[A propos d'un Iran nucléaire] " IL EST TEMPS D'AGIR "
Caroline B. Glick
(Menahem Macina
The Jerusalem Post
Texte original anglais : "It is time to act".
Adaptation française : Sentinelle 5768 [1]
L’Iran n’est qu’à un cheveu de la bombe A. Vendredi dernier, le Daily Telegraph a rapporté que l’Iran avait subrepticement retiré de son installation de production nucléaire d’Ispahan une quantité suffisante d’uranium pour fabriquer six bombes nucléaires. Vu les capacités d’enrichissement d’uranium, déjà connues, de l’Iran, l’article du Telegraph montre que l’Iran a atteint les dernières étapes pour l’assemblage de bombes nucléaires.
Ce ne serait qu’une simple affaire pour l’Iran d’assembler ces bombes sans que personne ne le remarque. Les satellites espions des Etats-Unis ont récemment découvert ce que les Américains croient être des installations nucléaires secrètes en Iran. La 'mollahcratie' n’a pas révélé l’existence de ces sites à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) de l’ONU, en charge de l’inspection des sites nucléaires de l’Iran.
De même pour l’AIEA, c’est cette semaine qu’est présenté le tout dernier rapport sur le programme nucléaire de l’Iran devant le conseil de ses membres, à Vienne. Le rapport de l’AIEA déclarait que l’Iran a pris des mesures pour permettre aux missiles balistiques Shihab-3 de transporter des têtes nucléaires. Avec une portée de 1.300 km, les missiles Shihab-3 sont capables d’atteindre Israël et d’autres pays de la région.
Pour soutenir son programme nucléaire, qui progresse très vite, l’Iran a fait l’escalade de l’aventurisme, aussi bien sur le plan militaire conventionnel qu’en matière de terrorisme. Elle a aussi intensifié l’agression diplomatique contre les Etats-Unis. Cette semaine, l’Iran a mené un exercice de défense aérienne sur l’ensemble du pays. Le général Khatim al Anbiaa, commandant du corps de défense aérienne, a expliqué que l’exercice était destiné à la défense aussi bien contre les systèmes de brouillage électronique que contre de véritables frappes par bombardement.
De même cette semaine, Yahya Rahim Safavi, l’ancien commandant du corps des Gardiens de la Révolution [IRGC, en anglais], et actuel conseiller, au plus haut niveau, pour les affaires de sécurité, du commandant suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, a annoncé que l’Iran a transféré la responsabilité de la guerre navale dans le Golfe Persique, des forces navales régulières à ses Gardes de la Révolution les plus fanatiques. La marine iranienne ne sera plus déployée désormais que dans le Golfe d’Oman, et le long de la Mer Caspienne.
Le déploiement de l’IRGC le long du Golfe Persique signifie que cette force sera responsable des opérations navales dans l’étroit détroit d’Ormuz, à travers lequel 40 % des acheminements mondiaux de pétrole transitent quotidiennement. En émettant la menace la plus explicite à ce jour, à l’encontre des forces navales des Etats-Unis dans la zone, et sur les acheminements mondiaux de pétrole, Safavi a déclaré : « La totalité du détroit d’Ormuz est sous le strict contrôle des forces iraniennes de sécurité, prêtes à défendre l’Iran contre toute menace ».
De même pour le terrorisme, en dépit de la récente tirade du patron d’al Qaïda, Ayman Zawahiri, l’Iran a apparemment intensifié sa coopération avec al Qaïda. Au cours des deux semaines écoulées, les officiels israéliens de l’anti-terrorisme ont émis des avertissements explicites en direction des vacanciers israéliens, d’avoir à quitter immédiatement le Sinaï. Ils ont déclaré que des cellules terroristes d’al Qaïda et du hamas [sic] [2] complotent avec le hezbollah [sic] inféodé à l’Iran, en vue d’enlever des groupes de vacanciers israéliens et de les transférer à Gaza. Qui plus est, comme le hamas [sic] et Téhéran ont ouvertement reconnu leurs « liens fraternels », de plus en plus d’articles ont été publiés sur la présence montante d’al Qaïda à Gaza.
