Les appels à la violence antisémite sont criminels

Publié le par shlomo

Ils doivent être traités comme tels. Quelle que soit leur formulation. Escamoter un mot ne modifie pas les intentions.

Sinon les appels à agresser des Français Juifs ne pourront être sanctionnés quand les brutes fascisantes qui les lancent taisent un mot et en ajoutent un autre à leur vocabulaire de base.

C’est ce qui a eu lieu.

Un groupuscule fanatique, interdit, puis reconstitué, a diffusé sur la toile une vidéo d’une rare violence. Appel au meurtre. On y incite à une nuit de terreur. En France. L’ennemi de ces chemises noires contemporaines est désigné. L’absurdité du langage ne masque pas la haine. Les sentiments méprisables sont si faciles à exprimer.

L’ennemi : l’impérialisme (sic). Trêve de généralités, les menaces de mort sont formulées, une cible est précisément nommée : les « sionistes ».

Comment reconnait-on quelqu’un en fonction de ses préférences, de ses attachements ou de ses choix politiques à l’heure des agressions ? L’attachement des Français aux principes fondateurs de leur nation a-t-il pour nom sionisme ?

Questions inutiles. Le mot n’a d’importance que pour échapper à un délit tout en y incitant. Ne pas prononcer le mot Juif mais hurler sa haine. Appeler d’autres à s’y livrer.

La substitution semble acceptée. Il aura fallu tant de complaisance pour qu’elle soit possible. Tant de silences, d’indifférence.

Acceptée par les tribunaux. Là où des associations ont mené les responsables du film abject. Elles ont été déboutées de leur plainte.

Les lois actuelles sont-elles insuffisantes ? Si c’est le cas il y a réelle urgence à en concevoir de plus adaptées.

L’antisémitisme contemporain se pare aussi « d’antisionisme ». Bien au-delà de la critique – fût-elle obsessionnelle - d’un état, Israël.

Le mot sioniste est utilisé pour désigner les Juifs. La simple lecture d’un texte, l’analyse d’un contexte, d’un discours permettent de voir rapidement si l’on a affaire à une appréciation politique ou si elle est très largement dépassée, voire simple prétexte.

Subterfuge du langage, piège si grossier qu’il est étonnant d’y voir tomber des hommes éduqués.

Grossier. Ne le laissons pas devenir efficace.

Sous l’apparente simplicité du procédé, une haine inchangée, inexplicable, mais qui se revendique chaque jour avec plus d’impudence. Travestir les mots, encourager le passage à l’acte.

Les mots ne sont pas seuls en cause, aussi coupables que soient ceux qui les profèrent. Le silence aussi est encouragement.

Bernadette Capdevielle © Primo, 29 octobre 2008

Source : Le Monde

Publié dans ANTISEMITISME

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