LES DELEGUES DES KATAEB , DES FL ET DU CPL.....

Publié le par shlomo

Les délégués des Kataëb, des FL et du CPL exposent leur approche de la réunion de La Celle-Saint-Cloud

C’est cet après-midi vers 13 heures (heure de Paris) que devrait s’ouvrir à La Celle-Saint-Cloud la réunion interlibanaise organisée à l’initiative du Quai d’Orsay. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, participera à la réunion « du début jusqu’à la fin » en tant que « facilitateur », a indiqué le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay, M. Denis Simoneau, qui a également relevé le « haut niveau » des délégations des 14 partis, courants et chefs de file qui avaient participé à la conférence de dialogue au début de l’année dernière et qui, de ce fait, ont été conviés à La Celle-Saint-Cloud. M. Simoneau a souligné à cet égard que plusieurs ministres et près d’une vingtaine de députés seront présents à la réunion.
À la veille de l’ouverture de cette rencontre, des délégués de trois grandes formations conviées, les Kataëb, les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, ont exposé à « L’Orient-Le Jour » l’approche qu’ils envisagent de suivre lors de ces deux jours de dialogue informel. Très proches collaborateurs « de l’ombre » de leurs leaders respectifs (le président Amine Gemayel, M. Samir Geagea et le général Michel Aoun), MM. Sélim Sayegh, Joseph Nehmé et Simon Abi Ramia mettent notamment l’accent sur leur détermination à se rendre à ces assises de La Celle-Saint-Cloud avec un esprit d’ouverture et une volonté certaine d’aboutir à un « package » sur les grandes lignes d’une issue à la crise actuelle.

Sélim Sayegh (Kataëb) : Envisager une sorte de package deal

Quels sont les grands dossiers que vous envisagez de soulever ?
« Le document de travail que nous allons présenter s’articule autour de quatre grandes lignes principales :
– Une insistance sur le caractère indispensable du dialogue. Les Libanais n’ont d’autre choix que de reprendre le dialogue. Le président Gemayel en est convaincu et c’est ce qui l’avait poussé à braver les barricades psychologiques et matérielles après l’assassinat de son fils, le ministre Pierre Gemayel, pour se rendre auprès de cheikh Hassan Nasrallah, et s’entretenir avec lui.
– La confiance. L’objectif de la rencontre de La Celle-Saint-Cloud est d’établir un climat serein qui permettra aux différentes parties de reprendre le dialogue. La confiance n’est pas seulement un état d’esprit, mais elle implique essentiellement de la crédibilité, une capacité d’engagement et de la liberté. Les trois constituent les principes de base qui nous permettront d’avancer et qui supposent la prise de mesures concrètes. Il s’agit, entre autres, de respecter les engagements pris par le passé (à la conférence nationale du dialogue). Mais à la réunion de La Celle-Saint-Cloud, ce n’est pas la logique des rapports de force qui va prévaloir.
– L’élection présidentielle. L’ultime objectif est que cette échéance se déroule suivant les dispositions de la Constitution. Le chef de l’État doit être issu de la communauté chrétienne et reconnu par elle, même si nous n’apprécions pas ce discours confessionnel. Le président est quand même le point de départ pour rééquilibrer le pouvoir. Nous ne discuterons pas des noms et nous ne voulons pas engager un débat constitutionnel, mais nous souhaitons un engagement de tout le monde sur l’organisation de la présidentielle. Nous attendons de l’autre partie qu’elle fournisse des garanties sur le maintien de cette échéance. Il ne faut pas laisser la voie libre à l’interprétation de la Constitution pour asseoir de nouveau une mainmise sur Liban contre laquelle nous nous sommes battus et continuons de nous battre.
– Le Liban, un espace de dialogue. C’est la teneur du mémorandum qui avait été remis par le président Gemayel au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lors de sa visite à Beyrouth. L’idée de base est que, si la crise politique est résolue, le Liban aura donné au monde entier un modèle de succès et pourrait être le siège d’une organisation internationale qui se chargerait du dialogue entre les différentes communautés et ethnies. »

