Gaz : vers l'indépendance énergétique d'Israël

Publié le par shlomo

  

Un développement historique a marqué la scène énergétique israélienne ces derniers mois.



 

Les récentes découvertes de gaz au large des côtes israéliennes ont été rendues possibles par des technologies innovantes de forage en haute mer, qui ont cependant un coût élevé, comme ces équipements au large de la côte australienne.
Photo: Bloomberg News , JPost

En janvier 2009, un vaste gisement de gaz naturel a été découvert sur le site de forage Tamar 1, à 90 km à l'ouest de Haïfa et, en mars, on en annonçait un deuxième sur le site Dalit 1, à 60 km à l'ouest de Hadera. Avec, pour ce dernier, un potentiel encore à l'étude.

Le premier grand gisement de gaz naturel en bordure des côtes israéliennes de la Méditerranée avait été découvert en 1999 au large d'Ashkelon et d'Ashdod, sur le site appelé Yam Thetis. Mais Tamar 1 devrait produire une quantité de gaz trois fois plus importante pour une valeur qui avoisinerait les 15 milliards de dollars.

Le 18 janvier 2009, après avoir pris connaissance des rapports des compagnies d'exploitation, le ministre des Infrastructures nationales de l'époque, Binyamin Ben-Eliezer, déclarait au gouvernement : "Nous assistons à une phase à la fois historique et formatrice pour le marché israélien de l'énergie.

Si les forages du site Tamar produisent bien les quantités prévues, la dépendance israélienne en matière de combustibles déclinera, sans toutefois disparaître tout à fait."

Le gaz naturel est produit par une bactérie issue de matières organiques. C'est un mélange de différents gaz, le méthane étant le composant majeur.

Dans notre région, la principale source de matières organiques est un sédiment de l'époque préhistorique, venu du Nil et déposé en Méditerranée. Il en existe d'autres dépôts importants le long de la côte égyptienne et de celle de Gaza.

Leur récente découverte au large des côtes israéliennes a été rendue possible par des technologies innovantes qui permettent un forage en mer jusqu'à 3 700 m de profondeur. Mais le coût est hélas très élevé : il a fallu 50 millions de dollars pour le forage du Dalit qui se trouve à environ 1 200 m de profondeur.

Le gaz naturel est l'énergie la moins chère sur le marché israélien. Comparé à d'autres combustibles comme le mazout, le diesel ou le charbon, il brûle de façon relativement propre, émettant moins de polluants et de gaz à effet de serre.

En outre, construire des centrales électriques qui fonctionnent au gaz naturel coûte relativement peu, nécessite moins d'espace et peut se faire n'importe où, contrairement à celles qui fonctionnent au charbon et doivent être situées en bord de mer, zones généralement à forte densité de population où le terrain est donc plus onéreux.

Les avantages du gaz naturel israélien, comparé au gaz ou au kérosène importés, résident dans les revenus directs générés : le Trésor perçoit en effet des royalties et des impôts, qui entrent dans la balance des paiements en Israël.

La révolution du gaz israélien encourage également la recherche d'autres sites potentiels de sources d'énergie et contribue à accroître l'emploi dans le secteur énergétique.

Le gaz naturel a toutefois un inconvénient majeur par rapport au kérosène ou au charbon : sa conservation et son transport en containers à l'état naturel posent certaines difficultés.

Le moyen le moins cher et le plus efficace de le commercialiser consiste à établir une infrastructure de conduites de gaz. Ainsi le développement du marché du gaz dépend-il de celui, parallèle, de trois composants : la recherche d'autres gisements, son acheminement et sa consommation.

Il est toutefois possible de transformer le gaz en matière liquide (LNG) dans des installations de condensation, pour pouvoir le transporter via un réseau de canalisations. Israël se prépare actuellement, pour pouvoir exploiter ces installations de LNG en 2015.

Du besoin de réduire la dépendance du pays

Selon le ministère national des Infrastructures, il y aura un laps de temps de quelques années entre le moment où le site Yam Thetis devrait s'épuiser (en 2012 selon les prévisions) et celui où Tamar 1 sera totalement opérationnel.

Dans l'intervalle, Israël dépendra dans une large mesure de l'Egypte et risque même de souffrir d'une pénurie de gaz naturel.