Au-delà de tout cela, aussi bien sur le plan régional que mondial, l’Iran accroît son offensive diplomatique et stratégique contre les Etats-Unis. Elle a élargi ses opérations diplomatiques dans l’hémisphère occidental du Venezuela à Cuba, de l’Equateur au Nicaragua et dans les Caraïbes, en ouvrant des relations diplomatiques avec Grenade et Saint-Vincent, et elle poursuit ses relations diplomatiques avec la Jamaïque.
L’Iran a entamé sa propre initiative diplomatique pro-russe pour « stabiliser » le Caucase. Cette semaine, le ministre des affaires étrangères d’Iran, Manoucher Mottaki, a pris par surprise le département d’Etat des Etats-Unis quand il est arrivé à Tbilissi pour rencontrer le président géorgien Mikhaïl Saakashvili. Cette rencontre faisait partie d’une tournée régionale qui a mené Mottaki en Russie, en Azerbaïdjan, en Arménie, ainsi qu’en Allemagne.
Enfin, bien sûr, il y a le voyage annuel du président Mahmoud Ahmadinejad à New York, pour la session d’ouverture de l’Assemblée Générale de l’ONU, la semaine prochaine. En plus d’être honoré par des dirigeants des églises Quaker et Mennonite, présumées pacifistes et clairement antisémites, Ahmadinejad sera fêté par le nouveau président élu de l’Assemblée Générale, le président du Nicaragua, Miguel d'Escoto Brockmann.
Afin de faire face au sprint nucléaire de l’Iran, dans sa dernière ligne droite, et à l’intensification des menaces contre Israël et l’Occident, il existe trois initiatives occidentales susceptibles d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. D’abord, les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne ont fait monter d’un cran leur appel rhétorique à des sanctions économiques supplémentaires contre l’Iran. Au cours de la réunion de l’assemblée Générale à New York, la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Condoleezza Rice, doit rencontrer ses homologues des autres membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, pour tenter de s’accorder sur de telles sanctions. Mais ce sera un exercice futile.
La Russie a fait savoir clairement qu’elle rejettera toute sanction supplémentaire contre l’Iran. En réalité, elle intensifie ses liens militaires et financiers avec Téhéran. Moscou a promis que la centrale nucléaire de Busher serait achevée et en fonctionnement, d’ici à la fin de l’année. Et l’Iran est clairement soupçonnée de détourner du plutonium de cette installation pour développer encore plus d’armes nucléaires.
L’Allemagne a aussi manifesté toute absence d’intérêt dans la réduction de ses liens financiers avec l’Iran. Bien au contraire, le commerce allemand avec l’Iran a crû de 12 % l’an dernier, passant de 2.7 à 3 milliards de $.
Ainsi, les Etats-Unis ne parviendront pas à faire voter des sanctions supplémentaires contre l’Iran au Conseil de Sécurité de l’ONU. Et c’est une honte. Mais même si un miracle survenait et que la Russie, la Chine et l’Allemagne se mettaient d’accord pour adopter et appliquer des sanctions durcies contre l’Iran, celles-ci viendraient trop tard pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Cet uranium que les Iraniens ont soustrait de leur usine d’Ispahan sera de niveau militaire et installé sur des missiles Shihab-3, ou transféré aux terroristes du hezbollah [sic], d’al Qaïda ou du hamas [sic], pour les utiliser bien avant que ces sanctions hypothétiques aient pu être seulement prises en compte par l’Iran.
La seconde méthode que l’Occident, et en en particulier les Etats-Unis et Israël, ont trouvée pour contrecarrer les ambitions nucléaires de l’Iran, sera le sabotage. Comme le journaliste de Yediot Aharonot, Ronen Bergman l’a documenté dans son livre, « La guerre secrète contre l’Iran » (2), au cours des dernières années, le Mossad et les agences américaines de renseignement ont obtenu quelques succès en tuant certains personnels impliqués dans le programme d’armes nucléaires iranien. Ils sont aussi parvenus à vendre des composants nucléaires défectueux à l’Iran, ce qui a ralenti et saboté leurs opérations. Comme l’a démontré l’assassinat du maître terroriste de l’Iran, Imad Mughniyeh, à Damas, en février dernier, Israël a la capacité de réaliser des opérations secrètes sensibles, très en profondeur d’un territoire ennemi. Et des opérations secrètes réussies pourraient sans aucun doute provoquer encore plus de dommages au programme nucléaire iranien.
