VEILLE MEDIATIQUE DE MEMRI
– 11 janvier 2008 : la désintégration du bloc sunnite ; une nouvelle organisation palestinienne, l'Armée de la Oumma, menace d'assassiner Bush ; Iran : la milice paramilitaire Basij lance une campagne d'avertissements à l'attention des femmes habillées de façon indécente ; veto contre la tenue des jeux olympiques islamiques en Turquie en 2013.
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La désintégration du bloc sunnite saoudien
Ces deux dernières années, les Etats du Golfe faisaient partie d'un boc sunnite créé par l'Arabie saoudite pour contrer les aspirations hégémoniques régionales de l'Iran. Pendant cette période, l'Arabie saoudite s'est efforcée d'éloigner l'Iran des "affaires arabes". Pour leur part, les Etats du Golfe se trouvaient déjà en conflit politique avec l'Iran au sujet de trois îles au statut controversé appartenant aux Emirats arabes unis et conquis par l'Iran en 1971, et en raison de déclarations de hauts responsables iraniens menaçant la souveraineté de Bahreïn. Certains en Arabie Saoudite ont même appelé les Etats du Golfe à former une alliance militaire contre l'Iran. La politique du Golfe vis-à-vis de l'Iran correspondait à la ligne politique des Etats-Unis, qui cherchait à isoler l'Iran au niveau régional et international.
Le Qatar est le seul Etat du Golfe qui a évité de coopérer avec le bloc formé par l'Arabie saoudite et les Etats du Golfe. Il a même, ces dix dernières années, systématiquement opté pour une ligne anti-saoudienne, s'alliant à l'axe irano-syrien. C'est ainsi que le Qatar a soutenu le Hezbollah au Conseil de sécurité de l'ONU en s'efforçant de bloquer la Résolution 1701, et contrairement aux autres Etats du Conseil de coopération du Golfe, il n'a pas condamné la prise de pouvoir du Hamas à Gaza. Le Qatar s'est en outre efforcé d'empêcher l'isolement de la Syrie en devenant le seul Etat à s'abstenir de voter la Résolution 1737 pour la création d'un tribunal international chargé de juger les assassins de Rafik Hariri. D'autre part, la station télévisée gouvernementale Al-Jazeera a systématiquement attaqué l'Arabie saoudite et appuyé l'Iran et la Syrie ainsi que leurs délégués le Hezbollah et le Hamas.
Le bloc de l'Arabie saoudite et des Etats du Golfe s'est effondré il y a six mois, quand le Qatar, dans une initiative sans précédent et sans consulter les autres Etats du Golfe, a invité le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à assister au sommet du Conseil de coopération des Etats du Golfe (GCC) à Doha. Le magazine saoudien Al-Majalla a appelé cet effondrement "la fin du jeu américain". Les Etats du Golfe, surpris mais consentants, ont accepté ce dictat irano-qatari, bien que sans grand enthousiasme, et bien que l'Iran n'ait fait aucune déclaration d'apaisement quant à son programme nucléaire, le problème des trois îles et les menaces dernièrement formulées par des responsables iraniens contre Bahreïn.
La désintégration du bloc est aussi la conséquence de deux facteurs supplémentaires: le premier est le rapport d'évaluation des services de renseignements américains, rendu public par le président Bush lors du sommet du GCC, selon lequel l'Iran aurait suspendu son programme nucléaire. Ce rapport, qui a éloigné la menace d'une attaque militaire des Etats-Unis contre l'Iran, a été considéré comme une victoire iranienne, permettant à l'Iran de prendre des initiatives vis-à-vis des Etats du Golfe. Ainsi, Ahmadinejad a présenté au sommet du GCC un programme en 12 points de coopération économique et militaire entre l'Iran et les Etats du Golfe.
Le deuxième facteur ayant contribué à l'effondrement du bloc a été la crainte croissante dans le Golfe que la publication du rapport et les négociations américano-iraniennes sur le problème irakien n'indiquent un retournement de la politique américaine en faveur de l'Iran, qui pourrait se faire aux dépens des intérêts des Etats du Golfe.
Bien que les Etats du Golfe aient réagi fraîchement aux propositions d'Ahmadinejad au sommet, et bien qu'ils aient objecté que, dans son discours, le président iranien n'avait pas apaisé leurs inquiétudes concernant les aspirations iraniennes à l'hégémonie régionale, qualifiant le Golfe de "persique" plutôt que d' "arabique", ce dernier a réussi à atteindre son but: au sommet, plusieurs hauts responsables des Etats du Golfe ont parlé de renforcer les relations avec l'Iran.