Quelles sont les mesures concrètes que vous pourriez proposer durant cette réunion ?
« Les représentants du 14 Mars soulèveront différents points de vue, mais qui s’inscrivent tous dans le cadre de la diversité dans l’unité. Chaque partie participe à la réunion avec des idées qui lui sont propres. Nous partageons les objectifs, mais non pas les rôles.
Il est vrai que les deux courants présents à La Celle-Saint-Cloud ont chacun ses priorités, mais il faut envisager, pour une entente, une sorte de package deal. On se battra avec toute l’énergie qu’il faut pour parvenir à des résultats positifs. »

Avez-vous l’intention d’initier et d’établir des contacts informels avec la partie adverse, en marge des travaux ?
« L’importance de la réunion de La Celle-Saint-Cloud réside dans le fait qu’il s’agit d’une rencontre multilatérale et ouverte. Au Liban, toutes les discussions sont établies à un niveau bilatéral, alors qu’ici, les équipes entourant les pôles politiques auront l’occasion d’échanger leurs vues. Chacun des participants a aussi ses idées sur la suite à donner aux assises de La Celle-Saint-Cloud. C’est une bonne base pour continuer. L’objectif est modeste, mais c’est peut-être parce qu’il est modeste qu’on a toutes les chances de réussir. »


Simon Abiramia (CPL) : Pour un mécanisme de sortie de crise

Quels sont les grands dossiers que vous envisagez de soulever ?
« Nous nous rendons à la réunion de La Celle-Saint-Cloud avec un esprit d’ouverture et une volonté de dialogue constructif. Malgré le scepticisme de certains, nous croyons que cette rencontre pourrait créer une dynamique de dialogue qui se traduirait par la mise en place d’un mécanisme de sortie de crise. Ce qui nous tient à cœur par-dessus tout, c’est le respect de la Constitution qui, hélas, a été bafouée à plusieurs reprises par l’actuelle majorité. Nous veillerons tout particulièrement à ce que soit respecté le fondement même de notre régime parlementaire basé sur la démocratie consensuelle. Cela exige deux choses de la part de la majorité : qu’elle accepte la logique du partenariat, élément fondamental de l’esprit qui doit régir nos institutions conformément au pacte national, et qu’elle fasse preuve d’une certaine ouverture d’esprit propice à tout dialogue. »

Quelles sont les mesures concrètes que vous pourriez proposer durant cette réunion ?
« D’abord, nous remettrons sur la table l’idée de la formation d’un gouvernement de salut national qui reste pour l’opposition nationale une priorité incontournable. Ce gouvernement serait composé de tous les groupes politiques représentés au Parlement sur une base proportionnelle conforme au rapport de force parlementaire. Cette équipe ainsi formée serait une garantie pour tous. Elle s’attacherait à préserver l’unité nationale, l’unité du peuple à travers celle des institutions de l’État afin d’éviter le chaos. Car la situation est grave et les perspectives sont catastrophiques si un accord historique n’est pas trouvé rapidement. Tous les protagonistes doivent mesurer la responsabilité qui pèse sur nos épaules.
Le peuple libanais ne peut plus supporter de vivre dans l’instabilité politique et tout ce qui en découle. Nous n’avons pas le droit de ne proposer à la jeunesse libanaise que le chemin des chancelleries pour demander des visas et quitter le pays.
Nous avons toujours parlé et cru au miracle libanais. Une nouvelle fois, nous sommes face à un défi. Il faut le gagner afin de préserver l’unité du pays, du peuple et des institutions.
Nous espérons aboutir à un calendrier sous forme d’échéancier afin de préserver les acquis de ce dialogue. Je crois que les autorités françaises, que nous remercions pour tous les efforts consentis pour le succès de cette rencontre, attendent de toutes les parties une mise en commun des priorités à résoudre et des craintes des uns et des autres. Cette approche éclaircirait le débat et permettrait une vision plus claire des différentes pistes de solution. »

Avez-vous l’intention d’initier et d’établir des contacts informels avec la partie adverse, en marge des travaux ?
« Nous sommes des adeptes du dialogue. De ce fait, nous établirons évidemment des contacts avec le camp adverse. Nous profiterons de chaque seconde pour nous parler, pour dialoguer, car malgré tout ce qui nous sépare, c’est le salut de notre pays dont il est question. Une conclusion heureuse de cette rencontre serait le plus beau cadeau aux Libanais. Pour réussir pleinement ce dialogue, il faut que tous les acteurs libanais présents autour de la table défendent les intérêts supérieurs du Liban et non des intérêts particuliers ou même des agendas imposés par des puissances régionales ou internationales. Le CPL a démontré à travers son histoire qu’il n’est rattaché à aucun axe régional et ne suit les injonctions d’aucuns des pays du monde. Nous espérons que ce sera le cas de tous nos partenaires. »