Mais il est totalement impossible de prévoir comment de telles opérations pourraient empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires à court terme. Avec cet uranium d’Ispahan caché dans l’une de ses installations secrètes, avec des agents terroristes déployés sur toute la planète et à la direction au Liban et à Gaza, et avec les missiles Shihab-3 équipés, sans problème, de têtes nucléaires, il apparaît qu’aussi audacieuses soient-elles, des opérations secrètes ne peuvent pas et ne pourront pas empêcher l’Iran de franchir le seuil nucléaire.
Enfin, il y a les initiatives privées appuyées sur l’utilisation de la loi internationale, les marchés de capitaux, et la pression politique, pour dissuader l’Iran d’accéder aux armes nucléaires et convaincre les Etats de ne pas cultiver des liens avec l’Iran. Il y a un an, le Jerusalem Center for Public Affairs (JCPA) a commencé à pousser à la mise en accusation d’Ahmadinejad pour crimes de guerre, du fait de sa transgression de la Convention sur le génocide. Ses appels à l’annihilation d’Israël le rendent coupable du crime explicite d’incitation au génocide. L’initiative du JCPA a suscité des appels similaires de groupes du Canada et d’Australie, et plus récemment, de dizaines de milliers de chrétiens évangélistes [3].
L’Anti-Defamation League (3), et l’AIPAC (4) mènent des campagnes publiques contre les compagnies européennes de pétrole et de gaz, impliquées dans le développement des champs pétroliers et de gaz iraniens.
Le Center for Security Policy (5), de Washington, DC, a lancé l’initiative de cesser d’investir dans les fonds de pension de retraite des compagnies qui font des affaires avec l’Iran, et autres Etats qui parrainent le terrorisme.
Plusieurs organisations juives américaines importantes organisent une manifestation massive à l’extérieur du quartier général des Nations Unies, qui se tiendra pendant le discours d’Ahmadinejad devant cet organisme, mardi prochain [23 octobre]. D’autres groupes, comme le « Projet Israël », réalisent des mises au point intensives pour les médias aux Etats-Unis et en Europe, pour informer les journalistes et les rédacteurs en chef du programme nucléaire iranien.
Toutes ces initiatives privées sont vitales pour accroître la conscience du public en Occident du caractère mortel de la menace iranienne, tant pour Israël que pour la sécurité du monde en général. Elles sont également importantes pour embarrasser les gouvernements - en particulier l’Allemagne, l’Autriche et d’autres gouvernements européens ayant des antécédents de violence antisémite – qui ont refusé de mettre fin à leur commerce bilatéral avec l’Iran. De plus, elles servent l’objectif important d’affaiblir l’économie iranienne.
Mais, une fois encore, aucun de ces programmes ne peut faire quelque chose contre cet uranium pour six bombes, que l’Iran a retiré des ses installations d’Ispahan. Elles ne peuvent empêcher les centrifugeuses de Natanz et des installations secrètes réparties à travers tout l’Iran, de bourdonner encore. Elles ne peuvent détruire les missiles Shihab-3. Elles ne peuvent tuer les scientifiques qui assemblent les bombes.
A la lumière de la progression incessante et rapide de l’Iran vers la ligne droite finale de la bombe nucléaire, il est clair aujourd’hui que, bien que positives en elles-mêmes, aucune de ces actions de l’Occident pour bloquer la marche de l’Iran vers la bombe atomique ne parviendra à cet objectif. En cette matière, l’option sans guerre, qui aurait pu mettre fin à la course des mollahs à la bombe, il y a trois ans – à savoir soutenir le peuple iranien dans son vœu de renverser le régime –, ne peut être adoptée assez vite pour empêcher les homologues de Khamenei et d’Ahmadinejad d’appuyer sur le bouton dès à présent.
