UNE ASSOCIATION D'AMITIE ENTRE MUSULMANS ET JUIFS BERBERES

D’après l’un des initiateurs de cet audacieux projet, Boubaker Oudaadid, un enseignant de langue allemande vivant à Casablanca, le principal objectif de cette Association judéo-berbère sera de “lutter contre l’antisémitisme régnant au Maroc et développer la culture amazighe chez les Juifs berbères résidant en Israël”.

“Dans le territoire soussi où j’ai grandi, il n’y avait pas de différence entre Musulmans et Juifs. Nous entretenions des relations étroites avec nos frères Juifs. Quand je me suis installé à Casablanca, j’ai été choqué par l’attitude des gens, franchement antisémite: par exemple, l’utilisation de l’expression lihoudi hachak. C’est une des raisons qui nous ont poussés à créer cette Association”, a déclaré Boubaker Oudaadid au Journal, un périodique hebdomadaire marocain de langue française (édition du 17 août 2007).

Cette nouvelle Association, qui compte déjà une vingtaine de membres résidant au Maroc -des avocats, des enseignants et des professeurs qui préfèrent garder l’anonymat-, veut organiser des voyages et des rencontres pour que les Amazighs marocains et israéliens puissent se rencontrer, encourager les échanges économiques entre les deux pays et promouvoir des initiatives pour la mise à niveau du monde rural dans les territoires amazighs, avec l’aide d’experts agricoles Israéliens.

D’après le Journal, l’Agenda de travail de cette Association judéo-berbère est “en totale contradiction avec la politique de rupture, du moins officielle, adoptée par l’État marocain envers Israël et surtout à contre-courant du sentiment propalestinien de l’ensemble de la population marocaine”.

Mais, pour Boubaker Oudaadid et Brahim Amekraz, un autre initiateur de ce projet, la cause palestinienne a été exploitée par les politiciens marocains à des fins personnelles.

“Nous n’éprouvons aucun sentiment d’animosité envers l’État d’Israël. Le conflit concerne en premier lieu les Palestiniens et les Israéliens. Cette guerre se passe à des milliers de kilomètres du Maroc. Elle ne nous intéresse pas”, rétorque M. Oudaadid.

Les Juifs font partie intégrante de l’histoire des Amazighs du royaume du Maroc.

“Les Azoulay, Azerwal, Amselem, Anidjar… sont des Juifs marocains qui portent des noms amazighs. Dans les Sites Internet dafina.net et darnna.com, où les Communautés juives se retrouvent dans de nombreux forums, ils sont plusieurs à affirmer vivre en Israël et parler encore berbère. D’autres cherchent à en savoir plus sur leurs origines berbères”, précise Boubaker Oudaadid.

De nombreux livres d’Histoire ont été consacrés à la “judéo-berbérité”: Littératures dialectales et populaires juives en Occident musulman du réputé historien Juif marocain feu Haïm Zafrani; Le judéo-berbère de Didier Nebo; Les tribus oubliées d’Israël: l’Afrique judéo-berbère, des origines aux Almohades et Processus de préservation et de changement dans la musique des Juifs de l’Atlas en Israël de Sigal Azaryahu; Changement et continuité dans l’Ahwash des Juifs-berbères du chercheur marocain Mohamed El Medlaoui…

“Ce sont des études et des documents qui affirment l’ancrage des populations juives dans l’Histoire du Maroc. Les Juifs qui vivaient à Tinghir, à Tiznit, à Ouarzazate ou à Sefrou communiquaient entre eux en berbère et en hébreu. Ils chantaient en berbère lors des cérémonies de mariage ou de circoncision. Haïm Zafrani a même identifié un texte sacré, la Haggada de Pessah, écrit en amazigh. Des dizaines de mausolées sont visités annuellement par des Juifs du Maroc et du monde entier qui viennent spécialement pour célébrer leurs Saints. C’est la fameuse Hiloula. Chinoune, plus connu sous le nom de Sidi Chenaoui, Vercina ou Daniel (Sidi Diniale) sont des Saints juifs également visités par des pèlerins berbères musulmans. Historiquement, ces illustres figures du judaïsme marocain jouissaient du respect de la population locale, musulmane ou juive”, rappelle Boubaker Oudaadid.

La première Assemblée générale constitutive de cette Association judéo-berbère doit avoir lieu cet automne. La future Association compte déjà des membres actifs à Casablanca, à Rabat, à Meknès et à Tanger. En Israël, elle a aussi plusieurs membres partenaires, dont le Dr. Bruce Weitzman, le chercheur Moshé Benarouch et la journaliste Mira Africh. D’après M. Oudaadid, des Juifs et des Musulmans marocains d’origine berbère résidant dans plusieurs pays européens auraient exprimé le souhait d’adhérer à cette Association.

“Notre ambition est non seulement de faire en sorte que la langue amazighe ne disparaisse pas chez les Juifs berbères d’Israël, mais aussi de médiatiser au Maroc les différentes fêtes juives et parler de nos concitoyens d’origine marocaine de confession juive qui vivent aujourd’hui dans les quatre coins du monde. Car à ma connaissance, quand on est Marocain, on l’est pour la vie”, lance M. Oudaadid.

Aux Marocains qui s’opposent à toute normalisation avec Israël tant que les droits du peuple palestinien ne seront pas rétablis, ce militant amazigh répond calmement:

“La notion de normalisation est étrangère à nos mœurs”.

Dans un autre registre, l’écrivain berbère marocain Abdelhamid Assassi, originaire du Rif, localité du Nord du Maroc, a fustigé l’islamisme et dressé un réquisitoire cinglant contre le monde musulman dans un article d’opinion mis en ligne le 23 juillet 2007 sur le site progressiste Bila Hudud -la traduction française de cet article a été mis en ligne dans le Site memri.org-.

“Aujourd’hui, la grande majorité du monde musulman vit dans l’ignorance et préférerait être dirigée par Ben Laden que dans une société régie par une démocratie laïque. Ils croient qu’Allah leur portera assistance en envoyant des anges se battre dans leurs rangs. Les masses qui crient “Khaybar Khaybar, Ô Juifs, l’armée de Mahomet va revenir” ne sont pas seulement puériles, elles forment des brigades d’imbéciles. Elles veulent la guerre, jeter Israël à la mer, massacrer les Juifs et récupérer Al-Andalus (l’Espagne islamique). Ces masses musulmanes voient dans la campagne de la bannière verte de l’islam et l’arsenal des juges de l’obscurité le sauveur qui leur rendra la gloire, la victoire et une bonne vie… La communauté internationale doit sauver la société arabe de la maladie pernicieuse et mortelle de l’islamisme”, écrit Abdelhamid Assassi.

A new association for Muslim Berbers in Morocco and Israelis with Berber roots is being formed to promote friendly relations between the two groups.

 TEXTE REPRIS DU SITE
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