DIALOGUE DES CULTURES ?

Publié le par shlomo


 

A l’instar de Bat Ye’Or, auteur d’Eurabia, Pavel s’interroge sur le dialogue des cultures. Dialogue ou soliloque ?

Suite à l'alerte terroriste à Bruxelles en cette fin d'année 2007, le grand feu d'artifices traditionnel du passage du Nouvel An, devant le Palais Royal, a été annulé. De quels terroristes pourrait-il s'agir ? Des indépendantistes basques ? De l'IRA ? Des fanatiques religieux hindous, bouddhistes, juifs, jéhovistes, animistes, catholiques, protestants, slaves orthodoxes, taoïstes, jaïnistes ? Ils frappent rarement à Bruxelles, pour tout dire, jamais. Les seuls "terroristes", susceptibles d'accomplir un acte aussi abject et monstrueux qu'un grand carnage dans une foule d’innocents, ce que craignent les autorités belges, sont les membres de la grande internationale islamo-djihadiste, prête à frapper partout, à tout moment, inspirée par son texte sacré, valable en tout lieu et en tous temps, les lois du djihad imprescriptibles y compris.

L'irruption, partout sur la scène mondiale, de la brutalité traditionnelle et de l'arriération conceptuelle et sociétale de l'ordre musulman, avec le fracas grandissant des allaholâtres de plus en plus enragés, en ce siècle naissant, est incontestablement une des pires nouvelles pour l'humanité. Pourvu que la notion d'"humanité", en tant qu'unité définissable autrement que par la ressemblance physique entre ses membres et par leur appartenance à la même espèce de mammifères évolués, ait un sens. Or, tout porte à croire qu'une telle définition relève plutôt d'un vœux pieux que d’une quelconque réalité tangible.

Y a-t-il seulement UNE humanité ? Non, l'humanité, une et indivisible, est une invention occidentale qui sent le souffre colonialiste. Je préfère NOUS et EUX. C'est rassurant. Le Coran ne dit autre chose, lui qui divise sans la moindre équivoque possible le monde en musulmans (NOUS) et en ceux qui doivent inéluctablement être soit convertis, soit tués (EUX). C'est rassurant mais c’est aussi raciste: mais ici on ne va pas parler d'une abomination innommable, mais du multiculturellement chic.

Lorsque vous lisez une des descriptions du «méprisable passé colonial» : "une vision anthropocentriste de la création divise le monde en civilisés et en primitifs, dans lequel l'être le plus abouti se nomme le gentleman", vous êtes priés d'accomplir le rituel du rejet purificateur, qui consiste à tourner plusieurs fois la tête de quelques degrés de gauche à droite, prononcer avec un profond dégoût "tsssssss", lever les yeux au ciel, même si vous n'avez aucun contrat avec lui, et ensuite exprimer "le mépris et la dérision" à la façon de ce qui est si bien décrit dans «Physiologie, ou l’art de connaître les hommes sur leur physionomie» de Plane et Lavater, publié en 1797 : "la lèvre supérieure se relève d'un côté et laisse paraître les dents, tandis que de l'autre côté elle a un petit mouvement comme pour sourire; le nez se fronce du même côté que la lèvre s'est élevée, et le coin de la bouche recule; l'œil du même côté est presque fermé, tandis que l'autre est ouvert à l'ordinaire; mais les deux prunelles sont abaissées, comme lorsqu'on regarde du haut en bas." Je ne vous conseille pas toutefois de suivre le texte à la lettre, vous risquez d'attraper les crampes - osez, soyez inventif !

Pas contre, lorsque la chose se présente comme suit : "une vision prophétique de la création divise le monde en croyants et en corrupteurs et associateurs, dans lequel l'être le plus abouti se nomme le «musulman»", on attend de vous un long soupire d'admiration devant tant de spiritualité condensée en une seule phrase !

