MENACES TERRORISTES SUR LA FRANCE

Publié le par shlomo

Menace terroriste sur la France
- Alexandre del Valle: « le danger est sérieux »
Dans un message diffusé sur internet, les Brigades Abou Hafs al-Masri menacent la France d'une « campagne djihadiste sanglante » après l'élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy, qualifié de « croisé sioniste ». Pour Alexandre del Valle, spécialiste des questions de géopolitique, liées à l'islamisme, la menace est réelle.
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18/05/2007
 
Interview réalisée  par Alain Vincenot pour France-Soir, et reprise par nous du site d’Alexandre del Valle.
 
 
France Soir: Faut-il prendre ce message au sérieux?

Alexandre del Valle: Oui, très au sérieux. Les islamistes considèrent Nicolas Sarkozy comme un ennemi. Il  entretient de bonnes relations avec Georges Bush et Tony Blair et  a affirmé, le soir de son élection, le 6 mai dernier, son amitié envers les Etats-Unis. Certes, il n'a pas caché son désaccord sur l'écologie, mais il n'a parlé ni de l'Irak, ni de l'Afghanistan. Par ailleurs, dans le passé, il s'est dit proche d'Israël. Chez les islamistes, il est perçu comme pro-américain et pro-israélien. Et comme « juif », car bien que chrétien, ses ennemis mentionnent de façon obsessionnelle ses « origines juives » et fustigent son supposé « sionsme ». Je dis bien perçu car la réalité est bien plus nuancée et le nouveau président français n’est ni un pro-américain forcené ni un pro-israélien inconditionnel mais un chef d’Etat occidental solidaire des alliés naturels de la France et soucieux de l’équilibre dans le monde et au Proche Orient.

Que sont les Brigades Abou Hafs al-Masri ?

Alexandre del Valle: Il s'agit d'une cellule d'Al Qaïda. Ce sont elles qui avaient annoncé, puis revendiqué les attentats de Madrid qui,  en mars 2004, avaient fait plus de 200 morts et plus de 1400 blessés. En général, elles annoncent puis revendiquent les attentats perpétrés par Al Qaïda o ses commandos affiliés, en l’occurrence les réseaux salafistes maghrébins pour la France.

La France est donc sur la sellette...

Alexandre del Valle: Effectivement. Et plus que jamais, comme d’ailleurs la Grande Bretagne ou l’Allemagne. Après la passation de pouvoir, Nicolas Sarkozy a rendu visite à Angela Merkel, en Allemagne, qui a récemment déclaré qu'Al Qaïda est aujourd'hui  la plus grande menace pour son pays et pour l'Europe. Or, la France va succéder à l'Allemagne et au Portugal dans quelques mois à la présidence de l'Union européenne. Le message des Brigades Abou Hafs al-Masri vise donc à la fois la France et l'Europe, notamment les pays européens afin de les dissuader d'élire, comme la France, des candidats solidaires de l'Alliance Atlantique.

Que peuvent faire la France et l'Europe ?

Alexandre del Valle: Surtout ne pas sombrer dans le syndrome Zapaterro, le Premier ministre socialiste espagnol, élu après les attentats de Madrid et qui croit être épargné par Al Qaïda en critiquant l'Amérique et Israël. En fait cette  attitude munichoise ne garantit pas la sécurité de l'Espagne qui continue à être menacée. Les islamistes ne demandent pas seulement le retrait d'Irak et d'Afghanistan. Ils veulent diviser le front occidental, ne perdant pas de vue leur objectif qui est la conquête de l'Europe par la terreur psychologique  et l'instrumentalisation des frustrations des populations musulmanes. D'où la deuxième réponse à apporter au message des Brigades Abou Hafs al-Masri. Il faut aider à constituer un  islam européen afin d'empêcher les islamistes d'instrumentaliser les frustrations. Parallèlement, il faut accélérer l'intégration car n'oublions pas que les islamistes recrutent maintenant chez des beurs de troisième et quatrième génération, qui pour la plupart ne parlent même pas arabe, mais se sentent tenus à l'écart. Enfin, il convient de mettre en place une Union méditerranéenne qui renforcera le dialogue entre l'Europe et les pays musulmans modérés.

Alexandre del Valle *
 
* Géopolitologue, Secrétaire Général de la Droite Libre (UMP), a notamment écrit, aux éditions des Syrtes, Le totalitarisme islamiste, et, avec Emmanuel Razavi, Le dilemme turc ou les vrais enjeux de la candidature d'Ankara, Paris, 2006.
 
Mis en ligne le 12 juin 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org

Publié dans TERRORISME

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