Mais la découverte de gaz sur le site
Dalit 1 pourrait bien remettre en question ces pessimistes prévisions si ses ressources sont suffisantes.

Etant donné sa proximité avec les infrastructures qui existent déjà pour acheminer le gaz par la mer (et qui desservent pour l'heure le site Yam Thetis), il serait possible de commencer à transporter le gaz du site dès 2012.

Soit, une façon de combler le fossé prévu entre l'épuisement de Yam Thetis et le début d'exploitation de Tamar 1, et une réponse à la demande générée par la mise en service des nouvelles centrales électriques fonctionnant au gaz.

Le gaz naturel israélien arrive à point nommé pour réduire la dépendance énergétique du pays. Plus que toute autre nation du monde, l'Etat d'Israël a clairement intérêt à réduire sa dépendance quant aux importations de ressources essentielles, y compris d'énergie.

La plupart des sources d'énergie israéliennes sont situées dans des zones isolées, desservies par des routes étroites et peu nombreuses. En outre, depuis la guerre de Kippour de 1973, le pays sait bien que le pétrole peut être une arme.

D'autant qu'Israël risque d'avoir à souffrir d'interruptions d'approvisionnement en énergie importée pas nécessairement liées au conflit israélo-arabe. Comme d'autres pays, il a par exemple souffert de l'embargo pétrolier pendant la révolution islamique en Iran, qui avait provoqué une envolée des prix et de graves difficultés d'approvisionnement.

L'Egypte est aujourd'hui le seul exportateur de gaz naturel vers Israël. Dans le passé, l'Etat juif a certes songé à faire venir du pétrole de Russie par l'intermédiaire de la Turquie et de l'Autorité palestinienne, mais l'idée n'a pas abouti.

Parmi les considérations qui poussent l'Etat d'Israël et la Compagnie nationale d'électricité à acheter le gaz égyptien : l'importance des gisements sur le territoire égyptien, le désir de varier les sources d'approvisionnement, la création d'une concurrence entre les Egyptiens et les fournisseurs israéliens, ainsi que des motivations politiques (l'accord sur le gaz est l'un des symboles de la paix).


Néanmoins, étant donné, d'une part, la dépendance croissante du système électrique israélien vis-à-vis du gaz naturel, une infrastructure cruciale pour l'ensemble du développement économique du pays, et, d'autre part, l'émergence d'une opposition égyptienne qui conteste l'exportation de gaz vers Israël, la viabilité à long terme de ce canal d'approvisionnement est loin d'être assurée.

Relations tempérées avec l'Egypte

En novembre 2008, un tribunal du Caire a en effet rendu caduque l'accord sur le gaz signé en 2005 avec Israël, à la suite d'une pétition lancée par l'opposition, qui protestait contre les tarifs très bas consentis à l'Etat juif.

Le régime a fait appel de cette décision et le jugement a été annulé, mais les prix ont été rehaussés (dans un contrat du 22 février 2009).

Au cours d'un débat public sur la vente de gaz à Israël, le régime égyptien a clairement fait comprendre que l'approvisionnement de gaz vers Israël était conditionné au traité de paix unissant les deux nations et qu'Israël n'exigeait pas de conditions préférentielles par rapport aux autres clients de l'Egypte.

Quoi qu'il en soit, selon les médias, après la découverte du site Tamar 1, EMG (la source d'approvisionnement égyptienne) s'est déclaré sereine, car, selon les projections du ministère national des Infrastructures, le marché du gaz israélien aura encore besoin du gaz égyptien, même après la mise en fonction de Tamar.

En ce qui concerne les Palestiniens, il est dans l'intérêt politique d'Israël de développer leurs gisements de gaz. Toutefois, le conflit continuel, la mainmise du Hamas dans la bande de Gaza et la découverte de gisements en Israël limitent les possibilités de tirer profit de ces réserves dans un proche avenir.

En conclusion, la découverte des nouveaux gisements permettra d'alimenter le marché israélien avec une énergie relativement bon marché et non polluante, de varier les sources d'énergie et de répondre à la nécessité pour Israël de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
Il est toutefois important d'accélérer le rythme du développement d'autres alternatives au charbon et au pétrole, et en particulier de mettre l'accent sur les énergies renouvelables.

Publié dans ISRAEL

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