COMBATTRE UNE GUERILLA

Publié le par shlomo

COMBATTRE UNE GUERILLA - 4

STRATEGIES ET TACTIQUES DE LA GUERILLA - 2

 

 

 

Les armées étatiques poursuivent des objectifs simples et transparents qui peuvent et doivent être bien compris pour être soutenus par les gouvernements et les populations qui les entretiennent, les arment et les composent. Ces objectifs sont, par ordre d’importance :

- La défense du territoire national, de son intégrité, de sa sécurité à long terme.

- La défense des ressortissants nationaux installés à l’extérieur s’ils sont menacés de manière collective, décisive et imminente par une autre armée étatique ou un mouvement armé minoritaire.

- La défense des pays partenaires et amis liés à elles par des accords de défense bi ou multilatéraux.

- Enfin, phénomène beaucoup plus récent, les interventions extérieures à buts humanitaires ou sécuritaires décidées par une instance internationale suprême (l’ONU).

Dans tous les cas, l’emploi des forces armées étatiques répond à des critères légaux et moraux stricts, souvent définis par avance dans des textes qui ont fait l’objet de débats publics et de votes.

 

Nous l’avons vu précédemment, les guérillas ne sont aucunement liés par de telles contraintes d’ordres législatives ou morales : leurs objectifs n’appartiennent qu’à elles seules et elles ne doivent en justifier de la justesse que face à leurs partisans ou, à la rigueur, de leurs soutiens extérieurs lorsqu’ils existent. Cette approche stratégique originale et les contraintes qu’elle impose (faiblesse relative en armement, encadrement militaire souvent balbutiant, incapacité à soutenir de longues campagnes militairement cohérentes…) façonnent leurs tactiques au combat, qu’il se livre sur le champ politique ou celui, plus hasardeux pour elles, des armes sur le terrain.


 

 

 

TACTIQUES DE LA GUERILLA

 

 

 


1. TACTIQUES DE LUTTE POLITIQUE.

 


Vo Nguyen Giap a écrit : « le travail politique, c’est l’âme de l’armée, la lutte armée viendra ensuite ». Ces mots du commandant en chef des forces communistes vietnamiennes mettent en lumière l’aspect primordial de la lutte politique pour une guérilla. Ainsi que cela a été évoqué dans le chapitre précédent, une guérilla combat d’abord et avant tout pour la victoire d’une idée, d’un programme politique, d’une idéologie, d’une religion ; bref, pour la suprématie d’un mode de pensée sur un autre. Tout le reste est dévolu à cette cause. Ainsi, les actions militaires qu’elle entreprend, ou plutôt qu’elle est en mesure d’entreprendre et qui évoluent constamment en fonction des moyens qu’elle reçoit ou qu’elle perd, sont entièrement dépendants de cette lutte idéologique, ce qui explique la prépondérance des actions à visées politiques dans les tactiques mises en œuvre par la guérilla pour parvenir à la victoire. Vouloir découpler actions politiques et actions militaires dans la lutte anti-insurrectionnelle est contre productif puisque, pour la guérilla, les deux sont beaucoup plus intimement liés que pour une armée étatique dont les objectifs sont transparents et établis longtemps à l’avance.

Néanmoins, puisqu’il faut bien établir des schémas, tentons de définir les actions politiques qu’une guérilla va mener pour aider à l’obtention de son but final. Ces initiatives sont :

 


- L’embrigadement intensif et permanent des populations locales.

Ce point a été longuement abordé dans le chapitre précédent aussi je n’y reviendrai que brièvement. Il s’agit, pour une organisation armée qui ne dispose pas des ressources d’un Etat, de pallier, grâce au soutien des populations qui se situent dans son champ d’action, les carences en armement, encadrement, recrutement, pour ce faire en puisant dans le vivier des habitants locaux. D’où un embrigadement intensif et permanent, à la fois moyen et fin de la guérilla : préambule d’existence, nécessité de survie et condition de victoire pour le mouvement armé minoritaire. Les techniques utilisées pour l’obtention de ce soutien sont nombreuses et évoluent en fonction des moyens à disposition et des répliques qui leur sont opposées : propagandes (vrais ou fausses ou, mieux, faussement vraies et orientées par des relais complaisants) ; terreur (savamment dosée pour obtenir l’effet escompté) ; promesses (d’une vie meilleure, d’une terre, d’un avenir, n’oublions pas que la guérilla s’adresse généralement à des populations déshéritées) ; honneur et obligation (valorisation sociale de l’individu dans la lutte, création ou exacerbation de liens claniques ou familiaux dans certaines cultures) ; apport financier et/ou matériel (lorsque l’Etat est devenu déliquescent ou inexistant, la guérilla reste le seul moyen d’obtenir emplois et salaires). Utilisées de manière habile dans un contexte favorable (absence du pouvoir local ou hostilité latente à celui-ci), ces techniques permettent à la guérilla de prélever au sein des populations locales une manne matérielle et humaine quasi inépuisable sur le long terme.

