LES CHRETIENS A GAZA : PARTIR OU MOURIR

L’enlèvement, la torture et l’assassinat d’un chrétien palestinien à Gaza, Rami Ayyad, est une première du genre dans les Territoires palestiniens. Mais une première qui était de plus en plus prévisibles et qui pourrait malheureusement ne pas être la dernière.
En effet, Rami Ayyad, une figure de la communauté chrétienne palestinienne, membre d’une association internationale protestante, la Société de la Sainte Bible (HBS), a été enlevé samedi soir près de chez lui à Gaza, torturé et poignardé par ses ravisseurs. Son corps a été retrouvé hier dimanche. Son assassinat était prévisible puisque la librairie chrétienne géré par la victime avait déjà été dynamitée, il y a près de six mois par des islamistes radicaux se revendiquant du groupe « Glaives vertueux de l’Islam ».
Cet acte pourrait se renouveler, d’autant plus que les radicaux se sentent « encouragés » à lutter contre toute forme de prosélytisme non-islamique depuis la création, la semaine dernière, du « Comité de la promotion de la vertu et la prévention du vice » à Gaza. Ce Comité, qui s’inspire de la police religieuse saoudienne qui porte le même nom, entend appliquer à Gaza les pratiques des « Moutawa », en vigueur en Arabie saoudite. Le Comité de la promotion de la vertu et de prévention du vice à Gaza s’est en effet fixé l’objectif de lutter contre « toutes formes de corruption et de déviance ». D’ores et déjà, le Comité a annoncé avoir sévi à Khan Younès contre deux Palestiniens accusés de « vagabonder toute la nuit, de fumer et de boire ». Pour le Comité, ce comportement porte atteinte aux valeurs islamiques qu’il convient d’y mettre un terme. Ces deux Palestiniens avaient été violemment tabassés par la milice religieuse, afin de « retourner dans le droit chemin ». Depuis plusieurs années, les islamistes du Hamas avaient terrorisé la population en assassinant plusieurs jeunes filles, accusées de fréquenter des garçons, ou de « s’habiller d’une façon légère... ».
Les habitants de Gaza affirment avoir entendu parlé de la milice religieuse pour la première fois il y a près de deux mois, quand elle s’en est violemment prise à un chanteur, à la fin d’une soirée dansante à Khan Younès.
Cette évolution à Gaza est encouragée par la politique prônée par le Hamas, qui a pris le pouvoir dans ce territoire désormais baptisé « Hamasland ». Depuis son coup d’Etat de juin 2007 contre l’Autorité de Mahmoud Abbas, le Hamas a en effet transformé fondamentalement les esprits et les comportements des Gazaouis. Désormais, « la mixités à la plage est strictement interdite ». Certaines cabines de plages ont même été transformées en salles de prière, et l’un des plus importants complexes balnéaires a été rebaptisé « Complexe Al-Aqsa ».
Avec cette politique du Hamas, cautionnant ou du moins tolérant la création de la nouvelle milice religieuse, les chrétiens de Gaza doivent se faire des soucis. Désormais, ils songent à regagner la Cisjordanie pour éviter de « vivre en citoyens de seconde zone ». Ils doivent choisir entre « partir, se convertir, se laisser humilier ou mourir ».
Chawki Freïha
TEXTE REPRIS DU SITE MEDIARABE.INFO