SELON QUE VOUS SEREZ PUISSANT OU MISERABLE....
Un animateur vedette de la chaîne France 2 se serait rendu coupable d’agression vis-à-vis d’un de ses collaborateurs. Selon une main courante déposée dans un commissariat parisien, William Leymergie aurait tenté d’étrangler un de ses chroniqueurs. Les syndicats montent au créneau et dénoncent cette violence. Jean Jacques Cordival, président du syndicat CGC média déclare : « Ce n'est pas la première fois qu'un tel incident se produit. … Cette fois ça suffit ! Il faut que la direction prenne des mesures pouvant aller jusqu'au licenciement, mais dans l'immédiat il doit être suspendu de ses fonctions et de l'antenne. » Le SNJ (syndicat national des journalistes) juge ce comportement indigne du service public. « Cela fait des années qu'on a des plaintes, que des salariés arrivent dans nos bureaux en pleurs, qu'ils subissent des pressions. Cet homme devient excessivement violent. Il n'est pas digne du service public car l'image qu'il en donne est proprement scandaleuse ». Dans la journée de jeudi, la direction de France 2 "a décidé une mise à pied" et un retrait de l'antenne pour 15 jours de l'animateur-producteur de l'émission « Télématin ». Primo salue la rapidité exemplaire dont a su faire preuve France 2 lors de cet incident. En effet, moins de 4 heures après l’intervention des syndicats, la sanction tombe. Primo tient à saluer également l’exemplarité morale des syndicats de France 2, qui accusent William Leymergie d’être indigne du service public car l’image qu’il en donne est proprement scandaleuse. Une autre affaire, que France 2 tente de passer sous silence, a nui grandement à l'image de probité que France 2 se donne à bon compte. C’est celle de l’affaire Al Dura, le fameux « reportage » de Charles Enderlin. Il a fallu 7 ans et plusieurs actions en justice – et encore nous ne sommes pas certains aujourd'hui de la collaboration pleine et entière de France 2 – pour que la chaîne de télévision livre les dessous de l’affaire, à savoir les rushes contenant le "meurtre" du petit Mohamed Al Dura filmé par Tala Abu Rahma et commenté par Charles Enderlin. N’en déplaise aux syndicats, l’exemplarité du service public reste à prouver et la rigueur morale à trouver. Cette rigueur morale ne doit pas se limiter à du déclaratif mais doit être démontrée jour après jour, et ce, concernant toutes les informations distillées sur cette grande chaîne de service public. Sans vouloir en quoi que ce soit dévaloriser la douleur de Jean-Philippe Viaud, les conséquences du reportage diffusé par France 2 sont autrement plus graves. Il nous suffira de noter que France 2 bouge rapidement lorsqu’un familier des sunlights est mis en cause et devient étrangement statique dans d’autres dossiers. L’effet « pipole », comme on dit de nos jours. Dans cette société qui privilégiera désormais les informations immédiates à l’analyse honnête et réfléchie, il ne fait pas bon être humble. Cette mésaventure est l’occasion de réfléchir sur le harcèlement moral ou physique et donc de revenir sur un dossier dont Primo n'a cessé de se préoccuper depuis quelques mois. Les faits suivants sont avérés. Nous avons changé le prénom de la victime et n’avons pas précisé le lieu. Mais cet article a été envoyé par nos soins aux principaux intéressés, les mettant au défi de contredire quoique ce soit affirmé ci-dessous. Ils se reconnaitront. Une employée à la bibliothèque municipale d’un arrondissement de Paris, que nous appelerons Hélène, bibliothécaire depuis 19 ans au moment des faits, titulaire de son poste sur concours, s’occupe particulièrement d’un fond consacré à l’Histoire, notamment celle du judaïsme. Cette section est appréciée des utilisateurs, le taux d’emprunt est excellent. A tel point que, le 12 juillet 2005, elle est félicitée et promue d’un grade par la directrice des Affaires culturelles. Le conservateur de la bibliothèque, qui soutenait ce projet, décède le même été et une nouvelle directrice est nommée. C’est