HRW : D'UN RAPPORT A L' AUTRE

Publié le par shlomo

 


Human Rights Watch, HRW pour les intimes, n’a pas pour réputation de faire de cadeaux à Israël.

Rappelons pour mémoire que cette ONG américaine avait appelé en 2006 l’administration Bush à stopper son aide directe à Israël.

Le professeur de droit Alan Dershowitz a écrit dans The Jerusalem Post : «Quand il s’agit d’Israël et de ses ennemis, HRW manipule les faits, triche sur les interviews et met en avant des conclusions prédéterminées qui sont dictées plus par l’idéologie que par les faits.»

Il est vrai que les conclusions et rapports émis par cette organisation font les délices des détracteurs d’Israël.

Les pays arabes par exemple, se reposent sur les travaux de cette organisation pour démolir l'Etat hébreu et nuire à son image sur le plan international.

Même si plusieurs rapports de HRW visent les dictatures arabes, ils finissent en général dans les archives de ces gouvernements quand ils ne crient pas à l’anti-islamisme primaire.

Les différents sites et blogs des opposants farouches à l’Etat d’Israël relaient sans barguigner la prose de HRW pour autant que celle-ci permette de légitimer la haine et le mépris de cette petite démocratie.

Aussi faut-il noter que le tout nouveau rapport de HRW sur la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël a bien failli connaître un sort radicalement différent.

Le Hezbollah et le gouvernement libanais, pour une fois en total accord, ont dénoncé mercredi 29 Août un rapport de Human Rights Watch concernant les attaques menées par la milice chiite libanaise contre les civils israéliens pendant l'été 2006, affirmant qu'il déformait la réalité.

L'organisation a précisé qu'elle avait été obligée d'annuler une conférence de presse prévue jeudi dans un hôtel de Beyrouth pour présenter les conclusions du rapport, de crainte que cet événement ne soit perturbé par de possibles manifestations de sympathisants du Hezbollah. Cette déclaration émane de l’AFP.

RIA Novosti, l’agence russe présente les choses de manière un peu différente : Le premier ministre libanais Fouad Siniora a dénoncé le rapport de l'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) critiquant les actes du Hezbollah durant la guerre contre Israël en 2006 et s'est opposé à la présentation de ce document à Beyrouth.

Il y a donc deux versions différentes. L'une, défendue par l'AFP affirme que c'est par crainte du Hezbollah que n'a pas eu lieu cette conférence. L'autre, celle de Novosti, met en cause directement le Premier ministre Libanais.

Regardez ailleurs

"Ces défenseurs des droits de l'homme auraient mieux fait de commencer par Israël et de montrer l'ampleur des crimes qu'il a commis contre le Liban pendant la guerre, en juillet 2006", a indiqué M. Siniora dans sa déclaration publiée mercredi.

Mais Siniora, tout à la pensée de ne pas se faire expulser du gouvernement, n’a sans doute pas eu le temps de lire les précédents rapports de HRW qui mentionnaient l’attitude «impardonnable» d’Israël durant cette guerre.

HRW, sous la menace du premier ministre libanais, a préféré annuler sa conférence de presse mais tenu à faire savoir son profond mécontentement. "Le Hezbollah cherche à faire taire ceux qui critiquent la façon dont il a mené la guerre", a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.

"Mais la justesse et la précision de nos enquêtes parleront d'elles-mêmes, avec ou sans conférence de presse."

Pour rassurer Madame Whitson, il n'est pas certain que le Hezbollah soit seul en cause. Les deux camps ont tout intérêt à capitaliser sur cette guerre, élections prochaines obligent. Quand à la justesse et la précision des rapports de HRW, elle est loin d'être avérée.

Mais que dit ce rapport ?

Le rapport affirme notamment que les civils israéliens ont été visés "sans discrimination et parfois délibérément" par le Hezbollah.

Et l’on assiste à une véritable levée de boucliers de la part d’ennemis historiques qui se disputent la conduite du Liban.

"Lors de l'attaque de juillet 2006, Israël a violé toutes les conventions et lois internationales", a riposté le bureau du Premier ministre.

Israël "a tué près de 1.200 Libanais et en a blessé des milliers, et 72 heures après l'adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, il a déversé 3,5 millions de sous-munitions sur le sud du pays", a ajouté Fouad Siniora.

Peu au fait de la technologie militaire et plus vraisemblablement soucieux de ne pas trop heurter son ennemi, Siniora oublie que le rapport affirme que le Hezbollah a, lui aussi, tiré des bombes à sous-munitions sur le territoire israélien. HRW précise que son enquête se fonde sur l'étude d'une vingtaine de cas précis.

Le gouvernement libanais a par ailleurs rejeté la recommandation de l'organisation qui en appelle à l'ONU pour juger des membres du Hezbollah pour crimes de guerre.

"C'est inacceptable car sans fondement légal. Cette organisation ne devrait pas adopter ce ton, mais demeurer impartiale et objective", a dit le gouvernement sur un ton lourd de menaces. Autrement dit, critiquer Israël et uniquement Israël.

Le Hezbollah n’est pas en reste. Son porte-parole, Hussein Rahal a affirmé :"Nous avons été les victimes et les gens ont le droit de se défendre" (sic), a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous n'avons pas visé de civils et Israël de son côté a visé la population civile du Liban". L'auteur de ces lignes, présent à Haïfa au plus fort des bombardements du Hezbollah, peut témoigner du contraire.

Retenons pour l’heure quelques petites précisions sans importance :

1) Si HRW venait à choisir un grand hôtel de Tel Aviv pour présenter un rapport, la tradition israélienne de liberté de la presse n’aurait pas accepté qu’un Premier ministre, même en difficulté, s’oppose à cette présentation.

2) Ceux qui ont soutenu et soutiennent encore Israël dans son dernier conflit en date face à ses voisins arabes devront patienter un peu avant de se réjouir d’un soudain revirement d’HRW.

Ce rapport de 128 pages qui a tant déplu au Hezbollah et à Siniora sera suivi d'un autre le 6 septembre consacré aux attaques israéliennes ayant entraîné la mort de civils au Liban.

Et il est à peu prés certain que ce rapport là sera amplement repris par le Hezbollah pour justifier son agression de Juillet 2006.

Quand à Siniora, le 6 septembre, nul ne sait ce qu’il pensera vraiment. Sans doute se consacrera-t-il exclusivement à sa campagne électorale.

Enfin, si un processus démocratique se met véritablement en place, ce qui est loin d’être acquis !

Pierre Lefebvre © Primo, 29 août 2007

Auteur : Pierre Lefebvre
Date d'enregistrement : 30-08-2007

Publié dans INTERNATIONAL

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