SCENARIO FICTION : " Comment réussir une insurrection en France "

Publié le par shlomo



Les banlieues françaises sont dans un
état pré-insurrectionnel. Leur population ne reconnaît pas l’Etat comme légitime, et ses représentants, qu’ils soient répressifs – police – ou curatifs – pompiers, services EDF, etc. – sont quasi-systématiquement caillassés. La France n’est plus guère que l’objet d’une haine et d’un rejet. Le terme « gaulois » est une insulte pour les jeunes venant de ces quartiers, de même que « sale française », à peu près synonyme de pétasse.

Inutile de se demander comment on en est arrivé là. Déjà, parce que nombreux sont ceux qui ont répondus. Ensuite, parce que la question, c’est que faire là, maintenant et tout de suite. Ou plutôt, qu’est-ce qu’on fera au moment où ça pètera réellement.

Pour le moment, même si les banlieues sont des dangers potentiels pour la France, elles ne sont pas encore des menaces stratégiques. Il suffit de se souvenir des émeutes de 2005 qui, malgré leur caractère extrêmement étendu, ont été incapables de sortir des banlieues pour menacer les villes. Les
barbares étaient à nos portes, mais ils ont été incapables de les franchir. Mais, depuis 2005, le niveau de violence a encore augmenté, avec l’usage de fusil de chasse à Villiers-le-Bel.

Que ce passera-t-il quand des émeutes généralisés se déclencheront, à la manière de 2005, mais qui seront en plus accompagnés par l’usage de fusils de chasse contre les forces de l’ordre ? Envisageons même le scénario catastrophe, d’émeutes généralisés accompagnées par (ce qui me parait pour le moment très peu probable) l’usage des armes de guerre en possession du grand banditisme ? Et bien la menace ne serait pas si importante que ça. Des policiers seraient tués – quand on y pense, c’est déjà un miracle qu’il n’y ait pas eu des morts à Villiers-le-Bel – et leurs collègues seraient très en colère. Et oui, c’est corporatiste un policier. Et du coup, on pourra assez vraisemblablement s’attendre à voir les cadavres commencer à s’empiler, non pas à cause d’une répression sanglante organisé par un pouvoir politique complètement dépassé par la situation, mais à cause de la vengeance personnelle de policiers qui en auront marre de voir leurs amis se faire descendre. Si la situation devient réellement incontrôlable, la police se contentera de boucler les banlieues en attendant que le RAID ou le GIGN les nettoient les unes après les autres.

Car, dans leur situation actuelle, les émeutiers seraient toujours incapables de franchir les portes de nos villes, de sortir des banlieues pour attaquer centres-villes et bâtiments officiels. Pour faire ça, ils auront besoins de leaders, capables de les diriger, de leur dire où et quand attaquer, de monter des opérations de diversions à un endroit pour y attirer les forces de l’Etat avant de frapper à un autre. Mais plus que ça, ils auront besoin d’une théorie politique ou religieuse, capable de transcender les différences des habitants des banlieues pour les unifier sous une même bannière. La haine de la France, déjà, mais ça ne sera pas suffisant. Il en faudra plus. Du moins je l’espère. Le panarabisme rejetterait les populations noires, le nationalisme noir rejetterait les arabes. Peut-être les deux courants s’unifieront-ils, aidés par l’Islam. Avec l’idée de s’entre-massacrer après la victoire, un peu à la manière USA/URSS pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

Ces leaders et cette doctrine politico-religieuse peuvent émerger spontanément. Mais, dans ce cas là, le mouvement sera rapidement écrasé, et ça risque de ne pas être très propre. Imaginez le français moyen, devant sa télévision, qui voit des voitures de police se faire démolir à coup de RPG, des CRS se faire tirer dessus à la kalachnikov et des foules haineuses fanatisées par des démagogues racistes à la
Kemi Seba appelant à la mort des français. Même pas besoin qu’il y en ait beaucoup en plus, deux ou trois fois suffiront tant que c’est filmé.

Et bien le français moyen, il va rapidement faire une côte de popularité bananière à l’homme politique qui incarnera la politique de fermeté et enverra l’armée remettre de l’ordre dans tout ça. Et même si l’armée française reste notoirement sous-équipée, elle est encore capable d’écraser des pouilleux équipés de kalachnikovs et de deux ou trois RPG, surtout si lesdits pouilleux sont sous-entraînés, se trouvent dans des zones bien définies et sont obligés de communiquer par pigeon voyageur. (Et oui, les téléphones portables, ça se met sur écoute.) Reste ensuite la question de la violence de la répression. L’Etat saura-t-il éviter l’épuration ethnique ? Historiquement, les insurrections en France ont été noyées dans le sang, demandez aux communards ou aux vendéens si vous ne me croyez pas. Par contre, ce qui me fait peur, c’est que la répression soit si violente que la France soit incapable de s’en relever moralement, que ce soit dans un sens (retour en force de l’antiracisme et de la repentance) ou dans l’autre (dérive autoritaire et xénophobe). Remarquez, je me demande ce qui est le plus effrayant : une France honteuse qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, ou Jean Sarkozy comme prince héritier ?