le début des ennuis pour Hélène. Dès le mois de septembre, la nouvelle directrice décide de rapatrier les livres dans le catalogue général. Hélène ressent cela comme une blessure personnelle. Mais au fond, jusque là, rien ne s’oppose à ce qu’un responsable prenne de telles décisions, fussent-elles injustes. Ou plutôt, rien ne s’y opposerait si… Car, dans les histoires de harcèlement moral, il y a toujours un petit fait duquel tout le reste découle. A l'automne 2005, Hélène essaie fort civilement de plaider pour la continuation de son fond littéraire auprès des autorités compétentes. Elle défend son projet avec acharnement. Au travail, Hélène constate que la situation empire. Moqueries, agressions verbales de la part d’un de ses collègues, obstruction caractérisée de la directrice vis-à-vis des démarches d'Hélène. L’ambiance peu à peu est plombée. Hélène est opiniâtre. Elle veut conserver ce fond judaïque et même l’enrichir. Mais Hélène s’aperçoit que les livres de ce fond subissent de régulières dégradations, certains étant jetés sans autre forme de procès à la poubelle. Cette pratique est bien évidemment rigoureusement interdite au sein des bibliothèques. Les livres abîmés doivent être remis à un service central et portés au pilon par des personnes assermentées. Ceci pour éviter toute initiative personnelle s’apparentant à de la censure, on le comprend bien. Un fonctionnaire ne peut décider seul du destin de chaque livre. Hélène se bat et dénonce cette pratique. Le 3 décembre 2005, un de ses collègues, JM, responsable des dégradations, la provoque et veut se jeter sur elle. Il faut, pour l’en empêcher, la présence fortuite de deux policiers qui proposent leur aide à Hélène. Les autres collègues, pour certains courageux, ont porté témoignage de ce fait. D’autres, la majorité, ont préféré se taire et détourner les yeux. C'est la victime que l'on condamne Et, comme toujours en pareil cas, Hélène l’empêcheuse de tourner en rond, s’aperçoit qu’une partie du personnel commence à lui tourner le dos. Rien ne pourra être prouvé des multiples petites vexations qui vont suivre et qui vont contribuer à faire de sa vie un enfer au quotidien. C’est le traumatisme habituel décrit par les victimes de harcèlement moral. Pour éviter le saccage du fond qu’elle a contribué à monter, Hélène interpelle le service central des bibliothèques et son collègue prend connaissance de cette initiative. Le ton monte. Les jours, les semaines se succèdent à travailler dans une ambiance délétère. La directrice de la bibliothèque prend ouvertement parti pour le collègue auteur des dégradations. Le 25 janvier 2006, un cap est franchi. JM s’en prend à Hélène en l’insultant « « Débile ! », « Sioniste protégée de partout mais ça ne va pas durer ! » « Ils font semblant d’être avec toi pour montrer qu’ils sont avec les sionistes ». Cette dernière phrase a été appuyé d'un coup de pied d’une grande violence, décoché avant qu'Hélène puisse s’enfermer dans un bureau pour se protéger de l'agression. Les ecchymoses sont constatées par la médecine du travail. Il s’ensuit 8 jours d’interruption de travail. Il faut ici préciser qu'Hélène souffre d’une polyarthrite rhumatoïde très handicapante. Un coup violent dans le genou d'une personne souffrant de cette maladie peut avoir des conséquences dramatiques. Les procédures de la mairie de Paris sont extrêmement précises lorsqu’un tel incident se produit. Le problème pour Hélène est que l’encadrant est, soit la directrice de la bibliothèque, soit l’agresseur, c'est-à-dire ses supérieurs hiérarchiques directs, ceux qui lui font subir l'enfer depuis des mois. Ils ont donc tout tenté pour faire obstruction à ses démarches, jusqu’à freiner l’obtention des papiers pour la Sécurité Sociale. Hélène a dû payer de sa poche les premières consultations médicales. De février à juin 2006, Hélène s’est battue, a tout tenté, jusqu’à demander l’intervention du Maire de Paris, sans obtenir aucune réaction. Une procédure est en cours devant le