LES REFUGIES DU DARFOUR
EDITO: EXCLUSIF ISRAEL et le DARFOUR -
HISTOIRES EXTRAORDINAIRES -
Un aspect méconnu du drame qui se joue au Darfour, à savoir le choix d'Israël en tant que pays refuge par ceux chassés de leur terre
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Mercredi dernier, à l’hôpital Soroka de Beer-Sheva, Matia Hyam, 22 ans, donnait naissance au premier bébé soudanais en terre d’Israël. Elle faisait partie d’un groupe de 25 soudanais qui s’étaient inflitrés, un peu plus de trois heures auparavant.
Par Mati Ben-Avraham à Jérusalem
Ils avaient été repérés par une patrouille des gardes frontières et conduits au fortin Gozel. C’est là que Matia Hyam a ressenti les premières douleurs. Elle a été immédiatement évacuée par hélicoptère vers l’hôpital Soroka. Vous voulez une autre histoire?
En novembre dernier, un infiltré soudanais était arrêté, après avoir franchi clandestinement la frontière israélo-egyptienne. Au terme d’un bref interrogatoire, il était dirigé vers une prison du centre du pays. Il avait laissé au Caire sa femme, sur le point d’accoucher. Les mois ont passé. Un bébé est né. La femme, croyant son mari mort, a décidé voici deux mois de suivre la même filière. Arrêtée, avec son bébé, sitôt la frontière franchie, elle a été confiée à un foyer pour femmes battues à Beer-Sheva, et enregistrée par le service des réfugiés de l’ONU. Entre-temps, son mari a été libéré. Bon, vous avez deviné! Je présume que, comme moi, vous adorez les contes de fées. Et bien oui, le mari est monté à Jérusalem, s’est présenté au service des réfugiés de l’ONU. Son nom a intrigué l’un des fonctionnaires, qui a consulté le registre et voilà : les retrouvailles ont eu lieu à Beer-Sheva, le mari s’est découvert père, un bébé que sa femme avait appelé ” Mom ou Moum”, soit l’orphelin. La petite famille loge actuellement dans un hôtel à Eilat, qui a accepté d’héberger des réfugiés du Darfour. Vous allez dire que j’exagère, mais je n’y peux rien : l’histoire ne s’arrête pas la! Dans le hall de l’hôtel, elle tombée sur…sa sœur et beau-frère, dont elle était sans nouvelles depuis plus d’un an. C’est Ben-Gourion qui, disait qu’en Israël, celui qui ne croit pas au miracle n’est pas réaliste…
Ces deux petites histoires illustrent un aspect méconnu du drame qui se joue au Darfour, à savoir le choix d’Israël en tant que pays refuge par ceux chassés de leur terre. Au début, les infiltrations se faisaient au compte-gouttes. Les autorités israéliennes n’ont pas trop su comment réagir. Une fois de plus, elles ont laissé à l’armée le soin de gérer la situation. Mais voila, le mouvement est allé s’amplifiant. Ce ne sont plus des cas isolés, mais des groupes qui aboutissent quelque part, à la frontière. Le flot quotidien est estimé à 40 personnes. Le chemin parcouru relève de l’invraisemblable. Du nord du Soudan, le plus souvent à pied, les réfugiés parviennent au Caire. De là, après un temps d’attente plus ou moins long, ils sont orientés par des intermédiaires, qui touchent une commission, vers El-Arish. Ils sont alors pris en charge par un guide bédouin qui les amènent au point de passage clandestin. Le prix de cette étape : 500 dollars per capita. Une étape très dure, très éprouvante et où les réfugiés risquent tout simplement leur vie. Selon Segal Rosen, directeur du foyer d’assistance aux étrangers, les patrouilles égyptiennes dans le Sinaï ne font pas de cadeaux : elles n’hésitent pas prendre les réfugiés pour cible.
Face à ce courant continu, le ministre de l’Intérieur, Roni Baron a mis sur pied une cellule de réflexion. A ses dires, un infiltré sur deux est d’origine soudanaise, seul un sur huit provient du Darfour. Pour lui, il est manifeste que des candidats au travail illégal en Israël tentent de tirer profit de la circonstance. La mesure qui s’esquisse : Israël offrira un refuge transitoire aux infiltrés pour, dans un deuxième temps, les évacuer en direction de pays africains amis. Ce qui n’est pas du goût des organisations humanitaires israéliennes, qui rejette cette solution. Une manifestation de protestation s’est tenue mercredi devant le parlement. A tout le moins, disent ces organisations, que les réfugiés soient dirigés vers l’Europe mais non pas en direction de l’Afrique.
TEXTE REPRIS DU SITE ISRAEL VALLEY