Mais, pour parvenir à une pleine efficacité du discours « révolutionnaire », parallèlement à ces actions qui valorisent le mouvement insurrectionnel, tout doit être utilisé pour réduire voire détruire l’influence du gouvernement à combattre

 


- La destruction de l’appareil politique adverse

Car convaincre des individus de la justesse de sa cause n’est pas suffisant pour les inciter à prendre les armes (après tout, dans le jeu démocratique, tous les partis font de même sans recourir à la violence) : pour faire sauter le pas à ses partisans et les convaincre de passer à une existence dangereuse et clandestine, la guérilla doit décrédibiliser le pouvoir politique adverse au point de le rendre, aux yeux des populations ciblées, odieux, injuste, condamnable, criminel voire diabolique (le terme étant employé dans une optique forte, c'est-à-dire à consonance religieuse) de tel sorte qu’il ne reste plus pour lutter contre lui qu’une seule voie légitime : la lutte armée. Cette diabolisation/criminalisation du gouvernement adverse est un préalable nécessaire qui doit convaincre les indécis de soutenir la guérilla. Une fois que celle-ci est suffisamment forte pour s’exprimer pleinement, elle doit s’évertuer ensuite à faire disparaître toutes les traces de ce pouvoir dans les territoires qu’elle contrôle (suppression de l’administration centrale, élimination des cadres locaux et remplacement par des structures issues de ses rangs) et polluer au maximum le discours et les actions gouvernementales pour que ce dernier se retrouve en permanence en porte à faux, coupable automatique vis-à-vis de sa population intérieure comme des observateurs extérieurs.

 


- La propagande à destination de l’extérieur

Car, pour survivre et poursuivre de manière efficace une lutte pour le moins difficile (puisqu’au départ défavorable en terme de rapport de force), la guérilla a impérativement besoin, si ce n’est du soutien ferme et concret d’alliés extérieurs, au minimum de leur bienveillance ou de leur indifférence. Une guérilla qui combat un gouvernement local sans qu’aucun des deux belligérant ne puisse se prévaloir d’un appui extérieur décisif aura déjà du mal à surmonter ses difficultés inhérentes ; si ce soutien, non seulement se porte sur son adversaire mais qu’elle ne peut elle-même le contrebalancer par un appui différent mais de force équivalente, alors la guérilla sera rapidement rendue militairement impotente. D’où l’importance de la propagande extérieure qui suscite chez les populations spectatrices sympathie et, éventuellement, soutien politique, financier voire militaire. Il faut noter que la propagande extérieure, par soucid’efficacité, peut être volontairement très différente de la propagande intérieure, gommant les aspects les plus rudes et les plus déplaisants de la lutte, mettant l’accent volontairement sur les erreurs de l’ennemi, comptant aussi sur des relais dans une opinion à priori favorable aux mouvements armés minoritaires, malheureusement encore trop souvent perçus comme légitimes de fait. Toutes les guérillas efficaces savent jouer de l’indignation internationale et enrôler comme porte-parole internationales des « têtes pensantes » sur audibles à défaut d’être correctement informés. La guérilla sait aussi user du réseautage, à l’instar de tout groupe de pression international. Ces relais complaisants de l’insurrection, souvent de bonne foi, sont bien utiles pour passer sous silence les exactions propres à la lutte armée minoritaire et monter en épingle celles, réelles ou imaginaires, commises en réplique par leur(s) puissant(s) adversaire(s).

 

Comme on le constate, la lutte politique est presque plus importante pour la guérilla que la lutte armée puisqu’elle lui assure :

- Le soutien des populations locales, indispensable à son épanouissement et à sa survie.

- La neutralité bienveillante des puissances spectatrices avec, idéalement, l’enrôlement de portes parole médiatiques qui serviront de l’extérieur la cause grâce à la caution intellectuelle et à l’impact de leurs déclarations.

