REDECOUVRIR LA VOLONTE DE VAINCRE

Publié le par shlomo

Jonathan Tobin,
JERUSALEM POST                                   

Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Il y a environ trois ans et demi, l’ancien prisonnier d e Sion et ministre du cabinet israélien Natan Sharansky était l’auteur favori de George W. Bush. Sharansky gagna un coup de pouce inattendu quand le résident du 1600 Pennsylvania Avenue l’invita, avec son co-auteur Ron Dermer à la Maison Blanche, et déclara au monde que chacun devrait lire leur livre : « The Case for Democracy: The Power of Freedom to Overcome Tyranny & Terror » (1).                  

Bien que cela ne fût pas l’équivalent d’une invitation sur le canapé des invités d’Oprah Winfrey (2), le livre de Sharansky figura sur la liste des meilleures ventes du ‘New York Times’. Après le renversement facile de Saddam Hussein par les troupes des USA une année auparavant, et avec l’esprit de l’après 11 septembre pour renverser la marée montante de la tyrannie islamiste, l’optimisme paraissait en hausse.

Mais c’était il y a longtemps.

La guerre en Irak, maintenant dans sa sixième année, est, que ce soit juste ou pas, considérée aujourd’hui  comme un bourbier dans lequel l’Amérique est empêtrée du fait des certitudes mal avisées de ceux qui croyaient follement qu’ils pourraient implanter des valeurs démocratiques à l’étranger.

L’insurrection en Irak, ainsi que l’élection victorieuse du mouvement terroriste palestinien Hamas en 2006 (malgré l’éloge de Bush, Sharansky avait critiqué la confiance de Bush dans des élections comme indicateur de démocratie), ont profondément discrédité, dans l’esprit de la majorité des Américains, la notion que nous pourrions répandre la démocratie dans le reste du monde.

Nullement perturbé par le changement drastique de l’humeur publique, Sharansky, qui a abandonné la politique et écrit maintenant depuis une position élevée au « Shalem Center de Jérusalem », revient avec un nouveau livre destiné à persuader l’Occident de continuer à combattre pour ses idéaux.

Ayant observé le progrès qu’ont accompli les ennemis de la démocratie, Sharansky croit qu’un élément a donné de la force aux islamistes, tout en minant la détermination de l’Occident dans le même temps : l’identité.

Dans ‘Defending Identity’, co-rédigé avec Shira Wolosky Weiss et publié par Dermer, Sharansky souligne qu’alors qu’un appel universaliste à l’individualisme sonne juste pour nous, al Qaïda, le Hamas et le Hezbollah ont consacré ces dernières années à illustrer que l’identité de groupe qui transcende l’économie ou la valeur de la vie elle-même, est un ennemi mortel de la démocratie.

Dans le temps même  de l’ascension d’un extrémisme islamique mortifère, les intellectuels occidentaux en sont venus de plus en plus à considérer la religion et le nationalisme comme antithétiques de la liberté. Le problème est que, si nous faisons l’erreur de les voir comme étant un poison primitif qui est en soi la cause de la violence, l’Occident se verra dérober les outils mêmes avec lesquels nous pouvons défendre nos valeurs.

L’identité peut être, argumente Sharansky, une « force pour le bien », et pas seulement une idéologie négative. « Des identités fortes sont aussi valables pour une société fonctionnant bien qu’elles le sont pour…  des individus fonctionnant bien ».

Davantage encore, « sans identité, une démocratie devient incapable de défendre les valeurs qu’elle prise le plus ».

La situation actuelle en Europe, où les démocraties semblent parfois ne pas vouloir, ou bien sont incapables de se dresser contre les forces politiques et culturelles islamistes, illustre trop bien cela.
L’effondrement d’idées, comme le colonialisme, qui furent autrefois associées aux empires européens, a permis au mode de pensée « post-identitaire » de descendre en flammes les sentiments nationaux, de même que pour la foi. Mais plutôt que ce rejet des normes culturelles européennes n’aide sa culture démocratique à prospérer, elle l’a réduite sans défense face aux immigrants musulmans agressifs et sûrs d’eux-mêmes.

Ce courant a conduit à un effondrement virtuel de la cause des droits de l’homme à travers le monde. Non seulement beaucoup d’intellectuels et d’universitaires européens ne sont pas intérressés par l’apport de la liberté dans des lieux où les islamo-fascistes et les tyrans locaux exercent leur férule, mais beaucoup ont fait activement cause commune avec ceux qui veulent détruire les démocraties existantes.

