyniques de la réalité remettent en cause les fondements moraux de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et cette destruction morale est l’antithèse même des nobles objectifs imaginés par les fondateurs de HRW.
Gerald M. Steinberg *
© Forbes.com
* Le professeur Gerald Steinberg dirige NGO Monitor et le département de sciences politiques de l’université Bar Ilan.
Mis en ligne le 7 juillet 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org
Texte anglais original : "Human Rights As A Weapon"