- Eventuellement, des appuis et des relais à l’extérieur, individuels et/ou collectifs.

 

 

 


2. TACTIQUES DE LUTTE MILITAIRE.

 

 

Dans l’esprit populaire, les guérillas s’expriment généralement de manière militaire sous la forme de hordes dépenaillées qui, pauvrement armées et peu ou pas soutenues, montent à l’assaut en rafalant à tout va et de manière incohérente avant d’être aussitôt dispersées par la puissance de feu écrasante des forces qu’elles ont eu la folie de vouloir combattre. Au pire.

Au mieux, elles appliquent des tactiques sournoises faites de « hit and run », de kamikazes et d’IED’s qui les rendent insaisissables, résolument et intégralement non conventionnelles, dont les actions scandaleuses, puisqu’en contradiction totale avec les règles et coutumes de la guerre, entraînent des répliques disproportionnées de la part des forces adverses, répliques dont les relais médiatiques de la guérilla se font aussitôt les pourfendeurs. Bref, un mélange bizarre d’incompétence et de sauvagerie mais, aussi, étrangement, d’efficacité opérative qui entraîne des réponses inadaptées de leurs puissants opposants qui deviennent, de ce fait, eux aussi incompétents et brutaux. Autant dire que la vision des tactiques militaires qu’emploient les guérillas est, pour le grand public, pour le moins embrouillée. La réalité est à la fois plus simple et plus complexe.

Plus simple car, militairement parlant, les guérillas sont tout autant tributaires que les forces étatiques de la quantité de leurs effectifs, de la qualité de leur encadrement, des armements qu’elles servent et de leur habileté à les utiliser de manière combinées sur le terrain ; plus complexe car elles peuvent se permettre une chose qui est interdite aux armées conventionnelles : se passer d’uniformes lorsqu’elles le souhaitent, se fondre dans la masse de leurs partisans, s’autorisant ainsi le plus parfait et le plus illégal des camouflages puisqu’il est à la fois difficilement parable et que leurs ennemis étatiques s’interdisent par avance d’en faire usage. C’est en réalité cette capacité qu’elles s’octroient de changer de conditions sociales (du militaire au civil) qui leur permettent d’acquérir une fluidité et une décentralisation qui les font croire insaisissables et entraînent bavures et confusions avec les véritables civils non-combattants au sein desquels elles se meuvent.

Cet atout maître, en total opposition avec les règles militaires traditionnelles, est leur plus puissant allié et leur tactique la plus productive. Mais ce n’est pas la seule, même si toutes les autres découlent, peu ou prou, de la déclinaison efficace et opportune de celle-ci, elle-même fruit direct des efforts d’emprise politique sur les populations.

Ces tactiques militaires peuvent être très schématiquement résumées de la manière suivante :

 


- La division complémentaire de la force.

Les armées étatiques se présentent au combat d’une seule pièce, ensemble efficace mais relativement lourd et qui demande une gestion pointue, grande consommatrice d’effectifs, d’énergies et d’argents. Cela est d’autant plus vrai dans le cas, de plus en plus fréquent, des forces multinationales qui, par définition, doivent, pour accomplir une mission commune, satisfaire aux exigences parfois contradictoires des diverses nationalités qui les composent. A noter que le développement et l’engagement de plus en plus fréquent et agressif des Forces Spéciales, à tous égards les éléments militaires « conventionnels » qui se rapprochent le plus des guérillas sur le plan tactique, permet cependant d’apporter une solution partielle et provisoire à ce problème de lourdeur inhérent à toute armée étatique.

A l’inverse de leurs opposants, les guérillas utilisent un système militaire multipolaire et partiellement transversal qui leur permettent de fournir une réponse adéquate à leurs difficultés de forces illégales s’opposant à un ennemi plus puissant et mieux organisé. En effet, leur outil militaire est en fait divisé en compartiments perméables et complémentaires les uns avec les autres mais qui, pris isolément, possèdent chacun un rôle bien défini dans la poursuite de la lutte et sont capables d’infliger à une armée étatique en position défensive des pertes peu nombreuses mais continues et démoralisantes. Ces différents éléments ont été développés dans un précédent chapitre de cette série, aussi me contenterai je ici de les présenter à nouveau. Il y a :

. L’armée régulière.

. Les forces régionales d’appoint.

. L’appareil clandestin local.

. Les cellules terroristes autonomes.