C’est la seule façon de comprendre la volonté d’un si grand nombre en Occident à soutenir les Palestiniens, dont la vision du monde est à l’opposé complet de ce à quoi ces penseurs libéraux sont présumés adhérer.

C’est, après tout, l’Etat d’Israël, où le droit des Juifs à leur propre “identité” est assiégé aussi bien de la part de ceux qui s’opposent à toute souveraineté non musulmane dans la région, et les critiques occidentales, y compris un ensemble croissant de Juifs gauchistes, qui considèrent le sionisme comme un nationalisme régressif.

Voilà un corpus de pensée qui a gagne du terrain de guerre lasse contre Israël, comme les soi-disant « post-sionistes » ont cherché à couper le pays de ses racines. Plutôt que de le voir comme le lieu où un petit groupe a trouvé la liberté de permettre à leur antique civilisation de s’épanouir de nouveau sur sa patrie historique, les post-sionistes pressent les Israéliens d’échapper à un tel esprit de clocher.

Mais c’est là que Sharansky, un immigrant dont le passé a rendu impossible l’idée qu’il pourrait être un jour premier ministre, comprend mieux la menace que n’importe quel Sabra. 
En tant que dissident de l’ex Union soviétique, Sharansky lui-même a comblé le fossé entre les mouvements pour promouvoir les droits de l’homme pour tous les Russes, et obtenir le droit d’émigrer pour les Juifs. Mais ses objectifs de promotion de la liberté pour tous les citoyens soviétiques, et les droits particuliers des Juifs n’étaient pas contradictoires. Pour les communistes, la tentative d’éteindre la liberté individuelle était indiscernable de leur tentative d’éradiquer l’identité juive. Les deux causes défendues par Sharansky se complétaient mutuellement, comme la victoire finale de chacune l’a prouvé.

De même, aujourd’hui, Sharansky est ridiculisé par des activistes de groupes comme « Amnesty International » et « Human Rights Watch » parce que, tout en soutenant la cause des droits de l’homme ailleurs, il soutient activement le droit d’Israël à se défendre contre les terroristes, dont l’objectif est de dénier la liberté aux Juifs.

Exactement comme l’Occident ne peut pas se défendre contre l’islamisme en abandonnant la croyance dans la supériorité de ses propres idéaux de démocratie, Israël ne survivra pas en « abandonnant son identité juive ».

« Il y a une autre voie » argumente Sharansky. « La voie de la paix repose dans le renforcement de l’identité juive d’Israël, dans le maintien d’une démocratie israélienne robuste, en encourageant nos voisins non démocratiques à construire des sociétés libres ».

Egalement important, “Defending Identity” en vient au Coeur du malaise qui en entraîne beaucoup en Europe et en Amérique à refuser de comprendre la menace à leurs libertés que la pensée post-identitaire représente.

« Un monde sans différences est un monde qui dénie aux gens leurs attachements les plus profonds à l’histoire et au futur, à la mémoire et au patrimoine culturel », écrit Sharansky.

Les islamistes proclament qu’ils vaincront parce que les Occidentaux et les Juifs « aiment la vie », alors qu’ils « aiment la mort », parce que leur croyance en leur cause est si grande. La réponse de l’auteur est d’affirmer que « le bouclier du monde libre contre ses ennemis est sa propre identité, vigoureusement affirmée… Toutes les cultures ne sont pas les mêmes. Toutes les valeurs ne sont pas équivalentes. Le droit de vivre sa vie de manière unique est un droit pour lequel  il vaut la peine de se battre et si nécessaire de mourir ».

Le climat politique délétère peut signifier qu’un autre placement de Sharansky sur la liste des meilleures ventes est hautement improbable. Mais voilà un message que tous ceux qui adhèrent aux valeurs de l’Occident démocratique doivent prendre à cœur.

L’auteur est rédacteur en chef du ‘Jewish Exponent’ à Philadelphie.

Notes du traducteur :

(1) La défense de la démocratie : la puissance de la liberté pour vaincre la tyrannie et le terrorisme.

(2) Oprah Winfrey : la plus célèbre animatrice de “talk-shaw” aux USA (Michel Drucker serait son équivalent ici)

Publié dans INTERNATIONAL

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