Obama : la stupéfiante insulte faite à Israël et aux Juifs

Publié le par shlomo


Anne Bayefsk y 

Jewish World Review, 9 juin 2009


Texte original anglais : "Obama's stunning offense to Israel and the Jewish people"

Traduction française : Jean Szlamowicz, pour upjf.org

 

Le discours du Caire d’Obama constitue un véritable tremblement de terre. Il s’agit d’une révision de l’histoire, d’une insulte au peuple juif, et d’un abandon des victimes dont les droits de l’homme sont lésés dans le monde arabe et musulman. Rien d’étonnant à ce que les Arabes et les musulmans habilités à s’exprimer aient été enthousiastes. Il est, en revanche, plus surprenant qu’en Amérique, on ait tant admiré ce discours pour l’habilité politique dont il faisait preuve, plutôt que de le critiquer pour la véritable trahison qu’il constitue, et qui a une dimension historique.

Obama a mis sur le même plan l’Holocauste et le déplacement de la population palestinienne. Selon lui,

« les Juifs ont été persécutés (…) l’antisémitisme européen a culminé dans un holocauste sans précédent. (…) Six millions de Juifs ont été tués… D’un autre côté, il est également indéniable que les Palestiniens, musulmans et chrétiens, ont souffert dans leur rêve d’une terre. »

Ce parallèle reprend à son compte le 'narratif' arabe fallacieux qui établit une équivalence rigoureuse entre le meurtre de masse de six millions de Juifs, pour la simple raison qu’ils étaient Juifs, et la violation des droits palestiniens par des Juifs.

En s’exprimant dans un pays arabe et en s’adressant aux Arabes et aux musulmans, Obama a souligné la responsabilité européenne dans l’Holocauste (« l’antisémitisme européen a culminé dans un holocauste sans précédent »). Dans un autre contexte, cette assertion aurait été curieuse. En Egypte, elle n’a rien d’accidentel : la version arabe de l’histoire a toujours été qu’on avait forcés les Arabes à accepter la création d’Israël en compensation d’un crime commis par les Européens.

En réalité, les hôtes d’Obama ne pouvaient que connaître sur le bout des doigts l’antisémitisme arabe durant la Seconde Guerre Mondiale (et après aussi, bien sûr). Après tout, Obama s’exprimait dans le pays même où fut formé le grand mufti, et qui l’accueillit comme un héros national à son retour. Il s’agit tout de même de l’homme qui a passé la guerre à Berlin, à l’invitation de Hitler, pour l’aider au meurtre des Juifs.

Obama pensait pouvoir prouver à Israël son impartialité en s’offrant le vendredi un petit voyage dans un camp de concentration pour fustiger le négationnisme. Dans ce contexte, ce geste, censé témoigner de sa bienveillance à l’égard des Juifs, n’est apparu que comme un exemple de cynisme et d’opportunisme politique, surtout après avoir mis en parallèle l’Holocauste et « la souffrance et la douleur des Palestiniens qui dure depuis 60 ans ». Car le président n’a pas fait de référence remplie d’émotion à « l’intolérable souffrance » des victimes israéliennes du terrorisme arabe qui dure depuis 60 ans. Le mot « terrorisme » n’a d’ailleurs jamais franchi ses lèvres. Loin de condamner le terrorisme et l’antisémitisme qui le nourrit, de telles manœuvres politiciennes ne font que renforcer l’audace dont sont capables la haine et la violence contre les Israéliens.

Par contre, Obama a recherché l’approbation arabe en faisant une équivalence morale entre ceux qui ont rejeté Israël dès le début (et qui aspirent encore à sa destruction, ou à un « droit au retour » qui signifierait la fin d’une majorité juive), et les Juifs qui se défendent depuis le 14 mai 1948. A en croire Obama :

 « il y a une impasse : deux peuples aux aspirations légitimes, et chacun porteur d’une histoire douloureuse (…) Il est facile de montrer l’autre du doigt, les Palestiniens soulignant les déplacements [de populations] causés par la création d’Israël, et les Israéliens soulignant l’hostilité et les agressions constantes. »

Parler d’impasse concernant le conflit israélo-arabe trahit une incapacité abyssale à reconnaître la réalité historique. L’Etat d’Israël est né après un plan de partition internationalement approuvé en novembre 1947, qui aurait permis la création de deux Etats, l’un juif, l’autre arabe. Ce plan a été accepté par les Juifs et rejeté par les Arabes. Les uns ont toujours voulu vivre en paix, et les autres ont choisi de faire la guerre en 1948, 1956, 1967, 1973 et 1982, et de poursuivre leur action par le terrorisme, après chacune de leur défaite.

Sans la moindre compréhension du monde juif et de l’histoire juive, Obama a déclaré que

« l’aspiration à une terre juive est enracinée dans une histoire tragique que l’on ne peut nier »,

car,

« dans le monde entier, les Juifs ont été persécuté pendant des siècles ».