Il faut noter que l’existence simultanée de toutes ces forces est l’apanage des guérillas les plus développées, les mieux soutenues (intérieurement et extérieurement) et les plus ingénieuses. Les autres doivent se contenter de seulement quelques uns, voire d’un seul de ces éléments.

 


- La combinaison harmonieuse de ces opérations.

Découlement direct du point précédent, il s’agit en fait pour l’appareil décisionnel de la guérilla de savoir utiliser au mieux les différents acteurs militaires dont elle dispose. Ce peut être de façon discontinue (par exemple, une campagne terroriste kamikaze couplée avec des embuscades localisées menées par les forces régionales mais sans intervention de l’armée régulière et en maintenant l’appareil politico-militaire clandestin en sommeil), cette tactique d’emploi étant privilégiée afin de permettre à la guérilla de durer sur le long terme ; ou de manière globale. L’offensive de la guérilla est alors générale et fait peser sur les forces opposantes la totalité de ses moyens de lutte. A noter cependant que cette dernière tactique est hasardeuse et doit être envisagée avec circonspection : en cas de défaite, c’est la totalité de l’appareil militaire (clandestin et « régulier ») qu’il faut reconstituer, ce qui demande du temps, des ressources et une pression accrue sur les populations locales. Le cas de l’offensive du Tet en 1968 est un bon exemple d’un tel emploi généralisé des forces de la guérilla, avec les conséquences militairement désastreuses que l’on sait (mais, paradoxalement, des conséquences médiatiques et politiques bénéfiques à long terme). Dans cet exemple, on voit bien que le commandement de la guérilla a utilisé et usé ses forces prématurément mais que sa vision politique du conflit sur le long terme a été, elle, clairvoyante. D’où, une fois de plus, la primeur donnée aux objectifs politiques sur les objectifs militaires par la guérilla.

 


- La décentralisation du commandement.

Une guérilla en action se trouve dans la posture stratégique enviable de « défenseur agressif », à tous points de vue celle qui permet la plus large initiative tout en restant relativement solide dans ses bases de repli en cas d’offensive adverse. En d’autres termes, elle joue principalement en défense, ne pouvant se payer le luxe, étant militairement trop faible, de se dévoiler complètement et totalement, sauf à risquer l’anéantissement par des forces opposantes plus nombreuses et mieux armées. Mais, dans le même temps, la guérilla ne reste pas inactive et, dans ce cas, c’est généralement elle qui choisit le moyen et le lieu où frapper avec le maximum d’efficacité avant d’ordonner le repli qui la mettra à l’abri des coups de l’adversaire. Une telle souplesse tactique nécessite une décentralisation du commandement et une large liberté de manœuvre laissée aux dirigeants locaux qui, tout en poursuivant l’objectif global préalablement défini, doivent pouvoir décider d’agir rapidement en mobilisant les moyens adéquats si une situation tactique favorable (convoi peu protégé, présence dans le secteur d’une cible à haute valeur ajoutée, installation de troupes non encore suffisamment fortifiées, etc...) se présente soudainement.

Du reste, son organigramme exécutif restant volontairement clandestin ou mensonger (à l’exception de quelques « figures emblématiques » hautement protégées car traquées sans répit par les forces adverses), la guérilla doit pouvoir compter sur le terrain, en particulier à l’échelon opérationnel, sur la capacité d’initiative de ses leaders locaux. C’est cette chaîne de commandement extrêmement réactive car, en fait, très décentralisée qui fait croire à l’hyper fluidité de forces qui restent pourtant généralement cantonnées à un secteur bien défini, tout déplacement important de troupes supposant le dévoilement, donc la détection, donc la destruction.

 


- L’utilisation optimale du terrain, de l’armement et des particularismes locaux.

Une armée étatique fonde généralement sa supériorité sur l’utilisation combinée des différentes armes qui la composent (infanterie, blindée, artillerie, aviation, marine). Ce sont ces appuis et leur gestion efficace, appuis dont la guérilla est dans la plupart des cas dépourvus, qui lui permet de résister sur le terrain. Elle se déploie donc avec un échantillon de tous ses moyens sur le théâtre, moyens qu’il faut installer, ravitailler et organiser avec soin pour qu’ils donnent leurs pleines mesures en cas d’affrontement. Une guérilla, constamment traquée et frappée lorsqu’elle est détectée, ne peut se payer ce luxe et va pallier ce désavantage en utilisant de façon optimale le terrain où elle évolue, aidée en cela par les populations locales qui lui apportent, de gré ou de force, son soutien dans la zone des opérations. Pourquoi s’embarrasserait-elle de chars lorsqu’elle peut utiliser la jungle impénétrable ou la montagne et ces défilés étroits pour rendre leur emploi inutile voire contre productif ? C’est donc là qu’elle va privilégier ses opérations offensives ou de harcèlement.