La réaction américaine à l'effondrement du bloc a été de dépêcher le Secrétaire de la Défense américain Robert Gates pour une visite immédiate dans le Golfe, au cours de laquelle il a réitéré son appel aux Etats du Golfe à s'unir pour contraindre l'Iran à geler l'enrichissement d'uranium. La réaction saoudienne a été hésitante et peu claire (…)
Il est possible que la désintégration du bloc de l'Arabie saoudite et des Etats du Golfe influe à l'avenir sur la volonté des Etats du Golfe de faire partie d'un front proaméricain dans la région. Des voix dans le Golfe se sont déjà élevées contre l'incohérence de la politique américaine, se demandant si les Etats du Golfe pouvaient compter sur la protection des Etats-Unis et suggérant qu'ils devraient avoir une politique indépendante vis-à-vis de l'Iran, plutôt que calquée sur celle des Etats-Unis.
Lire le rapport intégral en anglais: http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA41608.
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MEMRI BLOG
Titres du jour: Le ministre syrien des Affaires étrangères: nous ne sacrifierons pas nos intérêts pour le sommet arabe, prévu en mars à Damas ; le ministre saoudien des Affaires étrangères appelle l'Iran et les Etats-Unis à faire preuve de retenue suite à l'incident intervenu dans le détroit de Hormuz entre les forces navales iraniennes et américaines ; selon le ministre syrien de l'Information, "les Etats-Unis ne comprennent pas la complexité du conflit israélo-arabe" et selon un chroniqueur syrien, le tapis rouge ouvert pour Bush est souillé de sang arabe ; une nouvelle organisation palestinienne, l'Armée de la Oumma, menace d'assassiner Bush ; une famille saoudienne chiite affirme que la police couvre les cinq hommes qui ont enlevé et violé leur fille de dix-sept ans, ces derniers ayant reconnu leur crime mais n'ayant pas été arrêtés ; le Hamas qualifie Bush de leader du terrorisme international ; quatre soldats algériens tués dans un affrontement avec des terroristes ; des sites islamistes affichent que Bush n'est pas en sécurité dans la région ; un parlementaire égyptien appelle à refuser l'entrée du "criminel de guerre Bush" en Egypte ; le leader du Hezbollah Nasrallah: l'opposition libanaise doit agir pour améliorer la situation économique au Liban et la visite de Bush: "un jour noir".
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BLOG DE MEMRI SUR L'IRAN
Titres du jour: le site réformiste Rooz publie des informations sur les étudiants arrêtés et torturés lors des émeutes estudiantines de 1999 ; le quotidien iranien Jomhouri-e Eslami publie que la solution des deux Etats en Palestine est un complot satanique ; un représentant du Majlis iranien critique la politique d'exportation du gaz du gouvernement ; la milice paramilitaire Basij lance une campagne d'avertissements à l'attention des femmes habillées de façon indécente.
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BLOG DES MEDIAS TURCS DE MEMRI
Titres du jour: La réduction de l'approvisionnement en gaz de la Turquie par l'Iran est un sérieux dilemme pour la Turquie ; veto du ministère d'Etat contre la tenue des jeux olympiques islamiques en Turquie en 2013, par crainte que ceux-ci ne réveillent la polémique sur le port du hijab et ne ternisse l'image de la Turquie dans le monde. Les jeux islamiques ont eu lieu en 2005 en Arabie saoudite et auront lieu en 2009 en Iran ; un candidat à un emploi dans le service public engage des poursuites contre le ministère turc de la Santé: "Ils voulaient connaître mes opinions religieuses."
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BLOG ECONONOMIQUE DE MEMRI
Article du jour: La hausse du prix du pétrole devrait renforcer la croissance du Royaume d'Arabie saoudite.
Un article publié le 10 janvier 2008 dans Arab news affirme que le prix du pétrole ne fera qu'encourager une économie saoudienne qui promet déjà d'être florissante grâce au budget de 2008. Ces nouvelles prévisions trouvent leur source dans une publication de Samba, groupe financier saoudien créé en 1980 quand, sur l'ordre d'un décret royal, toutes les banques étrangères ont été obligées de vendre la majorité des intérêts de leurs capitaux propres à des Saoudiens. Samba est né des branches de Citibank, alors située à Djedda et Riyad.
Pour plus d'infos, lire: http://memrieconomicblog.org/.