Joseph Nehmé (Forces libanaises) : Une priorité, empêcher toute déstabilisation

Quels sont les grands dossiers que vous envisagez de soulever ?
« Nous considérons ce dialogue avec beaucoup de sérieux. Nous nous y rendons avec une ouverture d’esprit et une disposition à écouter, de façon responsable et sereine, loin des surenchères médiatiques qui ont cours depuis des mois et qui paralysent, depuis, la vie institutionnelle, politique et économique du Liban. De plus, leurs retombées néfastes et pernicieuses menacent de saper les fondements même du pays. Ainsi, nous trouvons qu’il est impératif et urgent de parvenir à trouver une solution à deux points essentiels susceptibles, le cas échéant, de redonner à cette rencontre des Libanais une vitalité espérée et attendue. Il s’agirait :
– de convenir de mettre terme à toutes les tentatives de déstabilisation et de s’accorder à les prévenir et les empêcher. Nous entendons par là, les tentatives de déstabilisation au sens le plus large du terme, c’est-à-dire toutes celles susceptibles d’affecter la sécurité du pays et l’ordre public et sous quelque label qu’elles se présentent. Une réédition des tentatives des 23 et 25 janvier dernier ne sera pas tolérée.
– de se mettre d’accord, par conséquent, sur le rétablissement de l’usage des voies constitutionnelles et la réactivation des institutions étatiques, législatives, judiciaires et exécutives. Ce qui entraînerait aussi la réouverture des portes de l’Assemblée nationale et le recours à la loi comme seul et unique paramètre de référence, seule porte d’issue.
– Dans ce cadre, il ne serait pas superflu de rappeler la particularité du Liban, pays message et du “vouloir vivre en commun”, et seul système de démocratie parlementaire dans la région. “Berytus Nutrix Legum” deviendrait-il une réminiscence de notre histoire, de Beyrouth, mère des lois ? »
Quelles sont les mesures concrètes que vous pourriez proposer durant cette réunion ?
« Nous considérons le seul fait de nous retrouver autour d’une table de dialogue comme un premier succès en soi. Le mérite en revient bien entendu à l’initiative de la France, pays ami, impartial et inconditionnel du Liban et de tous les Libanais. Le mérite en revient aussi au parrain de la démarche, de surcroît libanais de cœur, le ministre Bernard Kouchner, et aux inlassables efforts de son représentant M. Jean-Claude Cousseran. Encore et surtout au travail engagé et soutenu de l’ambassadeur Bernard Émié et de ses collaborateurs. Nous leur en sommes très reconnaissants.
Aussi, et en sus des objectifs précités, nous tenterons de parvenir à une levée du sit-in qui squatte pratiquement le cœur de la capitale et pénalise l’activité commerciale de son centre-ville. Cette levée du sit-in aura pour effet de donner une nouvelle impulsion à une économie en mal de relance. Également, nous chercherons à convenir ensemble de reprendre immédiatement le dialogue au Liban, sous la voûte du Parlement et des institutions étatiques. En raison du péril et de l’urgence, nous tenterons même de dégager à La Celle-Saint-Cloud, son ordre du jour. »

Avez-vous l’intention d’initier et d’établir des contacts informels avec la partie adverse, en marge des travaux ?
« Les dispositions d’ouverture et de réceptivité des Forces libanaises, comme leur volonté de dialogue, ne sont plus à prouver. Elles sont évidentes, réelles et sincères. Au cours du dialogue tenu en Suisse les 22 et 24 juin, nous avions rétabli le contact et amorcé un dialogue de fond avec le Hezbollah, Amal et le CPL. Avec ce dernier, les contacts n’ont pas été interrompus, et ce à travers plus d’un canal. Ces mêmes contacts ont également servi à préparer la rencontre de La Celle-Saint-Cloud. »


texte repris du site l'ORIENT LE JOUR

Publié dans FRANCE

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