 

L’idée d’une terre juive en Israël n’est pas enracinée dans la tragédie ou la persécution internationale mais dans une incroyable relation de continuité spirituelle multiséculaire avec la terre d’Israël et avec Jérusalem. En plus du couplet sur la responsabilité européenne dans l’Holocauste, ces mots n’ont fait que renforcer la croyance mortifère selon laquelle Israël est une création de Juifs étrangers transplantés.

L’incroyable insulte faite aux Juifs et à Israël par Obama est allée encore plus loin. Les Israéliens se trouvent occuper des territoires à la suite de guerres, menées par les Arabes, qui avaient pour but l’annihilation d’Israël. Mais Obama a procédé à une mise en équivalence des

« humiliations quotidiennes (des Palestiniens) qui sont celles de l’occupation »,

et de

« l’humiliation de la ségrégation »

subies par les esclaves noirs aux Etats-Unis, et

« l’autorité morale du peuple d’Afrique du Sud ».

Le public arabe du président des Etats-Unis n’a pu manquer de remarquer ce clin d’œil appuyé à l’un des arguments diffamatoires les plus puissants contre l’Etat hébreu aujourd’hui : l’allégation selon laquelle Israël serait un Etat raciste fonctionnant selon un régime d’apartheid.

Après avoir établi une équivalence morale entre les revendications palestiniennes et celles des victimes de l’esclavage et de l’apartheid, Obama a exprimé, dans un même souffle, le « droit à l’existence d’Israël » et le fait que « les Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité des nouvelles implantations israéliennes ».

Chaque mot de son discours a été mûrement pesé. Ce n’est donc pas par hasard qu’un président américain, pour la première fois de l’histoire, a refusé toute légitimité aux implantations israéliennes. Point. Une telle assertion met fin à tous les accords passés entre Arabes et Israéliens, qui ont conjointement toujours considéré que la question de savoir quelles implantations perduraient et quelles implantations devraient être démantelées, serait réglée par un processus bilatéral dans le cadre d’un accord de paix et de négociation sur un règlement définitif. Même la Feuille de Route Pour la Paix parle clairement (dans la phase 3) d’un

« accord sur un statut définitif et la fin du conflit israélo-palestinien (…) de résolution de statut définitif et permanent (…), réglant le problème des frontières, de Jérusalem, des réfugiés, des colonies. »

De plus, l’idée que des Juifs ne puissent pas vivre sur un territoire promis à un futur état palestinien ne peut signifier qu’une chose : une Palestine au régime d’apartheid. Vingt pour cent de la population israélienne, soit un million et demi de personnes, sont des Arabes (qui disposent de davantage de droits démocratiques qu’ils n’en auraient dans un état arabe). Parallèlement, l’idée même d’une présence juive sur un territoire palestinien semble être une abomination. Pourquoi donc un futur transfert d’autorité gouvernementale signifierait-il qu’il faut mettre les Juifs à la porte ?

Mais, si l’on en juge par le discours d’Obama, un seul « déplacement » [de population] compte [celui des Palestiniens]. En mettant sur le même plan l’Holocauste des Juifs et la douleur palestinienne consécutive au « déplacement », il a également omis le déplacement de 800 000 réfugiés juifs venant de tous les pays arabes du Moyen-Orient, en réplique à la création d’Israël.

Les Juifs devenus des réfugiés à cause de l’intolérance arabe n’ont pas été les seules victimes que le président a choisi d’oublier. A trois reprises, Obama a défendu le droit des femmes musulmanes à couvrir leur corps. Pas une seule fois il n’a mentionné le droit des femmes à refuser de couvrir leur corps, droit qui leur est refusé sous peine d’arrestation et de mise à mort dans nombre des pays auxquels il s’adressait. Au nom de « la liberté de culte », il a choisi de « louer les efforts, comme ceux du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, pour le dialogue interreligieux ». Rappelons que l’Arabie Saoudite tient pour illégale la pratique de toute religion autre que l’islam. Une telle version des droits de l’homme est une pure fiction, qui n’a fait que rendre le pire des services à tous ceux qui sont opprimés dans le monde arabe et musulman.

Le discours du Caire, méticuleusement planifié et prononcé par le président Obama, marque l’un des points les plus bas dans la compréhension, par un président américain, de l’état hébreu, de son histoire et de l’avenir de son peuple. Si l’on prend également en compte l’évidente infirmité du gouvernement Obama concernant la question iranienne, ce discours du 4 juin 2009, par celui qui est censé être un dirigeant du monde libre, restera dans les annales comme un déclin majeur de l’histoire humaine.

 

Anne Bayefsky


© Jewish World Review

 


Mis en ligne le 10 juin 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org

Publié dans INTERNATIONAL

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