tribunal administratif de Paris. Les syndicats, interpellés, n’ont pas montré un réel enthousiasme pour aider Hélène. Pourtant, la direction des ressources humaines, en sa commission du mois de mai 2006, a désigné comme principaux responsables la directrice et le supérieur hiérarchique de Hélène. Entre temps, et afin de calmer le jeu, Hélène s’est vu proposé une simple mutation, ce qu’elle a refusé. Le pire reste à venir. Depuis cette agression, Hélène a été mise à pied. Elle ne perçoit plus que 670 euros de salaire mensuel. L’agresseur, à quelques mois de la retraite au moment des faits, a bénéficié d’une promotion, ce qui lui a permis de collecter des points supplémentaires. Il s’agit d’une pratique courante dans les administrations. Harcelée, frappée par un supérieur hiérarchique alors qu’elle était en état de faiblesse dûe à une maladie grave et invalidante, privée de ressources par une décision inique, Hélène a vu son état de santé empirer. Elle attend maintenant que le tribunal administratif veuille bien statuer sur son sort. Nous sommes en Septembre 2007. L’affaire date de presque deux ans, sans aucune réaction des responsables administratifs, syndicaux et politiques. Une décision humaine, normale, aurait été de proposer à Hélène un soutien dans cette épreuve, la reconnaissance de son statut de victime, une réparation et la condamnation du fonctionnaire responsable des coups. La simple dignité aurait commandé de prendre son parti plutôt que celui de l’agresseur et auteur d’insultes gravissimes répétées. Primo est conscient du fait que, dans tout harcèlement, il y a des facteurs déclenchants qui échappent à la simple logique cartésienne. Primo, qui connaît bien Hélène, sait combien elle peut parfois être intransigeante et donc agaçante pour certains. Mais nous savons que cette intransigeance, elle se l’applique aussi à elle-même. Nous aurions été bien heureux de pouvoir en dire autant du milieu professionnel dans lequel elle évolue. Quelles que soient les circonstances et l’intensité des animosités qui peuvent se créer dans le monde du travail, le fait de frapper une personne plus faible et hiérarchiquement inférieure reste et doit rester inacceptable, et donc condamnable. Ce qui motive les lignes qui précèdent n'est donc pas seulement lié aux insultes antisémites qu'Hélène a subies - inexcusables par ailleurs - mais à cette simple ligne de conduite qui devrait rester la règle dans toute la société et, a fortiori, dans la fonction publique. Que serait la justice ? La justice consisterait à rétablir Hélène dans ses fonctions, à s'assurer qu'elle recoive les arriérés de salaire qu'elle n'a pas perçus du fait de ce scandale, à prendre des dispositions pour que les auteurs de ces harcèlements et de l'agression soient clairement sanctionnés, et qu'elle reçoive un dédommagement significatif en reconnaissance du préjudice subi. Primo, en relatant ce fait, s’attend à des réactions politiques ou syndicales, voire à des plaintes pour diffamation. Nous en avons l’habitude. Cet article a été envoyé par courriel aux personnes concernées avec possibilité pour elles de réagir, voire d’infirmer les propos que nous tenons. Sur ce point, nous sommes tranquilles. Mais décidément, Hélène n’a pas eu de chance. Elle aurait dû travailler à France 2 au lieu de prendre soin des livres dans une bibliothèque. Les médias et les syndicats, voire les politiques, auraient certainement été un peu plus réactifs et indignés... Très indignés ! Paul Lémand © Primo, 28 septembre 2007 Pour des raisons bien compréhensibles, il est préférable de préserver l'anonymat d'Hélène. Vous pouvez cependant lui manifester votre soutien et votre solidarité en lui envoyant un courrier par voie postale uniquement. Primo lui fera suivre. Ecrivez à Hélène, Primo Europe, BP 19, 94001 Créteil cedex. | ||
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Auteur : Paul Lémand Date d'enregistrement : 28-09-2007 | ||
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