DICTATURE MEDIATIQUE
(Menahem Macina).
07/12/08
Ces vingt dernières années, les journalistes ont pris de plus en plus de pouvoir. Bien sûr, la situation de censure dans laquelle ils étaient, au début de la Cinquième République, était inacceptable, mais la situation actuelle n’est pas moins préoccupante.
Les journalistes ont pris l'habitude de façonner l'opinion publique en se faisant l’écho de ce qui leur plaît et en éludant ce qui les contrarie. Le conflit israélo-arabe en est une preuve quasi quotidienne.
- Qui décide qu'un milicien du Hamas posant une bombe doit être appelé "activiste", ou "terroriste" ?
- Que l’opération de Tsahal pour l'arrêter doit être dénommée "attaque", ou "intervention" ?
- Que la clôture de séparation doit être nommée "mur de l'apartheid", ou "barrière anti-terroriste" ?
- Qu'un Israélien vivant à Jérusalem-est doit être désigné comme "colon intégriste", ou "juif vivant en Judée" ?
- Que Jérusalem est le "troisième lieu saint musulman", ou "le lieu saint du judaïsme" ?
A qui donne-t-on la parole ?
- Fait-on plutôt des reportages sur la famille d'un "martyr palestinien", ou sur une association israélienne travaillant à la réinsertion des victimes d'attentat ?
- Parle-t-on de l'accueil des Palestiniens dans les hôpitaux israéliens, ou montre-t-on la colère des Arabes de Hébron parce qu'un de leurs voisins est juif ?
Ecoutez vos radios, vous verrez vite de quoi il retourne. Ainsi, en interviewant qui ils souhaitent, en montrant ce qu'ils veulent bien montrer, et en créant le vocabulaire officiel, nos nouveaux dictateurs formatent l'opinion.
Quel journaliste emploie encore l'expression "conflit israélo-arabe" ? Il a été depuis longtemps remplacé par "conflit israélo-palestinien".
- Les guerres successives, les attaques de la Syrie, de l'Egypte ou du Liban ?
- Vous pinaillez !
- Le soutien massif des pétrodollars au terrorisme international ?
- Ah bon, où ça ?!
- Les menaces iraniennes d'extermination ?
- Parano !
Le pouvoir médiatique semble ne même plus se satisfaire de ces manipulations ordinaires. Un exemple lu ce matin (5 décembre) : Ophélie Wallaert (Le Figaro) fait un article sur les déclarations de Jean Dominique Merchet (Libération). Un journaliste interviewe un autre journaliste. S'agit-il d'un témoignage spécifique ? Pas du tout, juste l'expression de son opinion, à savoir, que la France doit se retirer de l'Afghanistan. Et non seulement le journaliste trouvera facilement écho dans son journal, mais, en plus, les confrères - pourtant de tendance opposée - font caisse de résonance à ses directives.
Plus de prétexte, plus de faux semblant, ni de manipulation indirecte. Le journaliste dicte simplement son travail au politique.
Personnellement, je préfère ces derniers. Ils sont loin d'être irréprochables, mais eux, au moins, sont élus. C'est même le principe de la démocratie.
© Patrick van Straaten
Mis en ligne le 7 décembre 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org