GAZA , LE MONDE ET LES CASQUES BLEUS
![]() | ||
![]() | ||
![]() | ||
Dans Le Monde, retrouvez nos héros : Gaza, Williams & les casques bleus Michael Williams, dont le titre exact est « coordinateur spécial de l'Onu pour le processus de paix au Proche-Orient », est peu optimiste quant à la survie du gouvernement d'union nationale palestinien. C’est pourquoi il envisage le déploiement de casques bleus à Gaza. Interviewé par Reuters, il n’a pas fait mystère de ce qu’il considérait comme la menace contre ce cabinet réunissant depuis deux mois les choux nationalistes du Fatah et les chèvres islamistes du Hamas : ce sont les violents affrontements interpalestiniens. Or si Williams est là pour ménager la chèvre et le chou, quitte à les séparer par des casques bleus, les médias, eux, ont besoin d’un loup. Les combats entre le Fatah et le Hamas ont fait une cinquantaine de morts en deux semaines. Nul ne le nie. Ce qui est « étrange », c’est le parallèle établi par la plupart de nos médias bien intentionnés entre cette guerre civile et les actions du voisin israélien visant à faire cesser les actes de guerre contre son territoire. Le Monde, - un exemple au hasard ! - insiste sur le fait que l’émissaire personnel du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon auprès de l'Autorité palestinienne trouve fondamental de pérenniser le gouvernement « d’unité nationale ». La place devait manquer dans les colonnes du quotidien français pour mentionner que Williams condamnait aussi et avant tout les tirs de roquettes contre le territoire israélien. S’il n’en reste qu’un pour s’opposer à ces actes belliqueux, Le Monde a choisi : « Mahmoud Abbas a déclaré, pour sa part, que personne n'a "besoin de ces tirs absurdes de roquettes". » « L’absurde », disait Albert Camus, « c’est la raison lucide qui constate ses limites ». La raison lucide constate donc que tirer des roquettes contre Israël n’améliore ni la situation militaire ni l’image des Palestiniens. Redorer le blason des Palestiniens est difficile, ces temps-ci. Mais si les faits sont têtus, le quotidien français de référence l’est plus encore. En ces temps troublés où son directeur de la rédaction et son syndicat des journalistes comptent les virgules après les pourcentages du vote de confiance, ils ne trouvent qu’un seul consensus : la condamnation d’Israël. C’est probablement pourquoi l’article consacré à la visite de Michael Williams au Moyen-Orient s’attarde longuement sur l’arrestation, IL YA PRÈS D’UN AN, de « plusieurs ministres issus du Hamas, dont Nasseredine Al-Chaër, détenu en août avant d'être libéré en septembre » et sur des événements encore antérieurs : « Auparavant, elle (l’armée israélienne, NDLR Primo) avait arrêté en Cisjordanie plus de soixante responsables du mouvement islamiste, dont quatre ministres, dans le cadre d'une campagne contre le Hamas après l'enlèvement d'un soldat israélien, le 25 juin. Fin novembre 2006, le ministre du logement et des travaux publics, Abdelrahmane Zidan, avait lui aussi été arrêté. » En termes journalistiques, cela s’appelle « l’éclairage ». C’est le rappel du contexte qui permet de comprendre l’information la plus récente. Ainsi, on apprend à la fin de la liste des officiels du Hamas, que ces arrestations étaient en réalité des représailles à la suite d’un kidnapping. Mais pourquoi nous parle-t-on maintenant de ces arrestations vieilles d’un an ? Parce que « L'armée israélienne a lancé le 16 mai des raids aériens dans la bande de Gaza, visant notamment des activistes de la branche militaire du Hamas et du Djihad islamique, responsables de la plupart des tirs de roquette, qui ont fait un mort et plusieurs blessés côté israélien. Trente-sept Palestiniens – 12 civils et 25 combattants – ont été tués dans les attaques israéliennes. » Ces Israéliens ne reculent devant rien ! Ils tuent des civils (d’abord 12 civils, puis 25 combattants) et arrêtent même des ministres ! Au fait, les 50 morts tués dans les combats interpalestiniens, ce sont des civils ou des combattants ? Ce n’est pas Le Monde qui nous l’apprendra. C’est terrible, ce manque de place éditoriale. Ah bon, c’était l’édition en ligne ? Liliane Messika © Primo-Europe, 25 mai 2007 | ||
![]() |