LES MEILLEURS AMIS DE L' AMERIQUE
1er août 2007 - Par Caroline B. Glick | Jewish World Review | Adaptation française de Sentinelle 5767 ©
Israël a utilisé le soutien des USA pour faire progresser aussi bien la sécurité nationale d’Israël que les intérêts géopolitiques des USA sans répercussion négative. Deux ventes d’armes majeures ont été annoncées en fin de semaine. D’abord, les USA ont annoncé qu’ils projettent de vendre à l’Arabie saoudite pour 20 milliards de $ de systèmes d’armes avancées, dont un ensemble de Munitions d’Attaque Directe Associée [en anglais JDAM], capables de transformer des bombes gravitationnelles « standards » en armes « intelligentes » guidées avec précision.
Dans une grande tentative pour neutraliser l’opposition du Congrès à la vente proposée, l’administration Bush a aussi annoncé son plan d’augmentation de l’assistance militaire annuelle à Israël de quelque 25% l’an prochain, et son espoir que l’augmentation de l’assistance en 2008 sera maintenue par la prochaine administration.
La seconde vente d’armes a été celle rapportée concernant l’accord russe de vendre à l’Iran 250 chasseurs à réaction Sukhoï - 30, et des avions ravitailleurs, capables d’étendre la portée des avions de chasse de milliers de kilomètres. L’armement massif de l’Iran par la Russie via cette vente et d’autres au cours des deux années passées, montre clairement que du point de vue russe, toutes les menaces aux intérêts des USA, dont l’expansionnisme shiite, travaillent à l’avantage de Moscou. Face à cela, ces annonces américaine et russe contrastées semblent indiquer que la géopolitique en est revenue au modèle de la Guerre Froide, avec deux superpuissances en concurrence pour le pouvoir mondial à travers, entre autres choses, l’aide à leurs vassaux pour se combattre l’un l’autre. Pourtant, aujourd’hui, la situation n’est pas la même qu’auparavant.
Aujourd’hui, les USA se retrouvent en concurrence non seulement avec une Russie émergente, mais contre l’Iran, et l’expansionnisme shiite qu’elle fait progresser. De plus, ils se trouvent eux-mêmes attaqués par le jihadisme sunnite, incubé et financé par l’Arabie saoudite, premier allié de l’Amérique dans le Golfe persique.
La vente d’armes proposée par les USA à l’Arabie saoudite a soulevé une critique acérée en Israël et parmi les partisans d’Israël aux USA. Comme les officiels de haut rang l’ont déclaré au ‘Jerusalem Post’ lundi dernier, la vente de « JDAM » à l’Arabie saoudite constitue une menace stratégique envers Israël qui n’a pas de moyen de se défendre contre les installations de JDAM.
Pour évaluer le caractère raisonnable de l’opposition d’Israël à la vente proposée, et pour comprendre la signification de la vente sur la toile de fond de menaces émergentes régionales et mondiales à l’encontre des intérêts de la sécurité nationale des USA, il est important de revoir les actions des USA en faveur d’Israël et de l’Arabie saoudite pendant la Guerre Froide, lorsque le contrôle de l’expansion de l’Union Soviétique dans le monde était le principal objectif de la politique étrangère des USA. Les USA ont tenu Israël à distance jusque après sa stupéfiante victoire contre les vassaux soviétiques, l’Egypte et la Syrie, au cours de la Guerre des Six Jours. A la suite de la victoire d’Israël, les USA ont réalisé qu’Israël était un allié naturel dans le contrôle de la puissance soviétique au Moyen-Orient. En conséquence, ils commencèrent à partir de 1968 à fournir à Israël une assistance politique et militaire. Cette politique a été payante lors de la Guerre de Yom Kippour en 1973, et pendant la Guerre au Liban de 1982, quand Tsahal a bien battu les armées vassales des Soviétiques. De fait, du point de vue des USA, il n’y avait aucun inconvénient à soutenir Israël. Le manque patent d’ambitions expansionnistes d’Israël a assuré que les USA ne souffriraient aucune répercussion nuisible du fait de leur soutien.
La faiblesse centrale de l’alliance USA - Israël était la perception de l’Arabie saoudite comme un allié stratégique par les USA. Cette faiblesse est montée à la position prééminente en 1981, lors de la décision de l’administration Reagan de vendre des avions espions AWACS aux Saoudiens. Comme c’est le cas avec la vente d’armes actuellement proposée par les USA aux Saoudiens, à cette époque, les Israéliens percevaient la vente d’AWACS comme une menace stratégique à leur sécurité nationale. Pourtant, puisque le contrôle de l’expansionnisme soviétique et non la sécurité d’Israël constituait l’objectif stratégique primaire des USA, et comme les USA percevaient l’Arabie saoudite comme un allié contre l’expansionnisme soviétique, l’administration Reagan poussa à la vente, à l’encontre des objections vigoureuses d’Israël.
Pour finir, les AWACS ne furent pas utilisés contre Israël. De même encore, les Saoudiens ne firent rien pour infléchir l’expansionnisme soviétique, ou faire avancer le moindre autre intérêt des USA. Pendant la Guerre du Golfe de 1991, ils ne jouèrent aucun rôle efficace au combat contre l’Irak.
La principale contribution saoudienne à la victoire des USA dans la Guerre Froide, ce fut sa volonté de financer les moudjahidin en Afghanistan, en combattant l’invasion soviétique. Il n’y a pas le moindre doute du fait que la déroute de l’armée soviétique en Afghanistan a joué un rôle central pour provoquer la dissolution de l’Empire Soviétique. Mais il n’ y a pas non plus le moindre doute que la répercussion négative accessoire de la Guerre en Afghanistan a provoqué un énorme dommage à la sécurité nationale des USA, et à la sécurité mondiale dans l’ensemble.