Aujourd’hui, il n’y a qu’une façon d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Israël doit bombarder les installations nucléaires de l’Iran. Une telle frappe israélienne ne mettra pas fin au programme nucléaire de l’Iran. Elle ne renversera pas le régime. Elle ne paralysera pas l’économie iranienne. Elle ne mettra pas fin au soutien actif de l’Iran aux groupes terroristes internationaux. Tout ce qu’une frappe israélienne contre les installations nucléaires de l’Iran fera, ce sera de retarder de deux ans le programme nucléaire de l’Iran. Une telle frappe permettra à Israël et au reste du monde de gagner du temps. Et pendant ce temps, l’Iran étendra ses offensives diplomatiques, terroristes et politiques contre Israël et les Etats-Unis. Mais si Israël et les Etats-Unis sont bien avisés, ils peuvent aussi profiter de ce répit.
Si Israël et les Etats-Unis sont bien avisés, ils utiliseront ce délai supplémentaire pour mettre en oeuvre les sanctions économiques internationales contre l’Iran. Ils utiliseront ce temps pour mener des opérations secrètes contre des cibles nucléaires et contre le régime. Ils utiliseront ce temps pour augmenter la pression internationale sur des pays qui font des affaires avec l’Iran et lui vendent des armes. Et ils utiliseront le temps qu’une frappe militaire israélienne contre les installations nucléaires de l’Iran leur fournira, pour soutenir les mouvements démocratiques iraniens, et ainsi affaiblir le régime, et peut-être, en définitive, le renverser.
Il est clair aujourd’hui que l’administration Bush ne prendra pas de mesures contre l’Iran. Cette semaine, cinq anciens secrétaires d’Etat ont déclaré que les Etats-Unis devaient maintenir leurs liens diplomatiques avec l’Iran, sans considérer sa recherche d’armes nucléaires. Il n’y aura aucune volonté à Washington d’agir contre l’Iran, sinon après que ce pays ait attaqué Israël avec des armes nucléaires.
Ainsi, la décision appartient à Israël. Il est trop triste que nous n’ayons pas de gouvernement à Jérusalem.
Caroline B. Glick
© The Jerusalem Post
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Notes du traducteur
1. hamas et hezbollah, de même que nazi(s), ne doivent pas prendre de majuscules : ce serait leur rendre un hommage bien immérité ; al Qaïda tolère une majuscule sur le Q, puisque ce mot signifie : le fondement.
2. « The Secret War with Iran », de Ronen Bergman, non encore publié en français.
3. ADL = Anti Defamation League, la principale organisation de lutte contre l’antisémitisme à l’échelle des Etats-Unis.
4. AIPAC : American Israel Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis. A noter qu’aux Etats-Unis, le "lobbying" auprès des hommes politiques est une activité parfaitement légale et reconnue, et que le fonctionnement de la démocratie américaine est équilibré par ces groupes de pression privés.
5. « Center for Security Policy », Centre pour la Politique de Sécurité à Washington, dont Caroline Glick est "Senior Fellow", (membre de haut rang) [plutôt : "membre expert". Note d'upjf.org].
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Notes du réviseur d’upjf.org
[1] Malgré le remarquable travail de "Sentinelle 5768", cette première traduction n’est pas indemne d’imperfections. Faute de temps, je les ai corrigées à la volée et non systématiquement. En cas de doute, les internautes qui lisent l’anglais auront intérêt à se référer à l’original anglais.
[2] Je trouve curieuse l’initiative du traducteur, consistant à convertir en minuscule la majuscule du nom des mouvements Hamas et Hezbollah, au motif que "ce serait leur rendre un hommage immérité" (voir, ci-dessus, note 1 du traducteur). Cette transcription, que j’appellerais "idéologique", n’a pas lieu d’être, sinon, il faudrait réviser les milliers d’ouvrages qui écrivent TOUS avec une majuscule les noms des régimes et des mouvements les plus iniques que l’histoire ait connus.
[3] Voir E. Lefkovits, "Evangelicals to UN: Indict Ahmadinejad". The Jerusalem Post, 17 septembre 2008.
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[Texte aimablement transmis par S. Pilczer.]
Mis en ligne le 22 septembre 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org