CONTACTS SECRETS ENTRE L'IRAN ET LES USA SUR LE NUCLEAIRE
in AROUTS SHEVA

Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran ne seraient pas aussi orageuses qu'elles en ont l'air à première vue. C'est ce qu'a laissé clairement entendre un diplomate américain qui a fait des révélations surprenantes sur les liens discrets tissés entre les deux Etats.
Celui qui a fait ces révélations n'est pas un inconnu : il s'agit de l'ancien sous-secrétaire d'Etat américain Thomas Pickering, l'un des instigateurs d'un plan proposant de permettre aux autorités iraniennes de développer leur programme nucléaire à condition qu'elles s'engagent à ne pas l'utiliser à des fins militaires.
Cette information a été publiée ce lundi matin par le journal britannique The Independent qui a précisé que des émissaires américains et iraniens se rencontraient secrètement, depuis cinq ans, dans divers endroits du monde, "mis à part les Etats-Unis et l'Iran", avec l'accord de leur gouvernement.
Le journal britannique cite en outre l'opinion d'un spécialiste du nucléaire au King's college London Department of War Studies, James Acton. Ce dernier estime qu'il vaut mieux agir maintenant afin d'empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire de façon clandestine en obtenant l'aide technologique de partenaires étrangers.
Le journal indique encore que les Américains sont représentés par d'anciens diplomates, dont Pickering lui-même, et par des experts en tous genres alors que Téhéran envoie des universitaires et des conseillers politiques liés au pouvoir sans occuper toutefois de postes officiels au sein du régime.
Thomas Pickering a expliqué qu'il avait pris l'initiative, avec ses partenaires, d'entamer ces pourparlers parce que la politique des Etats-Unis était "bloquée" en raison du refus de Téhéran de se plier aux exigences de la communauté internationale qui lui demandait de stopper l'enrichissement de son uranium. Pickering a souligné l'urgence de la question, étant donné que l'Iran continuait de son côté d'installer de nouvelles centrifugeuses dans sa centrale nucléaire de Natanz.
D'autres experts semblent moins inquiets, rappelle encore The Independent, qui précise : "Ces derniers prétendent que les 3000 centrifugeuses ne donnent que 20 % de leur capacité en raison de problèmes techniques et affirment que l'Occident a le temps de réagir".
Pickering a souligné que les deux gouvernements étaient mis au courant régulièrement de la teneur des discussions entre les deux camps et il a ajouté que l'administration Bush n'avait jamais cherché à interrompre ces contacts. Lors de leurs rencontres, les négociateurs débattent non seulement du programme nucléaire iranien mais également des relations entre les deux pays officiellement ennemis.