Si l’insurrection veut vraiment réussir, il lui faudra commencer par saper la légitimité de l’Etat. Et pour cela, des leaders purement idéologiques et politiques devront en amont effectuer un travail idéologique de légitimation à priori de l’insurrection. Et c’est déjà bien commencé. L’antiracisme, depuis les années 80, a créé un climat propice au dénigrement de la France. (Je n’accuse pas les associations antiracistes d’avoir sciemment créées ce climat, je suis persuadé que leurs fondateurs et leurs militants étaient sincèrement persuadés d’œuvrer pour la bonne cause. L’enfer est pavé de bonnes intentions comme on dit.) Les Indigènes de la République, Dieudonné, Tariq Ramadan ont prit la suite et travaillent à créer une idéologie de rejet de la France au profit de l’Islam, de la couleur de peau, ou d’un prétendu statut de victime. La légitimation idéologique à priori est d’autant plus importante que, sans elle, jamais le grand banditisme ne mettra ses armes au service d’une insurrection spontanée, ils ne sont pas fous les gangsters.

Il ne restera plus qu’à un idéologue charismatique et passant bien à la télé (Tariq Ramadan ?) d’expliquer en quoi il serait tout à fait légitime que les banlieues se révoltent, à moins bien sûr que l’Etat ne cède sur un certain nombre de points. Qu’on enseigne aux enfants une vision autre que celle de la France sur son histoire, qu’on leur enseigne la langue de leur région d’origine. Pour lutter contre les discriminations vous voyez. (Oui, selon certains expliquer aux gens qu’ils sont différents les aide à s’intégrer. J’avoue avoir un peu de mal à saisir la logique.) Et quand l’Etat refusera, et qu’une bavure policière ou un accident allumera l’incendie, l’insurrection sera légitimée.

Et c’est là que viendra le moment de vérité pour les français. Est-ce qu’ils se rendront aux sirènes antiracistes de la bien-pensance institutionnalisé et estimeront que ces pauvres gens ont bien raisons de se révolter ? Ou bien est-ce qu’ils choisiront de défendre leur pays, sa culture et son héritage ? Quel sera la réaction sociétale et étatique si (ou plutôt quand) des groupuscules gauchistes prennent position en faveur des insurgés ? Que ce passera-t-il si l’insurrection arrive à un moment de crise sociale majeure où le gouvernement est fortement contesté ? (Genre
maintenant par exemple.)

Remarquez, il est aussi possible que l’Etat cède aux revendications des leaders idéologiques. Ainsi, on verra se creuser encore plus le fossé entre les banlieues et le reste de la France. Peu à peu, les revendications vont s’élargir, passer à des revendications d’autonomie politique de plus en plus importantes. Et ensuite… vous avez entendu parler du Kosovo ?

 

Vous allez fort logiquement vous demander comment faire pour éviter d’arriver là. A court terme, je ne pense pas qu’il soit utile d’empêcher les leaders idéologiques potentiels de s’exprimer. Les Dieudonné, les Tariq Ramadan, les Indigènes de la République sont très forts pour se présenter en martyr, et à l’heure d’internet, il est relativement illusoire de chercher à faire taire totalement quelqu’un. En plus, par principe, je suis contre la censure. Par contre, il faut les combattre, par le verbe, par les mots, par l’intelligence. Il faut démonter leur discours, montrer qu’il n’y a derrière que haine de la France et de ses valeurs.

Dans le même temps, il va falloir « franciser » les banlieues, casser les ghettos ethniques et sociaux, assimiler enfin les populations des banlieues, et arrêter d’y rajouter chaque année 150 000 étrangers qui rendent impossible le travail d’assimilation sur le long terme. Mais je crains fort qu’il ne soit trop tard.

Résumons donc. Vous voulez déclencher une insurrection en France ayant des chances raisonnables de réussir. Commencez par effectuer tout un travail idéologique de légitimation à priori. Attisez la différence entre les populations des banlieues et le reste de la population française. Attisez la haine de manière générale. Créez un parti ou un mouvement communautaire. Délégitimez l’
Etat au moyen d’une propagande pseudo-gauchiste. Attendez une bavure ou un prétexte quelconque. Une fois les émeutes partit, trouvez vous des leaders « militaires » qui puissent inciter à sortir les armes et à tirer pour tuer, afin que vous puissiez continuer à pavaner à la télévision le cœur sur la main pour expliquer à quel point cette révolte est justifiée. Par ailleurs, tenez un discours pseudo-révolutionnaire pour vous faire des copains au NPA, et ainsi tenter d’ouvrir un nouveau front encore plus interne, où anarchistes et autonomes vous serviront à détourner de très importantes forces de police. Divisez la population pour retarder au maximum l’intervention des moyens militaires. Au final, posez-vous en représentant politique légitime des banlieues, capable de parvenir à un accord entre les insurgés et l’Etat français. Quoi qu’il arrive, expliquez bien que c’est l’Etat français qui refuse de négocier et que vous ne désirez que la paix. (Ca fait vingt ans que ça marche avec les palestiniens, il n’y a pas de raison que ça échoue pour vous.) Au final, vous devriez avoir des chances raisonnables de parvenir à quelque chose. Bon, vous risquez aussi de finir pendu à un lampadaire avec un écriteau marqué « traitre » passé autour du cou. Mais qu’est-ce que vous voulez, il faut prendre des risques dans la vie.

Gabriel Bendayan pour jeunedroite.over-blog.com le 03 février 2009

Publié dans FRANCE

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