AMNESTY : TERRIFIANTS TEMOIGNAGES

Publié le par shlomo

Un rapport effrayant d'Amnesty vient de paraître. Mais les médias français font montre d’une grande discrétion concernant des actes gravissimes qui se produisent au Moyen-Orient.

L’une des hypothèses serait que, tout à leur désir de ne point jeter d’huile sur le feu, preuve de leur immense sens des responsabilités, ces médias ont préféré taire ces agissements.

Attitude nouvelle, surprenante et dont il conviendrait de se féliciter si elle consistait à s’en tenir aux faits avérés.

Mais les faits, justement sont escamotés. Serait-ce que les médias français ne savent s’en tenir qu’aux commentaires?

Car enfin, les rapports d’Amnesty International ont, habituellement, droit aux Unes, et lorsque les éléments de ce rapport* ne sont pas portés à la connaissance du public, il faut bien se demander pourquoi :

Extraits : (Les troupes) ont alors fait preuve d'un mépris manifeste pour la sécurité des civils en opérant des attaques aveugles et des fusillades inconsidérées dans des quartiers d'habitation. Les civils se sont retrouvés pour ainsi dire pris au piège dans leurs propres maisons, des dizaines d'entre eux, non armés et non impliqués dans les affrontements – y compris des enfants –, se trouvant dans la ligne de mire.

L’autre hypothèse, moins glorieuse pour nos organes de presse français, est que, pour une fois, l’armée israélienne n’est pas en cause. Et c’est rageant pour toute bonne conscience occidentale éclairée par l’antijuivisme qui prévaut dans nos salles de rédaction.

Le rapport parle de 350 palestiniens tués, pour la plupart des civils, c'est-à-dire dix fois plus que ceux causés par l’armée israélienne en 4 ans. Il parle également de tortures, d’actes de barbarie, de détentions arbitraires.

Ces actes ont été perpétrés par le Hamas et le Fatah sur des Palestiniens dont la plupart, depuis le départ des Israéliens il y a deux ans, ne demandent désormais que l’arrêt de ces folies et la reprise d’un processus de paix, une vraie reprise, de vraies négociations et une vraie paix.

D'après le rapport d'Amnesty, les affrontements entre factions palestiniennes dans la bande de Gaza ont atteint un niveau sans précédent au cours de l'année 2006 et ont culminé en juin 2007, lorsque le Hamas y a pris le contrôle des institutions de sécurité de l'Autorité palestinienne.

Ce rapport présente les témoignages terrifiants de victimes des deux camps et d'habitants directement touchés par les vagues de violence armée qui ont submergé la bande de Gaza en juin et au cours des mois précédents : «Pendant trois jours, nous n'avons pas pu sortir de chez nous. Des hommes armés avaient pris position sur de hauts bâtiments et échangeaient des tirs de missiles. Nous avions constamment peur qu'un missile entre par la fenêtre», a raconté à Amnesty International un habitant de la ville de Gaza en juin 2007.

Il faut relever que, lorsqu’il est ici question de missiles, ce sont ceux tirés par des Palestiniens sur d’autres Palestiniens. Les mêmes missiles, lorsqu’ils sont tirés en direction des villes israéliennes, sont appelés “roquettes artisanales”...

Le rapport parle des forces de sécurité qui agissent comme des forces partisanes, en coopération avec les groupes armés qui leur servent de milices alliées. Elles ont elles-mêmes enfreint la loi et commis de flagrantes atteintes aux droits humains en toute impunité.

N’est ce pas ce que Primo et tant d’autres dénoncent depuis des années ?

Le Monde Diplo, le Monde et autres Patrick Saint Paul n’abordent jamais ces questions. Cela ne fait pas propre, ne correspond pas à leur catéchisme et renverse les idées communément admises. Rien de plus inconfortable pour des « intellectuels » que de voir leurs bases dogmatiques vaciller !

