HATTALAH HANNA , ARCHEVEQUE PRIVE D'INTELLIGENCE
Lors d’une de ces rencontres, fort opportunément filmée, l’assistance exigea du prêtre orthodoxe qu’il se justifie à propos des mouvements chrétiens qui préfèrent soutenir le sionisme au lieu de prendre la défense de l’Islam, pourchassé et persécuté en Europe (voir sur infolive.tv). Dans la réponse, on s’attendait au pire. On n’a pas été déçu. Massif, l’œil noir, Monseigneur Hattala Hannah se lève. Son aspect donne à penser que, s’il partage la misère du peuple palestinien, cette noble aspiration s’arrête aux portes de sa cuisine. Grand mammamouchi …heu...archimandrite de l’Eglise Orthodoxe, haut responsable du clergé, de ceux qui se font humblement appeler sa Sainteté, ou Sa magnificence, voire les deux à la fois, Hattala Hannah refuse pour autant de suivre la voie de celui dont il prétend obéir aux préceptes. Le Christ, qui fut un Juif révolutionnaire avant de devenir le fondateur du Christianisme, n’a jamais affirmé qu’il fallait prier sous les toits dorés à l’or fin d’un quelconque bâtiment, maniant pour la messe des ustensiles dont la valeur excède à peine le produit intérieur brut du Bénin. Le Christ n’a jamais proposé de semer la haine entre ses partisans ni de se disputer son tombeau à coup de poignard à la nuit tombée*. Il n’a jamais exigé de ceux qui le suivent de créer une institution humaine, trop humaine. Mais le bon prêtre orthodoxe n’en a cure. Il parcourt le monde, surtout le monde arabe, pour répandre la haine d’Israël et plaide pour un Etat palestinien en lieu et place d’Israël avec un partage de Jérusalem entre orthodoxes et musulmans. Rien que ça ! Sa biographie est éloquente. Né en 1965 dans un village de Galilée, Al Ramah, il est monté rapidement dans la hiérarchie orthodoxe. Ses prises de positions antisionistes ne sont peut-être pas pour rien dans cette ascension. Tour à tour superviseur de la radio palestinienne « Voix de la Palestine », puis représentant de son Eglise au Conseil Œcuménique des Eglises basé à Genève, il a participé aux travaux de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, celle qui s’est notamment illustrée par sa présidence libyenne. Il n’a de cesse d’y dénoncer les graves atteintes faites au peuple palestinien par Israël, mais reste discret sur les souffrances des chrétiens sous l’Autorité Palestinienne. Il n’a pipé mot lorsque Arafat a délogé des moines orthodoxes de leur monastère pour le transformer en une somptueuse résidence secondaire avec jardins et piscines dont il venait profiter en compagnie de jeunes garçons. Monseigneur participe aux sommets arabes, notamment au Qatar, prenant la parole devant les rois, princes et « présidents démocratiquement élus » du monde arabe. Il est l’invité incontournable des sommets de la Ligue Arabe. En tant que membre de l’Unité Nationale Arabe, il représente la Palestine. Il a reçu d’innombrables distinctions et récompenses dans les pays arabes et islamiques pour ses efforts infatigables en faveur de la Palestine. Il est membre fondateur du Secrétariat Général de Jérusalem dont le siège est situé….à Beyrouth. Il a aussi assuré, mais il ne s’en vante pas, le secrétariat des Conseils de la Fondation Fayçal Al-Husseini. Al Husseini, une grande famille palestinienne… depuis le début des années 1900. Le patriarche de cette famille venait de la Mecque. Il convient d’être prudent lorsque certains Palestiniens prétendent habiter cette terre depuis plus longtemps que les Juifs. La famille Al Husseini compte dans ses rangs un intéressant personnage, le mufti Amin Al Husseini, grand ami d’Himmler et admirateur du III° Reich. Le mufti, un jour en visite à Auschwitz alors en pleine activité, relate dans ses mémoires : « Notre condition sine qua non à une coopération avec l’Allemagne était d’obtenir une liberté d’action totale pour éliminer tout Juif de Palestine et du monde arabe. Je demandai à Hitler un engagement explicite nous permettant de résoudre le problème juif suivant nos aspirations