Puisqu'il en est ainsi, Huntington a écrit le "Choc des civilisations", proposé comme un simple paradigme permettant de fournir un outil analytique. Il n'en fallait pas plus pour rameuter toute la gauche, nostalgique du "unissez-vous" et toujours prompte à l'exécuter, à défaut de toute autre aptitude constructive notable. Du coup, le "Dialogue des civilisations" et autres "Dialogues des cultures" ont vu le jour, mais leurs dénominations ronflantes n'arrivent guère à dissimuler la vraie nature de la démarche, nettement moins reluisante, la "négociation avec l'Islam", pour ne pas dire le "marchandage". Personne n'est dupe du fait que cette démarche ne concerne pas les Aborigènes d'Australie par exemple.

La non existence de l'humanité et les «dialogues des cultures» sont surtout une des pires nouvelles pour NOUS, parce que ces «dialogues» ont toute l’apparence d'un "soliloque européen", où l'Européen a adopté la posture de Nipper, le petit chien qui est tout ouïe, devant le pavillon du phonographe, en écoutant attentivement "la voix de son maître".

Suite à quelques événements fâcheux, comme par exemple la «nécessaire déconstruction», aux Etats-Unis, de deux tours infâmes pleines de «mécréants» ou, un peu plus tard, la tentative lamentable des «corrupteurs» danois de passer outre l'interdiction pourtant clairement établie de représenter le Prophète en images, «provoquant» l'indignation tout à fait «légitime» des détenteurs de la seule Vérité au monde, le gouvernement français s'est mis en tête en 2006 que, sous ses auspices, sonnait l’heure de la conciliation.

Dans ce but louable, l'"Atelier culturel Europe-Méditerranée-Golfe" (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/article.php3?id_article=40852) fut mis sur pied. Une sorte de prolongement du "Dialogue entre les Peuples et les Cultures dans l’Espace euro-méditerranéen" encadré par le "groupe de sages", dont font partie les grands chantres du "rapprochement" et les "lanceurs de ponts", Malek Chebel et Tariq Ramadan. Lorsqu'un vaisseau marchand était abordé par un bateau pirate, il fallait sans doute également "lancer les ponts".

L'un de ces ateliers culturels s'est tenu en juin 2007 à Séville et le discours inaugural, prononcé par Régis Debray, a été ensuite publié sous forme d'un livre d'une soixantaine de pages : "Un mythe contemporain : le dialogue des civilisations". Un titre un peu mystérieux, puisque dans le texte on ne trouve que les références au "dialogue des cultures". Mais c'est du pareil au même. Concernant l'auteur, sa grandeur de style indéniable n'a d'égal que son formatage idéologique immuable de l'homme de gauche qui n'aurait jamais "voté Bush", si seulement on lui en avait donné l'occasion.

Il convient donc de ne pas se tromper. Si le mot "mythe" figure dans le titre, ce n'est pas pour dénoncer une illusion dangereuse et intenable de ce dernier avatar de la realpolitik des lâches qu'est le "dialogue des cultures". En réalité, Debray se limite à accabler l'Occident, dans la meilleure tradition de l'intelligentsia française de la Rive Gauche, même s'il fait semblant d'instaurer un équilibre de discours en osant çà et là quelques "audaces" tièdes et feutrées. Exemple, page 28 : "Il n'y a pas d'Organisation des Etats chrétiens, mais il y une Organisation des Etats islamiques". L'indulgence magnanime envers nos frères «culturels» islamiques, dont abonde le texte, est largement compensée par la virulence intransigeante envers son propre camp. Mais au fait, quel est le camp de Debray ?

Il écrit : "Ne voit-on pas le «deux poids, deux mesures» occidental, qui sait fort bien distinguer, parmi les résolutions obligatoires des Nations-Unies, celles qui doivent s'appliquer et celles qui doivent s'oublier, s'accompagner de sermons sur l'universalité des Droits de l'Homme ?"

Ne voit-on pas l'antisémitisme sous-jacent que le "palestinonanisme" obsessionnel compulsif a fort opportunément permis de rétablir dans ses titres de noblesse ? Nul doute que ce qui est visé ici, c'est la joyeuse production à la chaîne, façon fast food, des indigestes résolutions anti-israéliennes.