De même, ne pouvant se doter de la totalité de la vaste gamme des armements existants, elle va se concentrer sur l’acquisition et la formation à l’emploi de ceux qui lui seront les plus utiles. Son opposant utilise excellemment ses forces blindées et mécanisées ? Une surreprésentation des équipes de « tueurs de chars » sera constatée dans les rangs de la guérilla (cf. le Hezbollah dans le sud Liban). L’aviation adverse est elle le réel problème ? Un effort tout particulier sera porté à la DCA sous toutes ses formes (cf. le Nord Vietnam).

Lorsqu’elle est opposée à une puissance extérieure qui vient appuyer le gouvernement qu’elle combat, en particulier lorsque cette puissance est peu familiarisée avec des particularismes locaux, culturels et/ou religieux, qui lui échappent, la guérilla va également tenté d’utiliser au mieux ces dissonances culturelles : alliance clanique ou familiale, instrumentalisation de la répartition ethnique ou religieuse du pays où elle mène la lutte sont des exemples de cet emploi à son profit des données locales. A noter cependant que la puissance adverse, si elle est suffisamment avisée, connaisseuse et/ou ingénieuse, peut également tenter les mêmes manœuvres avec le désavantage, toutefois, de ne pas être toujours issu du terrain où elle opère et ne bénéficiant donc pas d’un a priori positif au sein des populations du cru.

 

Il ne s’agit ici que d’un échantillon des tactiques qu’une guérilla va utiliser au combat pour tenir, survivre et infliger des pertes à son ou ses adversaires. Aucune n’est réellement révolutionnaire en elle-même et toutes répondent en fait à l’impératif Darwinien propre à toutes les guerres : s’adapter ou mourir. Simplement, les guérillas utilisent des processus d’adaptation propres à leur mode d’existence qui est basé sur :

- L’idéologie.

- Son expansion dans les populations locales.

- Les forces qu’elle peut mettre au service de la lutte.

- Les forces que le gouvernement adverse et ses alliés éventuels peuvent employer à contrer le mouvement idéologique décrit plus haut.

- Les moyens, quels qu’ils soient, qu’elle utilisera en fonction du terrain, de ses ressources, de ses soutiens, de sa détermination et des particularismes locaux pour parvenir à la victoire de l’idéologie initiale.



 

 

CONCLUSION.

 

Une guérilla, de par sa structure et son emploi original des forces dont elle dispose, à condition, bien sur, que ses leaders soient inventifs et obtiennent un soutien durable des populations locales, va poser bien des problèmes à son adversaire plus classiquement organisé. Non qu’elle soit invincible, loin de là, mais elle réclame, pour être combattue efficacement, vaincue dans un délai raisonnable et avec un minimum de dommages pour les populations civiles, une adaptation de la force à ces caractéristiques qui font qu’elle se différencie d’un autre adversaire. En d’autres termes, on ne combat pas une guérilla comme on lutte contre un ennemi qui nous ressemble.

C’est l’ingéniosité et la faculté d’adaptation de l’armée étatique face à son opposante qui vont déterminer la victoire, la défaite ou, mais pour la guérilla c’est déjà une demi victoire, la poursuite de la lutte.

Aujourd’hui, les mouvements armés minoritaires sont ceux qui produisent le plus de ravages en termes de pertes humaines, de destruction du tissu social, de troubles intérieurs et de subversion des idées. Si nous voulons les vaincre, nous devons apprendre comment elles combattent, quels sont leurs points forts et leurs faiblesses pour mettre en œuvre une stratégie globale de lutte qui permettra de répondre à l’insécurité qu’elles génèrent.

Après avoir étudié les guérillas, nous tenterons la prochaine fois d’examiner les axes de force sur lesquels les armées étatiques peuvent s’appuyer pour enrayer les actions destructrices de la guérilla, aussi bien sur le terrain que dans les esprits. Nous verrons sans doute alors que c’est cette bataille bicéphale qui doit être mené et gagné simultanément pour remporter la victoire finale.

Publié dans TERRORISME

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