La victoire des moudjahidin armés par les USA et financés par les Saoudiens, contre les soviétiques en Afghanistan, a nourri les aspirations des jihadistes sunnites soutenus par l’Arabie. Cela engendra al Qaïda et fournit des armes et l’expérience du combat à des forces qui reviendraient hanter les USA. Aussi, en ce qui concerne le Moyen-Orient et l’Asie centrale, une leçon primaire de la Guerre Froide est liée au poids relatif que les USA peuvent placer en toute sécurité dans leur alliance avec Israël d’un côté, et leur alliance avec les Saoudiens de l’autre. Israël a utilisé le soutien des USA pour faire progresser aussi bien la sécurité nationale d’Israël que les intérêts géopolitiques des USA sans répercussion négative. Les Saoudiens furent soient inconséquents, ou bien firent progresser les intérêts des USA d’une manière qui provoqua d’énormes effets négatifs.
Aujourd’hui, alors que les USA sont confrontés à l’hostilité russe, à l’expansionnisme iranien et aux jihadistes sunnites financés par les Saoudiens, ils sont encore affligés par le dilemme de la Guerre Froide sur l’importance relative de leurs alliances avec Israël et l’Arabie saoudite. D’un côté, étant donné qu’aujourd’hui le potentiel de répercussion négative dans le soutien à l’Arabie saoudite est de loin plus élevé, et éminemment plus prévisible qu’il ne l’était il y a 25 ans, il devrait sembler clair que dans l’évaluation des ressources et des intérêts stratégiques de la région, les USA devraient placer un poids bien plus élevé dans son alliance avec Israël.
Malheureusement, aujourd’hui l’administration Bush se comporte de façon paradoxale. Elle poursuit son alliance avec l’Arabie saoudite avec vigueur, en rejetant et en minimisant son alliance avec Israël.
L’hostilité de l’administration envers Israël n’est pas limitée à son intention de doter les Saoudiens d’armes capables de détruire des ressources stratégiques d’Israël dans le Neguev. Elle presse aussi activement Israël de ne pas se défendre contre l’Iran et ses vassaux. Depuis la Seconde Guerre du Liban l’été dernier, les USA ont poussé Israël à ne prendre aucune mesure contre le Hamas, vassal de l’Iran, d’un côté, tout en poussant Israël à renforcer le Fatah, qui a lui-même des liens puissants avec l’Iran et le Hamas., de l’autre côté. En poussant Israël à pratiquer une politique de capitulation envers les Palestiniens de Judée et de Samarie, semblable à sa capitulation face aux Palestiniens il y a deux ans à Gaza, l’administration Bush met en avant une politique qui, si elle est exécutée, assurera rien moins que le contrôle iranien sur la périphérie de Jérusalem et d’Amman. Il y a deux causes principales au refroidissement des USA à l’égard d’Israël et de la chaude adoption des Saoudiens. D’abord, l’échec de l’administration à atteindre ses objectifs en Irak a renforcé l’influence des partisans de la Guerre Froide à la saoudienne. Ces partisans, conduits par les disciples de l’ancien Secrétaire d‘Etat James Baker, par la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, et le Secrétaire à la défense Robert Gates, poussent en avant leur projet centré sur les Saoudiens, tout en préparant la voie d’un retrait américain d’Irak sans victoire. Selon la vision du camp Baker, la meilleure manière de faciliter un retrait est de renforcer les Saoudiens, pour qu’ils puissent peut-être éviter qu’après le retrait américain d’Irak, celle-ci ne devienne une colonie iranienne.
La seconde cause de l’hostilité de l’administration envers Israël, c’est la prise en charge irrésolue du gouvernement Olmert lors de la Seconde Guerre du Liban l’an dernier. Comme ce fut le cas il y 25 ans, l’été dernier, le gouvernement Olmert a conduit Israël à la défaite au Liban, il a affaibli la réputation des officiels de l’administration qui considéraient Israël comme un allié stratégique et s’opposaient aux Saoudiens, en renforçant les ennemis d’Israël inspirés par Baker, qui considèrent Israël comme un handicap stratégique.
L’adoption enthousiaste par le gouvernement Olmert de la capitulation comme une politique nationale à l’égard des Palestiniens en Judée et en Samarie sert simplement à renforcer l’opinion de ceux aux USA qui veulent qu’Israël soit un handicap stratégique plutôt qu’une ressource.
Pourtant, les leçons de la Guerre Froide, et celles des quinze années écoulées [depuis les « Accords d’Oslo », Ndt] demeurent claires. Les Saoudiens restent au mieux amis des USA dans le joli temps, alors que la force ou la faiblesse d’Israël a un impact direct sur la sécurité nationale et les intérêts géopolitiques des USA. Comme ce fut le cas pendant la Guerre Froide, de même aujourd’hui, la meilleure option des USA pour le contrôle de l’expansionnisme russe et iranien, et la neutralisation des jihadistes sunnites, c’est de soutenir Israël.
Si les USA désiraient comprendre les leçons limpides de leur expérience de la Guerre Froide au Moyen-Orient, ils ne pousseraient pas Israël à s’affaiblir davantage par des dons de terre aux vassaux palestiniens de l’Iran. Ils ne saperaient pas activement la sécurité nationale d’Israël en fournissant des armes sophistiquées aux Saoudiens. Ils admonesteraient le gouvernement Olmert pour son comportement irresponsable, et exhorteraient Israël à ne pas avancer en tremblant, parce qu’on en a besoin pour le plus grand combat.
Contribuant à la JWR, Caroline B. Glick est membre senior pour le Moyen Orient du “Center for Security Policy” [Centre pour la Politique de Sécurité ] à Washington, DC et rédacteur en chef adjoint du « Jerusalem Post ».