Mais que Régis Debray se rassure : non, effectivement, nos "Droits de l'Homme" ne sont pas universels. Une telle aberration est formellement interdite par la vulgate multiculturaliste. Dans un monde peuplé par des dizaines de cultures «équivalentes» en valeur et en droit, ce n'est pas l'universalité, mais la sacro-sainte «diversité» qui règne en maître. Et surtout la pseudo «diversité» musulmane qui devrait représenter à travers ses adeptes plus d’un milliard d'islams authentiquement divers, ce qui relègue toute tentative d'amalgame dans la cloaque d'où crachent leur venin les «islamophobes». Dans ses conditions, l'universalité peut se résumer seulement de deux façons : soit par le plus petit dénominateur commun à toutes les cultures, dont le seul petit défaut est de demeurer inconnu, soit par l'acceptation du message du Saint Coran, qui a cet indéniable avantage de ne pas s'encombrer des fantaisies multiculturalistes occidentales.

Tous ces "ateliers culturels" ne réussissent pourtant pas à maquiller, malgré les couches épaisses d'activités bidons, l'absurde monumental qui couve en Europe : l'accueil, dans la zone d'application de nos beaux principes, de personnes appartenant à une culture différente, qui au nom de ces mêmes principes seraient en réalité dispensées de les respecter, justement en raison de leur différence; bien que seul le scrupuleux respect de ces principes rende pourtant possible leur accueil. La juge allemande qui a fondé son verdict sur les références à la charia, ce qui a provoqué un tollé en grande partie passablement hypocrite, n'était en fin de compte qu'exemplairement cohérente. Il se peut que la schizophrénie, dont parle Anne-Marie Delcambre dans son livre, ne soit pas nécessairement toujours là où l'on s'attendrait à la trouver ! C'est comme le fameux chat de Schrödinger qui est à la fois mort et à la fois vivant, l'incertitude paradoxale de la physique quantique s'est frayée un chemin dans le comportement de l'Europe envers ses propres principes. Selon les circonstances, ils peuvent être à la fois valides et irrecevables… Pas pour tout le monde, il va sans dire.

Mais il existe une solution providentielle : ayant depuis longtemps renoncé à vouloir être les guides spirituels et les sauveurs civilisationnels du monde, nous pouvons entamer -c'est ce qui est, au fait, en train de se passer- l'étape suivante, tant désirée par beaucoup : la dilution de nos propres valeurs, en vigueur chez nous, et même éventuellement leur abandon pur et simple progressif. Nous pouvons créer, rien ne nous en empêche, les Droits "de-l'Hommeopathiques". Des flacons d'eau pure, vidée de toute substance, qui n'en garderait que "la mémoire", dont toutefois les politiciens et d'innombrables militants de moult associations héritières d'Inquisition pourraient continuer à se gargariser devant les micros et caméras, pour épater le peuple inculte ébahi.

Ces mesures permettraient également d'apporter une solution à ce constat de Debray : "S'il s'agit de papoter entre soi, au sein d'une élite mondialisée d'humanistes et de libéraux à la mode occidentale, pour s'autocongratuler sur la démocratie et les droits de l'homme, les peuples seraient en droit de hausser les épaules". Car, faut-il le souligner, un haussement d’épaules aussi collectif est déjà un acte démocratique par excellence. Les musulmans l'ont compris. Chez eux, leur haussement d’épaules démocratique mène au pouvoir les pieux gardiens des traditions islamiques, et au sein de nos frontières, où ils se sont déplacés en masse bientôt critique, ils haussent démocratiquement les épaules devant nos valeurs. Lorsqu'on mène des "dialogues des cultures" et que l'on signe des messages à l'attention de l'Autre "multiculturelement votre", on ne peut pas s'attendre à mieux. Par contre, il est toujours permis de craindre pire. Mais ce n'est pas un obstacle insurmontable qui ferait reculer nos vaillants négociateurs des lendemains où les muezzins chantent.

© Pavel pour LibertyVox

 

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© Pavel pour LibertyVox - Article paru le 01/01/2008 Imprimer cet article
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