Les transfuges iraniens fournissent des renseignements cruciaux
1er avril 2008 - par : Kenneth R. Timmerman | Newsmax
Le Dr. Amir Farshad Ebrahimi, militant des droits de l’homme, explique que les agents des services de renseignements et de sécurité iraniens savent qu’ils disposent d’une adresse en Occident qu’ils peuvent utiliser pour fuir la République islamique. Au cours d’une interview exclusive, quelques jours à peine après que le Régime iranien ait tenté de le kidnapper à Istanbul et de le ramener en Iran [il a été sequestré durant 48 heures à l’aéroport d’Istanbul par la police de l’air turque, à la demande d’un agent de l’ambassade iranienne, pour être renvoyé et torturé en Iran.
Sur intervention de quelques amis auprès d’un responsable de l’ambassade américaine, il a fini par être libéré après avoir été molesté par les Turcs], cet ancien officier des Gardiens de la Révolution a raconté à Newsmax comment, avec d’autres anciens responsables iraniens, quelques amis occidentaux partageant les mêmes valeurs que lui, ils étaient parvenus à établir un « Comité de sauvetage » afin d’aider des transfuges de haut niveau cherchant à quitter l’Iran.
Mais de telles actions ne peuvent avoir lieu sans devoir en payer le prix. Le rôle qu’Ebrahimi a joué dans la défection vers les Etats-Unis d’un haut responsable du gouvernement iranien, durant le printemps dernier a fait de lui, la semaine dernière, une cible des services secrets iraniens.
Le responsable qu’il a aidé, qui n’est autre que l’ancien proche du Ministre de la Défense, le Général Ali Reza Asgari, est supposé avoir fourni à la CIA et à d’autres services de renseignement occidentaux, des informations inédites et cruciales sur le programme d’armement nucléaire iranien, aussi bien qu’un compte-rendu interne sur l’appareil terroriste iranien dans toutes les zones du globe.
Sans l’aide d’Ebrahimi, cependant, Asgari aurait très certainement dû retourner en Iran, juste après l’expiration de son passeport lui permettant d’aller « en pèlerinage » à Damas, en Syrie.
Ebrahimi raconte : “Nous nous trouvions ensemble à l’ambassade [iranienne] à Beyrouth, au milieu des années 90 ; c’est là que nous nous sommes connus. C’est la raison pour laquelle le Général Asgari m’a appelé, lorsqu’il était à Damas, l’an dernier. C’est lui qui m’a rappelé que nous étions ensemble à Beyrouth ».
Au cours de cette conversation téléphonique fatidique et durant d’autres communications, Asgari a expliqué à Ebrahimi qu’il ne souhaitait plus retourner en Iran, mais qu’il ne lui restait que deux jours d’autorisation sur son passeport. Ebrahimi vivait alors en Allemagne et ordonna au prétendant à la désertion de louer une voiture et de se rendre jusqu’en Turquie, laissant sa seconde femme derrière lui dans une chambre d’Hôtel de Damas.
Depuis lors, les deux hommes sont restés en contact constant.
Après avoir “graissé la patte” d’un douanier turc pour la somme de 1500 $, afin qu’il le laisse entrer en Turquie sans visa, Asgari était censé avoir rendez-vous avec les contacts d’Ebrahimi à l’Hôtel Gilan d’Istanbul, dans des chambres qu’Ebrahimi avait louées pour lui. Mais l’apparition soudaine de la police turque juste en face de l’hôtel fit capoter ce plan.
Le “plan-B” d’Ebrahimi consista à arranger une rencontre entre Asgari et un responsable de l’Ambassade américaine dans la capitale turque, Ankara. Un autre responsable américain arriva des Etats-Unis pour s’entretenir avec Asgari. Les Américains suggérèrent que le transfuge potentiel tente une approche des organisations affiliées aux Nations-Unies à Ankara et qu’il requiert un statut de réfugié politique, qui fut alors approuvé dans un temps record d’une semaine. Newsmax a obtenu l’an dernier les copies des documents d’Asgari en tant que réfugié et les a montrées à des experts indépendants qui ont confirmé qu’ils étaient authentiques.
Depuis Ankara, Asgari s’envola vers Hambourg, en Allemagne, où Ebrahimi et lui-même se virent une dernière fois.
“Quatre heures plus tard, son vol arrivait en Allemagne depuis Ankara, le Général Asgari changea d’avion et partit avec un responsable américain pour Washington », raconte Ebrahimi à Newsmax.
