LA G-B POUR UN DIALOGUE AVEC LE HAMAS ?
13 août 2007 - Claire Dana Picard | Arouts 7
C’était à prévoir. De la même façon que le Fatah, considéré par le passé à juste titre comme une organisation terroriste, jouit à présent d’une reconnaissance quasi unanime sur la scène internationale, le Hamas commence peu à peu à faire son chemin dans la même direction. Présenté encore récemment comme un groupe extrémiste et dangereux, il semble parvenir progressivement à neutraliser l’opposition des Etats européens, pourtant ferme au départ.
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Dans ce contexte, le site Ynet indique que la commission des Affaires étrangères du parlement britannique a publié dimanche, dans la nuit, un rapport laissant présager d’un glissement sensible des positions de la Grande Bretagne au Proche-Orient. Dans le document, les rédacteurs prétendent que la politique de Londres consistant jusqu’à présent à refuser tout contact avec le "gouvernement du Hamas" à Gaza s’est révélée infructueuse et qu’il faut œuvrer en vue de la formation d’un cabinet d’union palestinien en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza.
Il est notamment signalé que "vu l’échec du boycott", il faut envisager d’engager des discussions avec des "éléments modérés" du Hamas. Mais ce n’est pas tout : les membres de la commission estiment en outre que leur gouvernement devrait également se préparer à entamer des conversations avec les "éléments modérés" du Hezbollah et du mouvement des Frères musulmans en Egypte.
Tout en admettant les actions néfastes du Hezbollah au Liban et les positions plutôt troubles des Frères musulmans, les auteurs du document estiment qu’on ne peut pas, malgré tout, ignorer l’existence de ces deux organisations. Pour la même raison, poursuivent-ils, il faut maintenir les contacts avec l’Iran et la Syrie.
Toujours d’après l’étude de la commission parlementaire, "le gouvernement britannique a commis une erreur lorsqu’il a décidé de boycotter le Hamas". La raison est simple : l’organisation a rejoint, il y a six mois le "gouvernement" d’union palestinien et s’est même engagée à renoncer à la violence inter-palestinienne. Peu importe, apparemment, si sur le terrain, les affrontements sanglants ont continué comme si de rien n’était, prouvant l’inanité de tels engagements.
Les parlementaires ont ajouté dans le document que la politique menée jusqu’à présent par leur pays, consistant à ne mener des négociations qu’avec le chef de l’AP Mahmoud Abbas (Abou Mazen) et avec le Fatah, "mettait en danger le processus de paix dans tout le Proche-Orient".
Toujours d’après Ynet, les députés britanniques auraient adressé un appel à leur ancien Premier ministre Tony Blair, occupant désormais le poste d’émissaire du Quartette au Proche-Orient, pour lui demander de s’impliquer personnellement dans les contacts entre le Fatah et le Hamas. Ils auraient en outre recommandé à leur gouvernement de faire pression sur Abou Mazen pour que celui-ci relance le dialogue avec le Hamas afin de restaurer son cabinet d’union.
Il est bien entendu question, dans le rapport, du règlement du conflit israélo-palestinien par l’établissement de "deux Etats pour deux peuples" et par l’application de la Feuille de Route. Quant au nouveau Premier ministre Gordon Brown, il est instamment prié de renforcer l’influence de Londres sur le monde arabe, influence qui aurait faibli à cause de la politique "agressive" adoptée jusqu’à présent en Irak et contre l’Autorité palestinienne. Les rédacteurs du document condamnent également, on pouvait s’y attendre, l’action des Américains en Irak, estimant qu’elle n’avait fait que renforcer les sentiments hostiles à l’encontre des Etats-Unis au Proche-Orient.
En Italie, la tendance semble également se renverser avec les dernières déclarations du Premier ministre Romano Prodi. Ce dernier a indiqué que son gouvernement envisageait d’établir des relations avec le Hamas "afin de favoriser l’évolution politique de l’organisation". Il a précisé : "Il faut reconnaître que le Hamas existe. Il s’agit d’un organisme complexe que nous devons aider à s’épanouir au lieu de le faire taire". Il a toutefois ajouté qu’il ne cherchait pas, par ses déclarations, à contrarier Ehoud Olmert ou Abou Mazen.
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