Et Amnesty en rajoute : Les détentions arbitraires et les actes de torture infligés aux prisonniers par les forces du Hamas sont désormais monnaie courante à Gaza, à l'instar des agressions contre les manifestants et les journalistes qui couvrent ces événements. En Cisjordanie, les atteintes aux droits humains imputables aux forces de sécurité de l'Autorité palestinienne sont également très répandues, mais bien moins médiatisées – la communauté internationale semblant peu disposée à provoquer des remous à la veille de la conférence qui vise, sous l'égide des États-Unis, à relancer les négociations de paix depuis longtemps au point mort entre le gouvernement israélien et le gouvernement d'urgence palestinien.

Impunité, comme toujours

Le gouvernement d'urgence palestinien n'a pas tenu pour responsables les hommes armés du Fatah qui ont enlevé des partisans du Hamas et incendié leurs maisons, leurs commerces et leurs associations caritatives soupçonnées d'entretenir des liens avec le Hamas en Cisjordanie. Pourtant, les auteurs de ces attaques, souvent connus dans leur quartier, ont agi au vu et au su des forces de sécurité.

L'arrestation et la détention de plus d'un millier de partisans présumés du Hamas, dont la plupart ne sont accusés d'aucun crime, tranche avec le manque de détermination de l'Autorité palestinienne à interpeller et traduire en justice les membres des Brigades des martyrs d'Al Aqsa (branche armée du Fatah) responsables d'homicides illégaux, de prises d'otages, d'incendies et d'autres attaques contre des personnes et des biens.

« Le chaos croissant qui règne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis quelques années, culminant dans les récents affrontements entre factions, est en grande partie dû à l'incapacité persistante et systématique de l'Autorité palestinienne de respecter et de faire appliquer la loi », a indiqué Malcolm Smart.

Cela se perpétue depuis l’ère Arafat qui voyait le désordre et la mort de ses propres concitoyens comme une arme médiatique de destruction massive. Sans pitié, il a laissé s’installer le désordre, la corruption, les dénis de justice, les tortures et exécutions sommaires. Mais, pour les médias, la responsabilité d’Israël ne faisait jamais aucun doute.

Même Amnesty, à l’époque, n’était pas très pressé de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme Il faut donc, ici même, louer son sens des responsabilités.

Trafic d’armes

Par ailleurs, Amnesty International engage la communauté internationale à mettre un terme aux ventes et transferts d'armes destinées aux deux parties, tant qu'il n'y aura pas de garantie que ces armes ne serviront pas à bafouer les droits humains.

Amnesty veut certainement parler des trafics d’armes quotidiens entre l’Egypte et Gaza. Lorsque l’armée israélienne intervient et détruit les tunnels de contrebande, les mêmes médias parlent depuis des années d’incursion israélienne en territoire palestinien, en condamnant de facto leur caractère arbitraire et violent.

Car le Hamas, à l’instar du Hezbollah au Liban, se réarme de manière massive. Le trafic d’armes de plus en plus perfectionnées s’accroît sous la frontière égyptienne. Ces deux mouvements, alliés par leur haine du Juif, se préparent à la grande déflagration finale, celle qui verra, selon eux, l’accomplissement d’une nouvelle Shoah.

Le rapport des forces conventionnelles n’est bien évidemment pas en faveur de ces mouvements islamistes et éradicationnistes. Mais, en cas de conflit et donc de réaction d’Israël, il se trouvera toujours quelques massacres à inventer, quelques dégâts collatéraux – toujours dramatiques – à monter en épingle pour démontrer le caractère impitoyable de l’Etat hébreu.

On peut être certain au moins d’une chose : lorsque cela adviendra, les médias seront présents, les caméras tourneront, les appareils numériques captureront la souffrance, les cris, les pleurs, le sang et les entrailles en direct pour le journal de 20 heures.

Lorsque cela adviendra, les journalistes feront de nouveau preuve de curiosité.

C’est très rassurant, un journaliste curieux !

Pierre Lefebvre © Primo, 26/10/2007

* Rapport d’Amnesty International - Document public
Amnesty International, 1 Easton St., Londres WC1X 0DW. Web : http://www.amnesty.org

Publié dans MONDE ARABO-MUSULMAN

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