nationales et raciales, et conformément aux méthodes scientifiques modernes des Allemands. Sa réponse fut : ils sont à vous ! ». Mais le prêtre orthodoxe n’a pas souvenir de ces fâcheuses accointances. Lors d’un festival palestinien aux Pays-Bas, Hanna, invité d’honneur, a tenu des propos tout à fait significatifs et il importe ici d’en rapporter quelques extraits : Je vous parle aujourd'hui, non en tant que représentant d'une confession religieuse particulière dans la ville d'al-Quds, car nous, dans al-Quds, que nous soyons musulmans ou chrétiens, nous appartenons à une seule confession qui s'appelle le peuple arabe palestinien. Jésus n'est-il pas le fils de la Palestine ? L'Evangile n'est-il pas un livre palestinien ? Il est vrai que géographiquement, Hattala a raison. A un détail près, ce qu’il nomme Palestine était d'abord la patrie du peuple juif. N’importe quel théologien un peu au fait de l’histoire Sainte peut le confirmer. Lorsqu’il unit en une seule phrase musulmans et Chrétiens, il est dans la droite ligne des comités islamo-chrétiens des années 1910 qui s’opposèrent avec violence à la création d’un foyer juif en Palestine. Dur, dur de renier son histoire et de renoncer à ses traits les plus scabreux ! Ne craignant aucunement les déclarations prophétiques, l'archimandrite, gonflé de sa superbe, déclare, emphatique : « le gouvernement du Hamas n'est pas descendu du ciel, mais c'est le peuple palestinien qui l'a élu. Nous respectons la volonté du peuple palestinien ». Les chrétiens de Gaza qui contemplent les ruines fumantes de leurs églises et de leurs centres sociaux ne partagent pas forcément l’avis de ce bon père. Les chrétiennes de Gaza qui vivent voilées, soumises à la Charia et mariées de force, donc violées, ont probablement une opinion différente. Mais le prêtre n’en souffle mot. Comme le rapportait ici même Jean-Daniel Chevalier dans son indispensable série « le sionisme et les églises » (lire sur Primo). D’une manière générale, les Eglises orientales, qu’elles soient orthodoxes slaves, grecques, arabes ou autres, en sont restées à la théologie des grands conciles œcuméniques. Le peuple juif est déchu et déicide. Aucune réforme n’a eu lieu depuis concernant Israël, contrairement aux Eglises catholique et protestantes. La théologie de la substitution est toujours en vigueur. Le regard porté ainsi sur les Juifs conditionne une position anti-sioniste parfois très radicale. Dans certaines Eglises arabes proche-orientales, le mot "Sion" est supprimé de la liturgie, car incompatible avec la ligne anti-sioniste adoptée. Des positions différentes existent probablement, mais de façon très marginale. Dans les Eglises orthodoxes arabes, au Proche-Orient, se cumulent un anti-sionisme théologique et un nationalisme arabe anti-israélien. Rien à ajouter ! Si, juste un petit détail : si Hatalla Hanna a quelque temps libre pour participer à de telles réunions, c’est qu’il est privé de parole par sa propre hiérarchie depuis le mois de mai. Le magazine syriaque de langue arabe, Tebayn, a annoncé ce 2 août 2007 que le Saint-Synode du Patriarcat de Jérusalem avait récemment décidé de prolonger de deux mois les sanctions qu'il avait prises en mai dernier à l'encontre de l'évêque Atallah Hanna (interdiction de célébrer). Le magazine ne précise pas les raisons de ces sanctions. Dommage ! Pour un prêtre, et excellent orateur de surcroit, être ainsi privé de tribune, c’est tout à fait frustrant ! Mais Hattala Hanna se présente encore comme porte-parole. Comme quoi on peut avoir des arrangements avec la discipline ecclésiastique. Pierre Lefebvre © Primo, 8 Septembre 2007 *Il est de notoriété publique que les combats entre moines pour la garde du Saint Sépulcre se font souvent à coup de poings, parfois, à l’arme blanche. Mais les chrétiens ne s’en vantent pas et les autorités israéliennes se montrent discrètes sur ce sujet. | ||
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Auteur : Pierre Lefebvre Date d'enregistrement : 09-09-2007 |