Ebrahimi avait également prévu un autre plan de secours et s’était arrangé avec d’autres membres de son « Comité de sauvetage” pour héberger Asgari dans une maison sûre à Chypre, mais n’eut jamais à mettre ce plan en œuvre pour la bonne raison que le Gouvernement américain avait pris les choses en main.
Ebrahimi ajoute : “Après être arrivé aux Etats-Unis, Asgari m’a appelé et m’a demandé de faire savoir à sa seconde femme en Iran qu’il allait bien”
Deux semaines plus tard, Asgari était transféré vers une résidence sécurisée au Texas. La dernière fois qu’il contacta Ebrahimi, au début de l’été de l’année dernière, c’était pour l’encourager à aider d’autres membres officiels du Gouvernement iranien à prendre la fuite.
Pooya Dayanim, un investisseur de Los Angeles qui a aide Ebrahimi et qui est familier du cas Asgari s’interroge : “Est-ce qu’Asgari commençait à réaliser que la CIA sous-utilisait ses informations pour prétendre ensuite que le programme nucléaire iranien s’était interrompu ?”
Selon Dayanim : “J’ai l’impression que son appel à encourager d’autres transfuges était motivé par sa conviction que le programme d’armement nucléaire était bien en marche et continuait de se développer ».
Une Estimation Nationale du Renseignement (NIE) concernant les programmes nucléaires iraniens, parue en décembre 2007, déclarait alors sur la foi des renseignements fournis par un transfuge -probablement Asgari-, qu’un segment fondamental du programme d’ armes nucléaires avait été interrompu. Cependant, le Directeur des services de Renseignement Nationaux, le vice-administrateur Mike Mc Connell donna le sentiment de faire marche arrière au sujet des conclusions de la NIE, durant le témoignage qu’il apporta devant le Congrès, au début février.
Il plaida alors qu’un manqué de temps avait conduit à mal interpréter la version classée secrète de la NIE qui avait été diffusée au public. « Aussi, si je devais aujourd’hui réfléchir à ce propos, je changerais vraisemblablement une chose ou l’autre », fit savoir le Directeur des Renseignements.
(Ici, le rapport de Newsmax report sur le retour de McConnell concernant les conclusions de la NIE.)
Un autre rapport, intitulé : « les renseignements américains ont probablement été dupé par l’Iran »[ “U.S. Intel Possibly Duped by Iran,"-http://newsmax.com/timmerman/iran_nukes/2007/12/04/54359.html"target=_blank], se concentra sur la façon dont les renseignements américains avaient sous-interprété ces informations.
Des sources ayant connaissance de ce qu’Asgari avait réellement transmis à la CIA concernant le programme d’armement nucléaire iranien ont confié à Newsmax qu’ils étaient convaincus que les analystes de la CIA avaient opéré un choix dans les informations d’Asgari.
Ces sources croient que les analystes de la CIA n’ont inclus des informations d’Asgari que ce qui convenait à leur conception politiquement orientée d’une « halte » dans l’armement nucléaire, de la part de la direction iranienne, tout en négligeant allègrement d’autres informations qu’il leur avait divulgué, qui suggérait au contraire, la continuation du travail d’élaboration d’armes nucléaires. Cette Estimation “était un monceau d’une incroyable contre-façon qui opérait un usage sélectif des sources », a expliqué à Newsmax un responsable gouvernemental qui a eu accès aux sources du matériau classé secrt-défense.
L’inspecteur en chef de l’armement de l’AIEA a fait part, lors d’un briefing à huis-clos adressé aux diplomates à Vienne, d’informations qui contredisaient directement le rapport de la NIE, ainsi que l’a rapporté Newsmax, le mois dernier.
Parmi les documents présentés par le directeur général en charge à l’AIEA, Olli Heinonen, se trouvait un document powerpoint interne au Gouvernement iranien qui exposait en détail les progrès réalisés concernant un véhicule de lancement de missiles nucléaires, au début de 2004, bien après que la NIE signalait que le programme avait été interrompu.
Newsmax a exposé les critiques présentes dans ce rapport dans un article.
Ebrahimi dit que son Comité de sauvetage est toujours engagé à aider d’autres transfuges à s’échapper d’Iran avec des connaissances précises concernant les programmes d’armement nucléaire iraniens et son soutien aux organisations terroristes internationales, comprenant Al Qaeda.
http://www.newsmax.com/timmerman/defector_Amir_Ebrahimi/2008/04/01/84566.html