" A LA RECHERCHE DU TOMBEAU DE JESUS "

Publié le par shlomo

Jean-Marie Allafort

France 2 a diffusé hier, dans le cadre de la série de magazine d’investigation « Babylone », une émission intitulée « À la recherche du tombeau de Jésus ». L’enquête, qui se présente comme historique, menée par Arnaud Poivre d’Arvor est non seulement approximative, bourrée d’erreurs mais surtout malhonnête.

Son a priori est simple : c’est en s’éloignant des dogmes et des traditions chrétiennes que la vérité pourra enfin émerger. En commençant, pas très habilement d’ailleurs, par démontrer que le St Sépulcre n’est pas le tombeau de Jésus, Poivre d’Arvor entame une déconstruction systématique de la foi chrétienne.

Les erreurs et les imprécisions sont nombreuses. On apprend par exemple que le Jour de Kippour est une fête de pèlerinage. Quand il parle du St Sépulcre, l’auteur oublie de signaler qu’en l’an 33 le lieu était en dehors des murailles de Jérusalem et surtout qu’en 135 Hadrien fait construire sur le lieu un temple païen, justement parce qu’il y avait déjà un culte à cet endroit. Lorsqu’il évoque le suaire de Turin, il conclut doctement que le linceul est du Moyen-âge selon les résultats du carbone 14. Il se garde bien de préciser que la communauté scientifique internationale a remis très largement en cause cette conclusion depuis 19 ans : l’affaire du carbone 14 remonte à 1988 ; le suaire avait alors été daté avec une marge d’erreur de 130 ans (1260-1390), soit 20 % pour un objet déclaré vieux d’environ six siècles et demi ! Les résultats des trois laboratoires n’étaient d’ailleurs pas compatibles entre eux. Mais peu importe, l’essentiel est d’arriver au but : créer un malaise et remettre en cause, au terme, les affirmations de la foi chrétienne.

Lorsque France 2 m’a contacté pour participer à cette émission, la réalisatrice Sophie Bonnet m’a expliqué qu’il s’agissait d’une enquête sur la personne de Jésus et son milieu religieux. J’ai tout de suite précisé que je n’étais pas historien, mais que j’enseignais la tradition juive à des chrétiens à Jérusalem, à l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature hébraïque, et qu’à ce titre j’étais prêt à répondre à des questions en rapport avec ce sujet. Ça n’a pas empêché le producteur de l’émission de m’affubler du titre pompeux d’historien.

Interrogé pendant plus de 3 heures (en plein soleil), sur les rapports entre certaines traditions juives et l’évangile, les auteurs de l’émission n’ont retenu de mon intervention qu’un extrait où je tentais de démontrer que Jésus utilisait certaines méthodes connues dans la tradition rabbinique. Conclusion de Poivre d’Arvor : Jésus était un extrémiste juif !

Le reste de mes propos ne pouvait pas bien sûr cadrer avec l’ensemble. Je défendais le dogme et la tradition chrétienne. Interrogé sur le St Sépulcre, j’avais expliqué à la journaliste qui m’interviewait (je n’ai jamais vu Poivre d’Arvor), le sens de la tradition et son importance. La foi chrétienne est basée sur le témoignage de témoins oculaires qui ont transmis ce qu’ils ont entendu et vu. Mais Poivre d’Arvor, dans un imbroglio de paroles parfois incohérentes, a tranché : les Evangiles ne mentionnent la crucifixion et la résurrection qu’au 4ème siècle. Décidément, on aura tout entendu...

Lorsque la participation d’un intervenant est obtenue par la ruse et la mauvaise foi, le procédé jette le discrédit sur l’ensemble de l’émission, puisqu’il montre à l’évidence que le but des réalisateurs n’est pas la recherche de la vérité.

Voir aussi sur le site La Croix : Arnaud Poivre d’Arvor part à la recherche du tombeau de Jésus

TEXTE REPRIS DU SITE  ECHOS D'ISRAEL

Publié dans ISRAEL

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